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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°17, 4 mai 2009  >  Le jardin – terrain de récolte pour les abeilles [Imprimer]

Le jardin – terrain de récolte pour les abeilles

par Hedwig Schär

Après la mortalité d’abeilles partiellement massive de ces dernières années, dont on n’a pas encore trouvé la cause, il faut se poser la question de savoir comment on peut soutenir les abeilles avec une offre de nourriture appropriée, car elles sont d’une importance vitale pour les hommes avec leur travail de pollinisation sur les plantes utiles et sau­vages.

L’article ci-dessous présente des réflexions visant à mettre encore plus de nourriture à la disposition des abeilles dans nos jardins, dans les haies et les carrés de fleurs.

Importance de l’abeille pour la pollinisation des plantes

Pour les abeilles, le pollen et le nectar des plantes sont importants. Le pollen leur livre des protéines, des graisses, des sels minéraux, des vitamines et des hydrates de carbone. Le nectar est transformé en miel et il est la source principale de leur ravitaillement en hydrates de carbone, donc leur fournisseur essentiel en énergie.
En retour, la plupart des fleurs ont besoin des abeilles et insectes pour pouvoir former la semence. Les fleurs avec leurs couleurs et leurs odeurs sont adaptées à la visite des insectes. Cependant il faut prendre en considération que ce sont uniquement les fleurs qui fleurissent ouvertement, avec des étamines et des pistils visibles, qui sont aptes à la pollinisation par les abeilles. Le nectar est un appât riche en énergie pour les insectes. Les in­sectes atterrissent sur la fleur pour butiner le nectar et se chargent en même temps involontairement du transport du pollen d’une fleur à l’autre et ils se chargent ainsi de la pollinisation des plantes.
Avec leur activité de collecte, les abeilles sont fidèles à une espèce de fleurs jusqu’à ce qu’une source soit épuisée, elles garantissent ainsi la pollinisation d’une espèce car chaque plante a besoin du pollen de sa propre espèce pour lapollinisation.

Attention au feu bactérien
En choisissant les arbustes d’une haie, il faut tenir compte de ne pas planter un hôte intermédiaire pour les bactéries du feu bactérien. Un tel intermédiaire est l’aubépine. Normalement les abeilles en restent aux mêmes fleurs. Ainsi la bactérie ne devrait pas être apportée à d’autres espèces. Mais malheureusement ce n’est pas le cas. La bactérie est transmise dans la colonie des abeilles par leurs poils d’abeille à abeille et peut conduire ainsi à une infection d’arbres fruitiers par le feu bactérien.

Source: Schweizerische Bienenzeitung, 04/09

Les abeilles font la plus grande partie du travail de pollinisation. Comme les abeilles mellifères passent l’hiver en colonies entières, au printemps elles sont déjà nombreuses à s’envoler et faire le travail de pollinisation.

Fleurs au jardin

Pour les abeilles, il est nécessaire qu’il y ait toute l’année une offre suffisante de plantes en fleurs. Dans l’argot du métier, cela s’appelle une «chaîne de pâture pour abeilles». Il ne faut pas qu’il y ait des lacunes. Les abeilles sont capables de mémoriser les bons endroits et elles y retournent. Pour cette raison, il est bon qu’il y ait toujours de la nourriture. Si la nourriture manque parfois, cela a des conséquences négatives sur les colonies d’abeilles. C’est surtout à la fin de l’été et en automne que l’offre en nourriture devrait être abondante, car à la fin de l’été les abeilles d’hiver à grande longévité sont générées. Plus une colonie est forte au début de l’hiver, plus elle sera forte pour commencer son travail au printemps.

Bonnes plantes pour les abeilles

Il existe de longues listes de plantes qui sont spécialement indiquées pour les abeilles. De ces listes j’ai extrait quelques plantes qui se prêtent bien pour le jardin:
–    à partir de mars: perce-neige, anémone, ellébore noire, diverses espèces de saules, érable, cornouiller mâle.
–    à partir d’avril: pissenlit, lilas, cerisier, pommier.
–    à partir de mai: diverses espèces de trèfles, ancolie, coquelicot, sauge, campanule, bleuet, framboise, romarin, mûre, pivoine, rose (les deux aux fleurs ouvertes comme les vieilles espèces).
–    à partir de juin: concombre, épilobes, pois de senteur, bourrache, phacélia, asperge, orpin, fenouil, lis safrané, tilleul, thym.
–    à partir de juillet: lavande, diverses espèces de chardons (très joli dans le jardin est l’échinops à tête ronde), ortie odorante, hysope, tournesol, helenium, rudbeckia, marjolaine, cosméa, dahlia, coriandre, cardon, chrysanthème, calluna.
–    à partir d’août: vergerette d’automne, érica, lierre.
Cette liste n’est pas exhaustive. J’ai simplement choisi quelques plantes très précieuses pour les abeilles. Chaque fleur a sa valeur pour les insectes.
Il serait cependant certainement erroné d’arracher toutes les autres plantes, car c’est comme chez les humains: c’est le bon mélange qui est important et pour les abeilles il y a des fleurs plus ou moins nutritives.
Tout propriétaire de jardin devrait observer son jardin pendant une année et tenir un journal. Il peut aussi se servir de la tech­nique moderne et faire des photos, toujours du même endroit. Il ne faut pas seulement tenir compte des fleurs, mais aussi des baies, des légumes et avant tout des herbes aromatiques. On peut aussi inclure ce qui fleurit dans un entourage proche, par exemple dans le jardin voisin. C’est ainsi qu’on peut constater s’il y a en tout temps des plantes en fleurs. Alors, l’année suivante on peut planter quelques autres plantes de façon ciblée. Là, on choisit de préférence des fleurs simples qui ne sont pas doubles. En principe on préfère les plantes indigènes car beaucoup plus d’espèces d’insectes pourront en profiter.

Jardin d’herbes aromatiques: un terrain de récolte excellent

Un jardin d’herbes aromatiques mélangé avec du romarin, du thym, de la sauge, de la bourrache, de la lavande, de la marjolaine, du persil, de l’estragon, de la livèche, de la ciboulette, de la mélisse et de la menthe est pour la cuisine une contribution précieuse. En étudiant la liste ci-dessus, on voit que la plupart figure aussi sur la liste des plantes précieuses pour les abeilles. Cependant, dans beaucoup de livres de cuisine et de jardinage on peut lire que les fleurs amoindrissent l’arome des herbes. J’ai aussi appris qu’il faut enlever les fleurs pour avoir de bons résultats en cuisine. Mais si l’on veut tenir compte des abeilles, il faut laisser quelques fleurs. Peut-être aura-t-on une odeur moins intensive, mais on a fait quelque chose d’important pour les abeilles.
Déjà avec un seul jardin d’herbes aromatiques on a un pâturage d’abeilles pour pres­que toute l’année.
Au fait: beaucoup de ces herbes sont des plantes méditerranéennes, donc aimant la chaleur. C’est pourquoi il faudrait rapporter de chaque randonnée une grosse pierre qu’on pose parmi les herbes. Ainsi elle peut se réchauffer au soleil pendant la journée et donner de la chaleur le soir.
Le jardin d’herbes aromatiques devrait être près de la cuisine et il est déjà à lui tout seul un joli décor. Il peut être aménagé de manière artistique en spirale d’herbes. Les plantes sont plantées suivant leur grandeur, leur besoin en chaleur et en eau. L’école de jardinage au couvent de Fahr près de Zurich a élaboré des plans correspondants. La plupart des herbes peuvent aussi être cultivées avec succès dans des pots sur un balcon ou bien à la terrasse du jardin.
Une de mes connaissances a entouré sa terrasse d’un parterre de lavande. Tous les insectes seraient alors sur les fleurs de lavande et pas sur sa tarte aux pruneaux ou dans le sirop. En plus, la lavande avec ses fleurs bleues est très jolie.

Le jardin potager et de baies comme terrain de récolte pour les abeilles

Le jardin potager ne sert que partiellement comme pâturage d’abeilles car beaucoup de sortes de légumes comme les carottes, le fenouil, les betteraves et les salades sont récoltés avant la floraison. Toutes les plantes de légumes qui fleurissent, comme les petits pois, les haricots, les pommes de terre, le maïs, les tomates, les courges, les courgettes et les concombres sont très précieuses pour les abeilles. De temps en temps on peut aussi laisser pousser un fenouil jusqu’à la floraison. Ainsi les abeilles peuvent en profiter et les semences sont récoltées ensuite pour un thé sain contre les troubles de l’estomac. Lorsque la semence est mûre, on coupe toute l’ombelle, on la sèche et la bat dans un sachet en tissu.
Un carré de jardin ne doit jamais rester vide pendant longtemps après la récolte. On peut y semer de l’engrais vert. C’est-à-dire on sème des plantes qui ne sont pas pour la nourriture mais qui servent à l’amélioration du sol. Du point de vue du terrain de récolte pour les abeilles, il faut semer de la phacélia comme engrais vert. Cette plante aux fleurs bleues est particulièrement précieuse pour les abeilles; on l’appelle aussi l’amie des abeilles.
Il faut parler spécialement des baies dans les jardins potagers. Ce sont surtout les framboises qui sont toujours occupées par les abeilles pendant la floraison. De même les mûres, les fraises et les groseilles sont de bons pâturages d’abeilles. Les baies sont aussi très bonnes pour la santé des humains, elles contiennent beaucoup de vitamines et de minéraux.

Le champ fleuri

Le gazon tondu régulièrement comme terrain de jeux ou pour la détente représente en quelque sorte un désert vert pour les abeilles et n’a pas beaucoup de valeur. A côté du gazon tondu on peut laisser un espace peu fréquenté sans perte pour la qualité de vie, un champ de fleurs, ce qui apporterait un gain écologique considérable. Un beau champ de fleurs est le résultat de soins prolongés. Des étendues de gazon souvent fertilisé ne sont pas une bonne base pour un champ de fleurs. Il faut de la patience. Ce serait exagéré de vouloir remplacer tout le sol par de la terre maigre. Le gazon doit «maigrir». On laisse pousser l’herbe et après la floraison, quand la semence a mûri, le pré sera tondu et on laisse l’herbe coupée quelques jours au soleil, qu’elle puisse rendre sa semence. Ensuite elle est mise au compost. Au fil des années, des plantes sauvages y arriveront. La composition de plantes change souvent et c’est fascinant de voir quelles plantes y arrivent et s’imposent. On peut aussi faire un îlot de champ de fleurs dans le gazon. Pour cela on enlève la terre d’une profondeur de bêche et on la remplace par une terre pauvre en substances nutritives. Dans ces îlots on sèmera un mélange de fleurs. Elle sera coupée comme décrit plus haut et elle peut s’élargir au fil des années. Pour les abeilles il est important qu’elle ne soit pas coupée en une fois. Par la tonte en étapes il y aura toujours quelques plantes en fleurs et lorsque les dernières seront coupées, les premières seront de nouveau en fleurs. C’est justement le problème de l’agriculture mécanisée moderne, où les abeilles perdent leur pâturage.

Que faire en cas de piqûres d’abeille?
D’abord il faut pousser avec l’ongle le dard hors de l’endroit piqué. Il ne faut pas retirer le dard avec le pouce et l’index, car le reste du venin s’enfoncera encore plus dans la plaie. Ensuite rafraîchir le point de piqûre (une part de vinaigre pour deux parts d’eau froide ou des coldpacks).
Lors d’une piqûre dans la bouche ou dans le pharynx, appeler les secours et rafraîchir.
Lors de réactions allergiques, appeler les secours et utiliser si possible sa ­propre trousse de pharmacie.


La rocaille

La plupart des plantes de rocaille sont de très bons terrains de récolte pour les abeilles. Si l’on a assez de place on devrait réfléchir à l’installation d’une rocaille. Une fois installée, elle n’a pas besoin de beaucoup de soins. Dans la rocaille peuvent pousser les orpins, précieux pour les abeilles.

Les haies

Parmi les plantes des haies il y a quelques bonnes plantes pour les abeilles: si l’on a assez de place, on peut planter une haie d’arbustes indigènes avec le cornouiller, l’amélanchier, le sureau, le lilas, la rose canine, le noisetier, l’épine noire et éventuellement le saule des vanniers. De même le buis non coupé est connu comme livreur de pollen précieux pour les abeilles.
Les jardiniers peuvent faire une contribution importante pour les abeilles et avec cela pour tout notre système écologique. En aménagant beaucoup de jardins pour les abeilles, on peut créer un grand terrain de récolte pour elles. C’est la grande somme qui est importante.
En collaboration avec les agriculteurs, les sociétés de chasse, les apiculteurs, les protecteurs de la nature, les soignants du paysage, les autorités et les communes, la biodiversité de nos paysages cultivés peut être favorisée. Aux bords des chemins ou des champs ou dans les friches, on peut semer des mélanges de plantes de plusieurs années riches en fleurs. S’il faut planter une haie quelque part, il est bon de penser aussi aux abeilles. Des paysages en fleurs avec une multitude d’espèces offrent aussi de la nourriture pour beaucoup d’insectes, d’oiseaux et de mammifères indigènes.    •

«Petite abeille rayon de soleil»

ef. Dans son livre «Kleine Biene Sonnenstrahl» [«Petite abeille rayon de soleil»], l’auteur suisse Jacob Streit, nous fait découvrir, plein d’amour et de détails, la vie des abeilles au long d’une année. Au travers de chaleureuses et délicates expressions, le lecteur est mis en contact avec la vie mystérieuse des abeilles. L’abeille «rayon de soleil» vient au monde avec le premier rayon de soleil du jour. Ses sœurs abeilles Abelia et Sonja, qui l’élèvent, lui montrent comment le pollen est extrait par les ouvrières et soigneusement déposé à l’intérieur de la ruche, dans les chambres. Le lecteur découvre la reine qui pond ses œufs et la rigueur des gardiens de la colonie. Lorsque l’abeille «rayon de soleil» grandit et a le droit de voler de ses propres ailes, elle rencontre bien sûr aussi des ennemis dans les forêts et vallées: des guêpes, des fourmis, des frelons et la bondrée apivorne. Mais l’abeille a aussi des amis comme la luciole, la sauterelle ou l’homme.
Le lecteur apprend précisément le développement des tâches et des responsabilités en fonction de l’âge de l’abeille, jusqu’à ce que finalement elle devienne la première servante au service de la reine.
Les belles illustrations en couleur de Verena Knobel enrichissent le texte. Un livre – pas seulement pour enfants à partir de l’âge de 6 ans.