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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°34, 11 novembre 2013  >  La Journée mondiale de l’alimentation 2013: ­ «Des systèmes alimentaires durables pour la sécurité alimentaire» [Imprimer]

La Journée mondiale de l’alimentation 2013: ­ «Des systèmes alimentaires durables pour la sécurité alimentaire»

par Eva-Maria Föllmer-Müller

La Journée mondiale de l’alimentation, qui existe depuis le 1er octobre 1945 et qui est célébrée dans 150 pays, est en 2013 également une Journée mondiale de la faim, car plus de 842 millions d’êtres humains continuent à souffrir de la faim dans le monde. Cela correspond à peu près à un huitième de la population mondiale. Cela ressort du rapport publié par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FAO. Imaginez: bien que nous produisions aujourd’hui assez de denrées alimentaires pour nourrir toute la population mondiale, un être humain sur huit souffre de la faim! Le Pape François parle à juste titre d’un «scandale» qu’il y ait toujours et encore la famine et la malnutrition dans le monde (cf. message ci-dessous). La plupart des personnes souffrant de la faim de manière chronique vivent dans les «pays en développement», 295 millions en Asie du Sud-Est. En Afrique sub-saharienne, leur part de la population est la plus élevée, une personne sur quatre est concernée.
L’Indice de la faim dans le monde 2013 a obtenu des résultats similaires. Il compte mondialement 19 pays où la situation alimentaire est précaire, une grande partie se trouvant également en Asie du Sud et en Afrique sub-saharienne. Actuellement, l’approvisionnement est particulièrement grave au Burundi, aux Comores et en Erythrée. La situation s’est améliorée notamment en Asie de l’Est et du Sud-Est et en Amérique latine.
Selon la FAO, 2 milliards supplémentaires de personnes souffrent d’un manque de vitamine et de minéraux. Un tiers de tous les aliments est gaspillé ou perdu avant qu’ils viennent sur l’assiette. L’un des objectifs prioritaires est donc, selon le directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, de stopper ce gaspillage. Car cela permettrait de nourrir presque 2 milliards d’êtres humains sans qu’un seul kilo supplémentaire doive être produit.

Les enfants sont particulièrement concernés

Selon Unicef, le fonds des Nations Unies pour l’enfance, chaque année environ 3,1 millions d’enfants meurent de malnutrition, dont 2,6 millions ont moins de cinq ans. De ceux-ci, un enfant sur quatre est, selon la FAO, insuffisamment développé en raison de la malnutrition et ne pourra jamais atteindre pleinement son potentiel physique et cognitif.
Dans son livre intitulé «Nous les laissons mourir de faim», Jean Ziegler décrit de manière impressionnante les conséquences pour les jeunes qui souffrent d’une malnutrition de longue durée comprenant également un manque de vitamines et de minéraux: «Les déficiences en vitamines et en minéraux peuvent en effet entraîner de graves problèmes de santé: une très grande vulnérabilité aux maladies infectieuses, la cécité, l’anémie, la léthargie, la diminution des capacités d’apprentissage, le retard mental, les déformations congénitales, la mort.» (cf. Thomas Kaiser «La faim n’est pas une loi naturelle, mais politiquement voulue», Horizons et débats no 25 du 12/08/13).
Pour changer cette situation scandaleuse dans le monde entier, la FAO a mis l’accent sur l’amélioration du système alimentaire* et une plus large compréhension du problème de la faim.

L’importance des petits agriculteurs

Le rapport de la FAO constate que la croissance économique contribue potentiellement à réduire la faim. Mais souvent, cette croissance ne parvient pas jusqu’aux gens. La majorité des affamés dans le monde sont des agriculteurs et des familles dans les régions rurales. Cela est également un scandale, parce que ce sont eux qui contribuent à une part importante à la solution du problème de la faim dans le monde.
Kanayo Nwanze, président du Fonds international de développement agricole, a souligné l’importance des petits agriculteurs, lors de la cérémonie d’ouverture de la Journée mondiale de l’alimentation: «Nous savons que les petites exploitations peuvent contribuer aux systèmes alimentaires durables si elles peuvent recourir à une infrastructure fonctionnante, ainsi qu’au soutien du monde politique et des institutions. Nous le voyons au Brésil, en Chine, en Malaisie et au Vietnam.»
Il faut donc saluer le fait que l’Assemblée générale des Nations Unies ait proclamé l’année à venir l’«Année internationale de l’agriculture familiale» (cf. encadré). L’organisation de cette Année internationale est l’affaire de la FAO.
Lors de la Journée mondiale de l’alimentation, une déclaration d’intention (Memorandum of Unterstanding) a été convenue par une lettre d’intention pour approfondir la coopération entre la FAO et l’«Alliance coopérative internationale» (ICA). Elle sert à approfondir et à élargir la coopération qui a commencé en 2012 lors de l’Année internationale des coopératives.
Un autre approfondissement de la coopération entre la FAO et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a été convenu. Une coopération renforcée a été décidée dans un plan d’action. Celui-ci se concentre, entre autre, sur le renforcement de la résistance de la population, sur des réponses communes coordonnées concernant des travaux sur le terrain, sur la défense des intérêts et la communication, le développement des capacités et connaissances ainsi que sur la participation aux échanges d’informations.
Tous ces développements sont également une confirmation des résultats du Rapport mondial sur l’agriculture qui a finalement trouvé – avec la publication du rapport de la CNUCED 2013 (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) «Wake up, before it’s too late» [Réveillez-vous, avant qu’il ne soit trop tard] – son entrée dans l’agenda de la sécurité alimentaire. Le rapport a déclaré nécessaire le changement de paradigme dans l’agriculture, demandé il y a cinq ans par le Rapport mondial sur l’agriculture, à savoir la transformation des monocultures en des cultures plus diversifiées dans les pays riches et pauvres.     •

*    Un système alimentaire comprend l’environnement, les personnes, les institutions et les processus par lesquels les produits agricoles sont produits, traités et apportés chez les consommateurs.

Assemblée générale de l’ONU: 2014 Année internationale de l’agriculture familiale (extrait)

«L’Assemblée générale, …
Affirmant que l’agriculture familiale et les petites exploitations constituent un moyen important de parvenir à une production alimentaire viable propre à assurer la sécurité alimentaire,
Considérant qu’en aidant à assurer la sécurité alimentaire et à faire reculer la pauvreté, l’agriculture familiale et les petites exploitations peuvent contribuer grandement à la réalisation des objectifs de développement arrêtés au niveau international, dont ceux du Millénaire,
1. Décide de proclamer l’année 2014 Année internationale de l’agriculture familiale; […]»
(A/Res/66/222)