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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°11, 18 mars 2013  >  Labour avec des chevaux – au rythme de la nature [Imprimer]

Labour avec des chevaux – au rythme de la nature

par Michael Götz, Eggersriet, SG

En apparence la ferme «Laas» ne se distingue guère des fermes des alentours. Mais pour le labour, on voit encore des chevaux en action. Le fermier et sa femme sont des amoureux de chevaux et souhaitent travailler, autant que possible, au rythme de la nature.

La ferme «Laas» fait partie de la commune Les Prés de Cortébert dans le Jura bernois et est située sur un plateau à environ 1150 mètres d’altitude. Emanuel Schmid a attendu un temps sec pour semer l’épeautre. Deux moraux sont attelés devant un semoir «Aebi». Lord, un hongre de sept ans et la jument Goldi de quatre ans sont deux chevaux à sang chaud de la race Alt-Oldenbourg. L’apprentie agricole est assise sur la caisse du semoir et dirige les chevaux dont les toisons bien propres, brillent au soleil. Emanuel a rempli la semence dans le semoir, qu’il conduira à l’aide d’un guidon. Il baisse les socs; on peut y aller. D’un coup sec, les chevaux commencent à tirer. Les graines d’épeautre ruissellent dans les socs qui les mèneront dans le sol tout en faisant un bruit monotone qui accompagne le véhicule.

Il faut de la concentration et un comportement calme

On avance vite, de loin, tout semble être facile. Mais le travail exige une haute concentration de la part de l’homme et de l’animal. Ce n’est que lorsque les chevaux sont alignés en ligne droite, qu’il n’y a pas de perte de semence sur les champs. Au bout du champ long de 220 mètres, Emanuel retire les socs du sol. «Hüst ume» (tournez à gauche), dit-il à ses chevaux. La charretière conduit les chevaux vers la trace suivante. Parfois il est nécessaire de corriger un peu; l’attelage doit faire marche arrière de quelques pas. Là, il est particulièrement important que les chevaux aient confiance en leurs charretiers. Ceux-ci sont toujours calmes, sans dire un mot méchant. Il s’agit d’une collaboration harmonieuse entre l’homme et l’animal.
L’attelage avec un semoir large de 2 mètres prend bien deux heures pour semer les graines d’épeautre sur un champ d’une surface d’environ un hectare. Pour finir, on sème encore une rangée transversale aux deux extrémités du champ pour bien le limiter. Ensuite, l’attelage se rend à la cour d’étable terrassée où les chevaux seront dételés, déharnachés et lavés; finalement, on lave le harnais et le semoir.

Il faut peu d’énergie étrangère

Emanuel Schmid et son épouse Ursina gèrent l’exploitation agricole en fermage avec 24 vaches laitières selon les principes de l’agriculture biologique. C’était l’amour pour les chevaux qui a amené Emanuel Schmid à l’agriculture. Là, il pouvait combiner passion et gagne-pain. Les chevaux l’aide à comprendre et appliquer les cycles naturels. Ainsi, par exemple le fourrage que les chevaux mangent retourne comme engrais sur les champs. Il est fasciné de l’idée d’utiliser le moins d’énergie étrangère possible. Cependant, pour lui et sa femme, il ne serait pas possible de tout faire avec le cheval. Avec 40 hectares de terres agricoles, la ferme serait trop grande. C’est pourquoi, l’agriculteur fauche, en général, avec une faucheuse à moteur ou un tracteur et il utilise une remorque autochargeuse conventionnelle. Labourer et herser les champs se fait, du moins pour le moment, avec le tracteur.
En hiver, les chevaux sont utilisés pour les travaux forestiers et pour le transport du bois; au printemps, ils tirent l’herse rotative à travers les prairies et les pâturages, et en été lors de la fenaison, ils sont attelés devant la faucheuse conditionneuse et l’andaineuse. L’impulsion de la machine s’effectue par un moteur qui est monté sur un avant-train. 12 ares de pommes de terre pour l’autosuffisance sont également cultivés par les chevaux. La plantation s’effectue avec un outil à trou de plantation, pour hacher et butter on utilise un outil multifonctionnel de Burkhalter. La machine préférée de l’agriculteur est l’épandeur à fumier PEQUEA de Pennsylvanie que les Amish ont développé aux Etats-Unis. Les Prés de Cortébert ont été peuplés au XVIIe siècle par des paysans de l’Emmental appartenant, comme les Amish, à la communauté anabaptiste obligée de quitter leur pays d’origine.

Aller à la laiterie

Tous les jours à 6h30, Emanuel sort Lord de la stabulation libre pour apporter le lait au point de collecte. Cette nuit, le temps a changé. Le ciel est devenu orageux. Heureusement, il y a un endroit protégé dans la grange où l’agriculteur peut déposer les bidons de lait sur un char à pont pour atteler ensuite les chevaux. Après avoir ouvert la porte coulissante, on part dans l’obscurité. Un phare au siège du cocher montre le chemin. Le trajet jusqu’au point de collecte ne dure que dix minutes. Mais, avec le vent froid de l’hiver, le court trajet semble beaucoup plus long au cocher et au cheval.

Faire des pauses de travail

Lord et Goldi se sont mis à l’aise sur un lit douillet de paille pendant que leur maître prend le petit déjeuner. La stabulation libre à plusieurs places au mangeoire, une place séparée pour s’étendre ainsi qu’une cour accessible en permanence respecte les besoins des animaux. Bien que la pluie soit annoncée, les deux doivent tout de même travailler ce matin pour présenter l’épandeur à fumier aux visiteurs. Emanuel conduit l’attelage en paire vers l’aire réservé au stockage du fumier où il protège les chevaux avec une couverture et charge l’épandeur à l’aide d’un valet de ferme. Ensuite, l’agriculteur nettoie la place autour du char. Ainsi les chevaux ont une pause et lui en profite également, car à la fin il y aura moins de travail de nettoyage, a déclaré l’agriculteur qui est très attentif à l’ordre et la propreté.

Au rythme de la nature

A vive allure, on se dirige vers la prairie. «D’une certaine manière, il y quelque chose qui manque», pense le visiteur qui suit l’attelage. Il n’y a pas de bruit de tracteur comme d’habitude. Tout se passe tranquillement, au rythme de la nature. Les arbres de transmission se laissent activer à partir du siège du cocher, ainsi le conducteur ne doit pas mettre pied à terre. Les chevaux forts se mettent dans l’harnais et tirent de toutes forces l’épandeur à fumier à travers la prairie. Ils ne doivent non seulement tirer un poids de près de trois tonnes, mais faire également avancer par les roues le mécanisme de diffusion et le fond mouvant. A l’arrière, le fumier est giclé à toute volée sur la prairie. Au bout de cinq minutes environ, le chargement est vide. Par un temps sec, l’agriculteur peut déverser environs 8 à 12 chargements par jour, environ 80 par année. Mais aujourd’hui, à cause de la pluie, il n’y en aura qu’un seul. Il s’arrête devant l’écurie où il déharnache les chevaux et leur donne une récompense.    •

Michael Götz (ingénieur agronome)

Agro-journaliste indépendant, LBB-GmbH

Säntisstr. 2a, 9034 Eggersriet

tél. +41 71 877 22 29, courriel: mogoetz(at)paus.ch

www.goetz-beratungen.ch

(Traduction Horizons et débats)

Il faut consacrer du temps à la formation
Emanuel Schmid et sa femme forment eux-mêmes leurs chevaux. Emanuel mène les chevaux en attelage, alors que sa femme s’occupe de la formation au niveau de l’équitation. Il a constaté que l’entraînement des chevaux avançait souvent trop vite aujourd’hui. Il est important de consacrer du temps pour ne pas surmener les animaux. «Goldie est encore un enfant, malgré ses quatre ans et demi», dit le formateur. Parfois, il faut aussi reconnaître qu’un cheval ne se prête pas à l’usage agricole. Car pour cela, il faut une certaine «sérénité de base».
Suivre une formation
Qui veut travailler avec les chevaux, doit commencer, si possible, avec un cheval expérimenté. Même si vous faites des erreurs, un cheval ne se laisse pas démonter si vite. Mais c’est tout autre chose, si le travail est encore inconnu également pour le cheval. Il perdra plus facilement la tête. En Suisse, c’est le Centre agricole de Liebegg (www.liebegg.ch) et l’«Interessengemeinschaft Arbeitspferde» (www.igarbeitspferde.ch) qui organisent des cours de formation.