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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°48, 19 novembre 2012  >  Vers un retrait occidental de Syrie [Imprimer]

Vers un retrait occidental de Syrie

par Thierry Meyssan

hd. Ce qu’un grand nombre d’experts, qui s’occupent en détail de la Syrie et de la situation de guerre dans le pays, décrit depuis longtemps, commence successivement à être connu du grand public. Un grand nombre des insurgés en Syrie n’ont rien à faire de la démocratie.
Début novembre, des images d’insurgés, qui avaient fait prisonniers des soldats de l’armée officielle syrienne et qui les avaient torturés et exécutés, ont fait le tour du monde. Aussi bien l’ONU qu’Amnesty International ont émis de graves reproches contre les rebelles et ont caractérisé leurs actions de «crimes de guerre». Il est prévu d’ouvrir une enquête au sujet de ces actes. Ce qu’il faut d’urgence, c’est un véritable dialogue de paix.
Afin de créer les conditions pour de telles négociations, le plan de paix russe qui a déjà été élaboré au courant de cet été, est une voie envisageable (cf. encadré).

La situation militaire en Syrie s’est retournée au détriment de ceux qui espéraient à Washington et à Bruxelles parvenir à changer le régime par la force. Les deux tentatives successives de prise de Damas ont échoué et il est désormais clair que cet objectif ne pourra pas être atteint.
Le 18 juillet, une explosion décapitait le Conseil de sécurité nationale et donnait le signal d’une vaste offensive de dizaines de milliers de mercenaires convergeant de Jordanie, du Liban, de Turquie et d’Irak sur la capitale. Après quelques jours de bataille acharnée, Damas était sauvée, la fraction de la population hostile au gouvernement choisissant par patriotisme d’aider l’Armée nationale plutôt que d’accueillir l’ASL.
Le 26 septembre, des jihadistes d’Al-Qaida pénétraient dans l’enceinte du ministère de la Défense, déguisés en soldats syriens et munis de faux papiers. Ils voulaient faire sauter leurs ceintures d’explosifs dans le bureau de l’état-major, mais ne parvinrent pas à proximité suffisante de leur cible et furent abattus. Une seconde équipe devait s’emparer de la télévision nationale et lancer un ultimatum au président, mais elle ne put s’approcher du bâtiment car son accès avait été bloqué dans les minutes suivant la première attaque. Une troisième équipe s’est dirigée vers le siège du gouvernement et une quatrième devait attaquer l’aéroport.
Dans les deux cas, l’OTAN, qui coordonnait les opérations depuis sa base turque d’Incirlik, espérait provoquer une fracture au sein de l’Armée arabe syrienne et s’appuyer sur certains généraux pour renverser le régime. Mais les généraux en question avaient été identifiés comme traîtres depuis longtemps et privés de tout commandement effectif. Il ne s’est donc rien passé de significatif et le pouvoir syrien est sorti renforcé de ces deux coups ratés. Il a trouvé la légitimité intérieure nécessaire pour se permettre de passer à l’offensive et d’écraser rapidement l’ASL.
Ces échecs ont fait perdre leur superbe à ceux qui caracolaient par avance en affirmant que les jours de Bachar el-Assad étaient comptés. Par conséquent, à Washington, les partisans du retrait sont en train de l’emporter. La question n’est plus de savoir combien de temps le «régime de Bachar» tiendra encore, mais s’il est plus coûteux pour les Etats-Unis de continuer cette guerre ou de l’arrêter. La continuer, c’est provoquer l’effondrement économique de la Jordanie, c’est sacrifier ses alliés au Liban, c’est risquer la guerre civile en Turquie, et c’est devoir protéger Israël de ce chaos. L’arrêter, c’est laisser les Russes se réinstaller au Proche-Orient et c’est renforcer l’Axe de la Résistance au détriment des rêves expansionnistes du Likoud.
Or si la réponse de Washington tient compte du paramètre israélien, elle ne prend plus en considération l’avis du gouvernement Netanyahu. Celui-ci a fini par indisposer à la fois en raison de ses manipulations derrière l’assassinat de l’ambassadeur Chris Stevens et à cause de son ahurissante ingérence dans la campagne électorale US. En définitive, si l’on envisage la protection à long terme d’Israël et non pas les exigences extravagantes de Benjamin Netanyahu, la présence russe est la meilleure solution. Avec 1 million d’Israéliens russophones, jamais Moscou ne laissera mettre en péril la survie de cette colonie.
Un retour en arrière est ici nécessaire. La guerre contre la Syrie a été décidée par l’administration Bush, le 15 septembre 2001 lors d’une réunion à Camp David, comme l’a notamment attesté le général Wesley Clark. Après avoir été repoussée plusieurs fois, l’action de l’OTAN a dû être annulée en raison des vétos russe et chinois. Un «plan B» a alors été mis sur pied: recourir à des mercenaires et à l’action secrète puisque le déploiement de soldats en uniforme était devenu impossible. Cependant, l’ASL n’ayant pas marqué une seule victoire contre l’Armée arabe syrienne, beaucoup ont pronostiqué que le conflit serait interminable et minerait progressivement les Etats de la région, y compris Israël. Dans ce contexte, Washington a conclu le 30 juin un accord avec la Russie à Genève, sous la houlette de Kofi Annan.
Toutefois, le camp de la guerre a fait capoter cet accord en organisant des fuites dans la presse sur l’engagement occidental secret dans le conflit; fuites qui ont contraint Kofi Annan à la démission immédiate. Le camp de la guerre a joué ses deux cartes maîtresses les 18 juillet et 26 septembre et a perdu. Dès lors, Lakhdar Brahimi, le successeur d’Annan, a été prié de ressusciter et de mettre en œuvre l’Accord de Genève.
Pendant ce temps, la Russie n’a pas chômé. Elle a obtenu la création d’un ministère syrien de la Réconciliation nationale, elle a supervisé et protégé la réunion à Damas des partis d’opposition nationale, elle a organisé des contacts entre les états-majors US et syrien, et elle a préparé le déploiement d’une force de paix. Les deux premières mesures ont été prises à la légère par la presse occidentale et les deux dernières ont été carrément ignorées.
Pourtant, comme l’a révélé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, la Russie a répondu aux craintes de l’état-major US relatives aux armes chimiques syriennes. Elle a pu vérifier que celles-ci étaient stockées dans des lieux suffisamment sécurisés pour ne pas tomber dans les mains de l’ASL, être détournées par des jihadistes et utilisées par eux aveuglément, sauf changement de régime. Elle a pu donner ainsi des garanties crédibles au Pentagone que le maintien au pouvoir d’un leader qui a prouvé son sang-froid comme Bachar el-Assad est une situation plus gérable, y compris pour Israël, que l’extension du chaos à la Syrie.
Surtout, Vladimir Poutine a accéléré les projets de l’Organisation du Traité de sécurité Collective (OTSC), l’Alliance défensive anti-OTAN réunissant l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et bien sûr la Russie. Les ministres des Affaires étrangères de l’OTSC ont adopté une position commune sur la Syrie La logistique a été installée pour un éventuel déploiement de 50 000 hommes. Un accord a été signé entre l’OTSC et le département onusien de maintien de la paix pour que des «chapkas bleues» puissent être déployées dans les zones de conflit sous mandat du Conseil de sécurité. Et des manœuvres communes ONU/OTSC ont eu lieu du 8 au 17 octobre au Kazakhstan sous le titre «Fraternité inviolable» pour finaliser la coordination entre les deux organisations intergouvernementales. La Croix-Rouge et l’OMI y ont participé.
Aucune décision ne saurait être officialisée par les Etats-Unis durant leur campagne électorale présidentielle. Dès que celle-ci sera terminée, la paix sera envisageable.    •

Source: www.voltairenet.org

Les chapkas – un espoir aussi pour les Juifs russes en Israël

thk. Le plan du président russe Vladimir Poutine comprend le stationnement de troupes de l’«Organisation du traité de sécurité collective», (OTSC), comparables aux casques bleus, dans les zones de combats. Les «chapkas» [«toques en fourrures bleues»], se composent de troupes venant de Russie et de différents peuples caucasiens. Entre 2003 et 2008, ils avaient mené une lutte persévérante contre le trafic de drogue, au Moyen- et Proche-Orient. Pendant ce temps, on avait saisi plus de 75 tonnes de drogues, dont 20 tonnes d’opium. Ces troupes ont l’expérience du combat, sont bien formées et disposent d’une grande expérience qui leur serviraient lors d’un engagement en Syrie. Ce plan prévoit qu’il soit permis aux chapkas d’arrêter des combattants étrangers. Le plan du président Poutine prévoit aussi, en dehors de l’envoi de ces casques bleus, la création d’une zone de libre-échange entre la Syrie et l’Union douanière de l’Europe orientale comprenant la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan. Ainsi on enlèverait un peu de la pression qui pèse sur la Syrie et sur sa population – suite aux sanctions – et qui a créé une forte augmentation des prix du pain.
La présence des chapkas pourrait être un premier pas vers la paix en Syrie. La Russie, une puissance protectrice de la population syrienne souffrante et un rempart contre le conflit belliciste importé de l’extérieur dans la région. Tout cela pourrait aussi rassurer l’importante communauté des Juifs russes en Israël. Après l’ouverture de 1990, il y a eu un vrai Exodus de Juifs des anciennes républiques de l’Union soviétique, notamment de la Russie. La «Jüdische Zeitung» parle de 900 000 à 1,5 millions d’immigrants. Les immigrants russes excellent par un quota important d’universitaires et une haute conscience professionnelle. «Ces gens sont venus pour travailler et pas pour profiter des aides sociales», peut-on lire sur le site Internet de la communauté juive de la ville de Mayence (www.jgmainz.de). «Ils ont contribué de façon déterminante à la société et l’économie d’Israël.» Mais depuis 2005, on doit constater un recul permanent de ces immigrations. Un grand nombre de ceux qui voulaient auparavant quitter leur pays préfèrent aujourd’hui rester dans leurs pays respectifs, parce qu’ils y trouvent de meilleures perspectives. Pour la grande communauté russe en Israël, ce serait une bénédiction d’avoir la certitude que la Russie, par sa présence, pourrait mettre fin à l’effusion de sang en Syrie, ce qui permettrait de créer une paix durable au Proche-Orient.