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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°25, 27 juin 2011  >  Démocratie suisse au lieu de la dictature bruxelloise [Imprimer]

Démocratie suisse au lieu de la dictature bruxelloise

Arrêtez la dissolution de la Suisse fédéraliste des petits espaces!

par Marianne Wüthrich, docteur en droit, Zurich

Depuis environ 15 ans, une coalition bien étrange de politiciens avec un arrière-plan qui reste dans l’ombre, propage de faire sauter les fines structures fédéralistes et de les transformer en une «Suisse des régions». Cela signifie la centralisation successive de la Suisse, la réduction du fédéralisme et de la démocratie directe ainsi que le recensement et le contrôle à tous les trois niveaux (Confédération – cantons – communes) dans un réseau informatique centralisé. Et tout cela sans mandat du peuple. Les agglomérations devraient être renforcées et les régions à faible densité démographique vidées. Ce serait la seule manière, disent les instigateurs et leurs représentants, de rendre la Suisse compatible à l’UE, car avec 26 cantons et presque 3000 communes ce serait difficile à réaliser. C’est la bureaucratie centraliste de l’UE qui incite à ces activités les politiciens avides de s’affirmer, car de telles idées sont étrangères à la Suisse, qui est constituée de manière organique depuis la base. C’est pourquoi la résistance contre ces activités grandit.

Afin que les citoyennes et citoyens ne succombent pas aux conseils qu’on leur souffle à l’oreille, à savoir si leurs communes ne seraient pas «aptes à l’avenir» – en clair: «aptes à l’adhésion à l’UE» avec la prétention que seules les grandes communes pourraient survivre, nous présentons ici les arguments les plus importants et valables en principe pour toutes les communes. Evidemment pour la multitude des communes suisses, les grandes, les petites et les plus petites, pour des communes proches des villes, pour celles du plateau rural ou dans les montagnes, de multiples problèmes se posent. Comment les résoudre – c’est leur population qui le sait le mieux.
L’argumentaire présenté ci-dessous est sensé représenter une aide pour tous ceux qui s’engagent pour le maintien de leur commune et avec cela pour la continuité de la Suisse fédéraliste des petits espaces et de la démocratie directe, pour tous ceux qui désirent participer en tant que citoyens actifs et responsables à l’organisation de la vie en commun sur la base du principe de la subsidiarité et de l’idée de milice. Beaucoup de ces arguments sont également applicables à des communes d’autres pays – et peut-être qu’elles incitent à exiger plus de participation et de responsabilité citoyennes.

Les trois arguments principaux de ceux qui sont atteints de «fusionnite»

1.    Les fusions des communes conduiraient à des économies financières.
2.    De petites communes auraient souvent de la peine à occuper toutes les fonctions (Conseil communal, comité scolaire etc.)
3.    La promotion et le développement de l’économie locale seraient mieux réalisables dans les grandes communes.
Ce qui n’est pas mentionné par les promoteurs de la fusion, ce sont les ordres de puissances étrangères à l’arrière-plan:
4.    La dissolution successive des structures fédéralistes des petits espaces en faveur de la transformation du pays en une Suisse des régions et des espaces métropolitains, compatible à l’UE.

Au service des habitants
«Il y a quelques années encore le mot ‹Gmaawärch› [Gemeindewerk = travail pour la commune] était un terme connu de tous à Siblingen. Surtout pendant les mois de novembre à mars les paysans allaient dans le ‘Gmaawärch’, ce qui signifiait faire des travaux en forêt et d’entretien des routes au service de la commune et de la corporation. Ces services étaient rémunérés, mais le ‹Gmaawärch› était sans aucun doute à l’origine un travail bénévole des membres des collectivités publiques».                        
Markus Kübler,Maire de Siblingen Canton de Zurich

Cela signifie qu’il s’agit là d’une agression contre notre Etat, notre forme juridique et par conséquent contre nos droits de citoyens de la démocratie directe, et tout cela exige plus que jamais la résistance de tous.

1. Prétexte avancé: Les grandes communes seraient plus économiques

Comme les réflexions financières sont souvent lancées en premier lorsque des communes fusionnent, elles seront traitées ici aussi en premier lieu, bien que pour la plupart d’entre nous d’autres réflexions, humainement plus profondes, aient heureusement plus de poids dans la décision de savoir s’il faut maintenir notre commune et l’autonomie communale ou l’abandonner. Mais comme aujourd’hui les communes sont de plus en plus chargées financièrement par le canton, par exemple pour les affaires sociales et l’éducation, il serait compréhensible que des citoyens réagissent positivement lorsqu’on leur promet que, dans une grande commune, les tâches pourraient s’accomplir de façon plus efficace, parce qu’au lieu de cinq administrations communales il n’y en aurait plus qu’une seule. Ils auraient donc moins d’impôts à payer par rapport à leur petit village. Mais cela est-il vraisemblable?

L’administration «professionnelle» est plus chère et plus anonyme

«Le changement du système de milice actuel dans les campagnes en une administration basée sur des professionnels à plein temps conduit au bout du compte à des coûts supérieurs.» (Rédacteur Walter Joos, dans: «Schaffhauser Nachrichten» du 29/1/05)
Dans une petite commune, les conseillers communaux, le greffier et d’autres citoyens qui se consacrent à côté de leur travail professionnel aux affaires de la commune en tant que miliciens, n’ont pas de temps pour des études «professionnelles» et des compilations de chiffres, car ils ont besoin de leur temps rare pour accomplir les tâches qui se présentent; cela cependant, ils le font de façon «professionnelle» c’est-à-dire adaptée à la situation et en contact étroit avec la population. Et évidemment les coûts salariaux et autres frais administratifs sont beaucoup moins élevés que dans une grande commune. Exemple: Un couple récemment installé au village et qui, à cause du déménagement se trouve momentanément dans une impasse financière, présente une requête au Conseil communal pour un report de leur payement d’impôts. Le conseiller communal concerné, lors d’une promenade, dépose un billet dans la boite aux lettres: «Pas de problème, F. Meier.» Coûts pour la commune: zéro centimes. Coûts dans l’administration de la grande commune…? Deuxième exemple: La secrétaire communale d’une petite commune accomplit ses travaux à la maison, dans une pièce de son appartement privé et avec son ordinateur personnel. Pour le bureau et son aménagement, elle reçoit quelques centaines de francs par an de la commune, et pour son travail partiel un salaire modeste. Coûts dans la grande commune…?

Les coûts supplémentaires et la perte d’investissements effectués éliminent le «gain en efficience»

La construction et le maintien d’un palais administratif dans une nouvelle grande commune coûtent de loin davantage que cinq ou six maisons communales complètement aménagées fonctionnant bien et amorties depuis longtemps. Ceci sans parler de l’aménagement intérieur et des coûts élevés des salaires et de l’administration (cf. paragraphe ci-­dessus).

Les grandes communes s’endettent plus facilement que les petites

Dans les petites communes, on prend en général plus de soin des deniers publics et l’on fait davantage d’économies que dans les grandes communes. Le fait que ces dernières années  de plus en plus de communes aient des difficultés financières ne veut pas dire qu’elles ne sont pas capables de gérer leur budget. Le problème est plutôt que la Confédération essaie de réduire sa montagne de dettes en augmentant les charges financières des cantons, et les cantons font de même avec les communes. Et là, il faut s’y opposer. C’est un fait: Plus les structures sont petites, mieux se portent les finances.

Taux d’imposition bas – une tentation – mais pas assez réfléchie

On peut très bien comprendre que le taux d’imposition plus bas d’un village voisin, par exemple, peut inciter certains citoyens à plaider en faveur d’une fusion. Mais: le taux d’imposition restera-t-il aussi bas dans la grande commune? Pensez aux coûts supplémentaires de la fusion. Avez-vous réfléchi au fait que la commune au taux d’imposition bas ne recevrait plus de péréquation financière du canton, mais au contraire devrait la payer? Ainsi d’après le Gemeindeamt du canton de Zurich (qui s’engage en faveur des fusions) le rassemblement peut même conduire les communes individuelles à un taux d’imposition plus élevé et à la perte des payements de la péréquation financière, donc à la longue à des économies pour le canton. (Conférence de presse du 11/6/06).

Le principe de milice
«Uniquement 10 à 15 personnes, parmi les 70 employés et fonctionnaires ou autres personnes actives dans la commune Siblingen, sont des salariés à tarif normal. Cela veut dire qu’un dixième des 520 citoyennes et citoyens de la commune détient une fonction publique et fournit ainsi des prestations bénévoles plus ou moins grandes en faveur de la communauté».
Markus Kübler, Maire de Siblingen Canton de Zurich

C’est une des raisons pour lesquelles certaines administrations cantonales sont si avides de fusions: Elles font l’erreur de penser que grâce à la répartition du canton en seulement quelques grandes communes, les budgets communaux seraient plus homogènes et le canton aurait moins de frais. Nous pourrons examiner cette question dans quelques années, à l’exemple du canton de Glaris qui est actuellement divisé en trois nouvelles grandes communes.

Des primes du canton aux communes décidées à fusionner: la deuxième tentation!

Petite réflexion: Si la fusion était financièrement aussi attractive, pourquoi alors quelques gouvernements cantonaux offrent-ils des primes pour persuader les communes de fusionner? Dans le canton de Fribourg par exemple, il y a quelques années, en tout 70 communes ont fusionné avec leurs communes voisines parce que le canton leur a versé quelque francs par habitant. Après la fin de «l’action», plus personne ne voulait fusionner. Quelques francs comme seul argument pour supprimer sa commune, qui – comme chacun sait – a plus d’importance qu’un simple compte bancaire?

Conclusion: L’argument financier pour les fusions de communes n’est pas sérieux

Ce point de vue, c’est étonnamment aussi celui du Gemeindeamt de Zurich, donc l’instance de propagande pour les fusions de communes dans sa prise de position du 11/7/06 au sujet des conséquences financières des fusions de communes: «Le potentiel d’économie est généralement surestimé; des économies ne peuvent pas se pronostiquer avec précision et l’on peut difficilement les prouver plus tard.»
Si donc le grand avantage financier des fusions de communes n’est pas prouvé – pourquoi des communes, petites et grandes, des communes financièrement faibles ou fortes, des villes et des régions rurales ne devraient-elles pas pouvoir exister les unes à côté des autres comme c’est la coutume en Suisse depuis des siècles? La péréquation financière, c’est-à-dire le soutien de certaines communes, certains cantons par d’autres communes et cantons est une expression des convictions fédéralistes, de l’idée des coopératives dans notre pays. Il correspond à l’esprit de solidarité des êtres humains d’aider leurs voisins en détresse et d’aider la commune voisine qui va moins bien.

2. L’attachement des habitants à leur commune – un bien précieux

L’importance surtout des petites communes comme espace vital, avec un réseau dense de relations et des effets bénéfiques personnels et sociaux, ne devraient pas être sous-estimée, surtout dans le monde actuel avec ses grands problèmes économiques et humains.

Perte de l’autonomie communale par la fusion

C’est dans les communes, sans aucun doute que la démocratie directe est vécue de plus près. Ici, les citoyens peuvent participer le plus activement, ici ils ont la meilleure vue d’ensemble, ici ils se sentent directement responsables. Par sa fusion avec une commune plus grande ayant beaucoup d’habitants ou même avec une ville, le petit village devient simple banlieue dont la population n’aura jamais le même poids au parlement de la ville pour défendre ses affaires comme avant. Qui s’occupe à Schaffhouse des affaires des gens de Hemmental, qui à Lucerne des gens de Littau? Le Conseil et l’administration communale qui connaissaient les lieux et les personnes ont été supprimés sans être remplacés, et les gens de Hemmental et de Littauen doivent se rendre maintenant dans les administrations municipales, et les membres du Conseil municipal leur sont étrangers.

Identification avec la commune

Lorsqu’il s’agit de choisir nom et blason de la nouvelle grande commune, il s’avère régulièrement que les gens ne veulent pas d’autre nom de commune. Qui donc peut s’identifier avec «Glaris Nord» au lieu de Oberurnen ou Bilten? Ils veulent aussi garder l’administration communale dans leur village et sont prêts à accepter des heures d’ouvertures restreintes. Ils veulent que leurs enfants aillent à l’école, au moins à l’école primaire dans leur propre village au lieu d’être conduit tous les jours au village voisin. Et enfin le lieu d’origine, qui a toujours une grande importance en Suisse, peut-il devenir «Glaronais du Nord» au lieu de «Biltemer»?

La fonction de syndic
Horizons et débats: Pourquoi avez-vous accepté d’assumer la fonction de syndic? N’auriez-vous autrement pas assez à faire?
Fridolin Dürst: Je suis syndic d’Obstalden déjà depuis 24 ans. A cette époque, je m’étais mis à disposition pour cette fonction parce que ce qui se passe devant ma porte et dans la région où je vis ne m’était pas égal. Je vis dans une région absolument magnifique. C’est pour ces raisons que je me suis engagé pendant toutes ses années au sein de ma commune, pour participer à son développement. Il ne faut surtout pas accepter une telle fonction pour des raisons pécuniaires (je gagne 8000 francs par année). Mais par contre cette fonction de syndic m’a beaucoup apporté au plan de mon développement personnel, c’est cela la satisfaction personnelle que j’en tire!
Interview avec Fridolin Dürst, ancien maire d’Obstalden, Canton de Glaris

Les autorités de milice attachées au village sont les meilleurs spécialistes

Des déroulements d’origine anonyme liés en bien des endroits à des calomnies d’arrière-plan, ont souvent déjà obligé une commune à chercher très intensément les personnes qui conviennent quand un siège se libère au conseil communal ou ailleurs. L’ambiance dans une commune est plus vite gâchée que l’on ne pense par une politique de pouvoir d’arrière-plan peu clair. Des questions et réponses honnêtes et loyales, des discussions franches représentent une voie socio-psychologique bien plus durable. La prise de contact personnelle, avec des citoyens et citoyennes sur pied d’égalité, ne peut être remplacée par rien d’autre – c’est la meilleure garantie que le nouveau titulaire d’un poste se sente lié au village et qu’il connaisse les affaires. Ou bien voulez-vous faire passer une annonce pour trouver un professionnel qui serait prêt à s’engager dans un village qui n’est pas le sien pour un bon salaire? Le fait est que lors de fusions de communes, souvent les gens qui se sont engagés de tout cœur pendant des années dans le travail de la commune, ne souhaitent pas s’engager dans la grande commune. Ainsi, trois petites communes qui ont rassemblé leurs autorités scolaires ont de la peine à trouver les 7 membres du nouveau comité scolaire, alors qu’avant la fusion chacun des trois villages avait ses 7 membres du comité scolaire!

Des associations intercommunales sont l’expression de l’autonomie communale

La propagande dit qu’avec les fusions des communes les «structures seront simplifiées». En réalité, le réseau en filigrane des autorités, des commissions et des associations intercommunales est détruit. Ces dernières surtout ne plaisent pas aux promoteurs des réformes car ils prétendent que la collaboration dans ces associations n’est «pas claire». En réalité, les nombreuses associations intercommunales sont l’expression même de la démocratie vécue et d’une autonomie communale à haut niveau. Les communes savent bien se débrouiller si un devoir à accomplir dépasse leurs capacités. Depuis toujours les communes voisines se sont mises ensemble pour construire et entretenir une école commune, une station d’épuration ou une centrale électrique. Dans chaque assemblée communale des communes participantes, les projets sont présentés et discutés de façon approfondie et les citoyens décident des projets et des sommes à investir. Pour les autorités communales et la population, ces structures sont très limpides, et pour les autorités cantonales aussi si elles ont la volonté de coopérer avec les communes – ce qui est certes la base de la construction subsidiaire de notre Etat.

Soigner et maintenir le travail de milice dans les communes

La collaboration volontaire dans les communes, souvent bénévole, correspond à la continuation de l’idée des coopératives. Le principe de milice fait partie de la vie en commun et c’est une autre raison pour que les gens soient ancrés dans leur commune. Là, chaque citoyen et citoyenne actif sait que sa contribution personnelle y est. C’est ce qu’il faut renforcer – motiver les citoyens pour la construction et la coopération aux affaires communales, c’est une des capacités les plus précieuses dans une commune. Pour cette raison, tous doivent pouvoir compter sur un déroulement honnête et digne.
Conclusion: La vie de la commune va bien au-delà d’un compte bancaire bien fourni
Pour la plupart des Suisses et Suissesses, ces arguments en faveur de la vie en commun en petits espaces qui correspond profondément à la nature sociale de l’homme, pèsent sans doute bien plus que les avantages financiers des grandes communes, avancés depuis des années et qui se dissipent de plus en plus dans l’air.

3. Les structures des petits espaces, un avantage économique et social

Il est vrai que, dans une grande commune ou dans une ville, on dispose de plus d’offres d’infrastructures et de services, et que c’est là que les grandes entreprises s’installent. Les avantages économiques des structures des petits espaces ne sont cependant pas mentionnés dans les études des promoteurs de fusions.

Les petites communes fonctionnent très bien
Horizons et débats: Les deux arguments que les tenants des fusions de communes avancent sont les suivants: Les petites communes sont dépassées aux niveaux des finances et du personnel. Est-ce aussi le cas d’Obstalden?
Fridolin Dürst: Actuellement, toutes les fonctions sont pourvues à Obstalden, jusqu’à présent nous avons toujours trouvé quelqu’un qui s’est mis à disposition pour toutes les tâches, pour la commission scolaire, le conseil communal, la commission d’aide sociale, et aussi pour les autorités de tutelle, bien que ce soit là une charge très exigeante et que ce n’a pas été facile de trouver quelqu’un. Le nombre des habitants d’Obstalden a d’ailleurs augmenté de 40% au cours des 20 dernières années, d’environ 330 à plus de 500 habitants, grâce à un marketing de logement actif de la part de l’administration communale. Si une maison reste inhabitée pendant une longue période de temps, nous nous adressons au propriétaire et lui conseillons de vendre sa maison. La commune a déjà plusieurs fois acheté elle-même des maisons et les a revendues à de nouveaux arrivants. Dans une grande commune cela ne serait plus possible, car les connaissances locales manqueraient.
Interview avec Fridolin Dürst, ancien maire d’Obstalden, Canton de Glaris

Conserver les PME comme base économique des régions rurales

Le fait est que la Suisse s’est développée, grâce à ses performances dans le travail et à sa solidarité dans la communauté des cantons et des communes, en l’un des pays les plus riches du monde. Il existe surtout dans les campagnes et dans tout le pays un grand nombre de petites et moyennes entreprises (PME) dont l’importance du point de vue économique et social est inestimable. Il va de soi que beaucoup d’entre elles s’installent, à cause de la meilleure desserte, dans les communes plus grandes. Pour cette raison ces dernières sont économiquement assez fortes pour verser une péréquation financière (relativement basse encore aujourd’hui) aux communes plus petites.

Les grands désavantages des agglomérations

Les agglomérations ont certainement des avantages économiques, mais il ne faut pas sous-estimer leurs désavantages. Comme tous les réseaux de relations sont plus impersonnels et anonymes, le travail administratif et les dépenses sociales augmentent de façon inappropriée. Le milieu de la drogue, les bandes criminelles, les jeunes au chômage et sans attaches représentent souvent une charge financière et humaine supplémentaire pour la communauté. Dans les villes anonymes, beaucoup de gens sollicitent le soutien financier de l’office social, sans recevoir d’aide réelle quant à leur situation individuelle.

Les petites communes sont les moins chères à beaucoup d’égards

Les avantages des petites communautés par contre se trouvent à tous les niveaux: Elles travaillent avec moins de bureaucratie, plus vite et plus efficacement. Dans les réseaux étroits des relations d’un village dans lequel les habitants sont enracinés, les autorités essayent par tous les moyens de rattraper les chômeurs et autres découragés et de les aider à retrouver un travail ou de leur offrir une formation avant de les soutenir financièrement.

Conclusion: Maintenir les forces des régions rurales et montagnardes

Méfions-nous d’une promotion unilatérale en faveur des agglomérations. Dans les cantons ruraux et montagnards se trouve un grand potentiel de qualités humaines et économiques, que nous devons maintenir si nous voulons maintenir le modèle suisse. La promotion de l’économie devrait pour cette raison revenir au premier plan dans les régions rurales – tandis que dans les villes l’économie se développe le plus souvent d’elle-même.

4. L’agenda caché: Transformation de la Suisse vers l’euro-compatibilité

La Suisse des espaces métropolitaines et des parcs naturels?

Les fusions de communes représentent seulement une petite roue dans le grand plan monstrueux de l’UE visant la dissolution des structures existantes, et avec cela des Etats-nations, dans toute l’Europe, Suisse incluse. Dans les bureaux de Bruxelles de nombreux réseaux supra-régionaux et transfrontaliers se tissent pour faire main basse sur tous les ­territoires – et les centraliser sans aucune consultation de la population!
La Suisse a déjà été divisée derrière le dos du souverain – donc illégalement – en des espaces métropolitains d’après le programme de l’UE pour avoir en main les villes rentables. Quelques-unes sont transfrontalières, les ordres sont donnés par les conférences métropolitaines qui ne sont ni prévues dans la Constitution, ni mandatées par le peuple (Horizons et débats a déjà publié plusieurs articles à ce sujet). Pour pouvoir  soumettre le reste du territoire suisse non couvert par les espaces métropolitains, sous le dictat de Bruxelles – les corridors des Alpes avec les autoroutes, les voies ferroviaires, l’eau si précieuse et si convoitée et les lieux de commerce qui vont avec –, bref toutes les régions restantes ont été départagées d’après les modèles étrangers (France, Autriche, Allemagne, Italie) en 26 parcs naturels, dont quelques-uns existent déjà et d’autres sont planifiés. Pour les parcs naturels, on utilise la même stratégie que pour les conférences métropolitaines: En introduisant un niveau intermédiaire sans base légale, les espaces métropolitains et les parcs naturels devront être repris.
Si nos parlementaires s’intéressaient davantage à ce que pense la base de la population, ils se garderaient de ces manigances fielleuses.

«Ateliers du futur» pour l’agenda caché

Comme il n’est pas aisé d’avancer en Suisse avec fausseté, les manipulateurs introduisent un autre instrument: l’atelier du futur – un produit des entreprises Metalogikon dirigées par la CIA en Europe. Ce que les Suisses n’apprennent que rarement: Cet instrument est utilisé dans le cadre des révolutions de couleur contrôlées par les Etats-Unis jusqu’en Russie. On ne peut que dire «Ami go home, et réforme d’abord l’avenir de ta classe moyenne sans abri ni travail»!

Conclusion: Le modèle suisse au lieu de la dictature bruxelloise

Défendre son propre pays avec plus de courage, aider son propre canton à organiser ses structures des petits espaces éprouvées et lui donner un bon rayonnement, voilà qui est sensé – et en plus fait plaisir. Ce qui advient quand on court après des chimères, ça, l’humanité l’a déjà assez vécu!    •

Les cantons romands, locomotives de la croissance helvétique

par Pierre-Gabriel Bieri, Centre patronal, Lausanne

La Suisse romande bénéficie pleinement de la reprise économique; elle affiche une croissance supérieure à la moyenne suisse et se classe dans le peloton de tête des régions les plus performantes d’Europe occidentale. La politique fédérale doit désormais tenir compte de cette évolution.
Les cantons romands en général, et l’arc lémanique en particulier, connaissent actuellement une croissance singulière, aussi bien économique que démographique, au point de propulser cette région au rang de principal moteur de développement de la Suisse. On a nettement pris conscience de ce phénomène au moment de la reprise économique qui a suivi la crise de 2008, et les statistiques le confirment. Les six banques cantonales romandes, appuyées par l’institut CREA de la Faculté des HEC de l’Université de Lausanne, viennent en effet de publier les derniers chiffres et pronostics du produit intérieur brut (PIB) romand. Celui-ci a augmenté de 2,6% en 2010, s’établissant à 120 milliards de francs en termes réels, soit un quart de l’économie suisse. Il devrait poursuivre sa progression dans une ampleur semblable cette année (+2,7%) et en 2012 (+2,5%).
La Suisse romande a ainsi non seulement rattrapé mais aussi dépassé le niveau qui était le sien avant la crise. La croissance – certes inégale selon les secteurs d’activité – s’y affirme tendanciellement plus forte qu’en Suisse alémanique, cela depuis une dizaine d’années au moins. Elle est aussi plus élevée que celle de l’Union européenne.
Deux constats sont en outre mis en évidence. Le premier est que, au cours des quinze dernières années, l’augmentation du PIB romand a été deux fois plus forte que celle de la population; cela traduit un enrichissement général. Le second constat est que, si la croissance de l’économie et celle de la démographie sont étroitement liées, c’est essentiellement la première qui précède et stimule la seconde. L’économie apparaît donc comme un moteur capable d’entraîner la démographie, cette dernière ayant toutefois sa propre force d’inertie: une fois le mouvement amorcé, la population poursuit sa croissance indépendamment des soubresauts de l’économie.
Cette évolution rapide oblige à adapter notamment les infrastructures de transports et de logement. Il est vrai que les travaux nécessaires dans ces domaines n’ont pas toujours été lancés à temps, donnant à certains observateurs l’impression que la Suisse romande «étouffe». Mais cette indolence change rapidement et les gouvernements des cantons concernés, malgré parfois certaines réticences idéologiques, planifient aujourd’hui activement la réalisation de plusieurs projets importants, principalement en matière de transports. A ceux qui persistent à craindre l’impact de la croissance démographique sur l’aménagement du territoire, on fera remarquer qu’un tel mouvement ne se poursuit jamais indéfiniment et qu’un point d’équilibre finit généralement par être trouvé; en attendant, il s’agit de profiter au mieux d’un développement bénéfique au plus grand nombre.
Les cantons romands ne constituent pas une entité homogène; ils conservent des spécificités que l’étude évoquée plus haut met en évidence – et qui contribuent heureusement à ce que la Suisse ne se résume pas à une opposition entre blocs linguistiques. Leur développement économique présente néanmoins une cohérence certaine. Un défi important pour eux est désormais de faire entendre efficacement leur voix à Berne. Le centre de gravité de la Suisse se déplace à l’Ouest et il est indispensable que la politique fédérale en tienne compte, en particulier dans les priorités qu’elle fixe et dans l’argent qu’elle investit … lequel émane pour une part croissante du dynamisme de la Suisse romande! En ce sens, les chiffres publiés par les banques cantonales constituent aussi un message politique, en désignant où se trouve aujourd’hui la locomotive de la croissance helvétique.

Fusions de communes – un cheval de Troie des écuries bruxelloises

1. Pas d’économies financières dans les grandes communes

•    L’administration «professionnelle» est plus chère et plus anonyme
•    Les coûts supplémentaires et la perte d’investissements effectués éliminent le «gain en efficience»
•    Les grandes communes s’endettent plus facilement que les petites
•    Taux d’imposition bas – une tentation – mais pas assez réfléchie
•    Des primes du canton aux communes décidées à fusionner: un aventage à court terme

Conclusion: L’argument financier pour les fusions de communes n’est pas sérieux

2. L’attachement des habitants à leur commune – un bien précieux

•    Perte de l’autonomie communale par la fusion
•    Identification avec la commune
•    Les autorités de milice attachées au village sont les meilleurs spécialistes
•    Des associations intercommunales sont l’expression de l’autonomie communale
•    Soigner et maintenir le travail de milice dans les communes

Conclusion: La vie de la commune va bien au-delà d’un compte bancaire bien fourni

3. Les structures des petits espaces, un avantage économique et social

•    Conserver les PME comme base économique des régions rurales
•    Les grands désavantages des agglomérations
•    Les petites communes sont les moins chères à beaucoup d’égards

Conclusion: Maintenir les forces des régions rurales et montagnardes

4. L’agenda caché: Transformation de la Suisse vers l’euro-compatibilité

Les «ateliers du futur», les «espaces métropolitains» et le fait de presser les populations de fusionner les communes et les cantons sont des moyens pour soumettre la Suisse à la dictature bruxelloise.