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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°11/12, 30 mars 2009  >  Courrier des lecteurs [Imprimer]

Courrier des lecteurs

Apprendre au gouvernement allemand à se conduire convenablement!

«Quand je pense à l’Allemagne la nuit,
j’en perds le sommeil. […]
Dieu soit loué! Par mes fenêtres entre la sereine lumière du jour suisse; […].»
(librement d’après Heinrich Heine, 1797–1856)

Dieu merci, il y a encore des organes de presse courageux qui classent les opérations politiques actuelles concernant le secret bancaire présumé illégal des soi-disant paradis fiscaux d’un point de vue géopolitique, se défendent contre la coercition d’un pays européen souverain, comme la Suisse, l’Autriche ou le Liechtenstein, et qui invitent les dirigeants et les citoyens de ces pays à davantage de courage et de résistance.
Cette attaque sournoise de la part des places financières de New York, Londres et Berlin/Francfort contre les trois pays mentionnés n’est qu’un des nombreux exemples de la politique néo-colonialiste de l’alliance de guerre des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, d’Israël – et de l’Allemagne. Jusqu’à présent, les grandes puissances militaires menacent ces pays souverains européens «seulement» de listes noires, de sanctions et «de leur arracher des valeurs en capital acquises à tort». Etant donné que ce cartel de guerre manque de toute convenance envers les pays voisins souverains et qu’il ne se sent pas lié au droit international, ni aux droits de l’homme et au droit international humanitaire – comme le montrent les guerres d’agressions à l’encontre du droit interna­tional de ces dernières décennies –, on peut être curieux de voir quels seront les moyens indécents qu’il va encore choisir pour forcer les petits pays indociles à rendre leurs valeurs en capital pour qu’il puisse payer par exemple ses dettes de guerre élevées; le chef du parti social-démocrate (SPD) Franz Müntefering le dit sans ambages: «Autrefois, on y aurait envoyé des soldats».
C’est non seulement à l’initiative de la «puissance protectrice» USA, mais aussi suite à son propre calcul de pouvoir que l’Allemagne joue un rôle de plus en plus agressif dans ce jeu dédaigneux depuis le début des années 90. Ainsi, l’on répond à la question de savoir qui est – par rapport à la Suisse et aux élucubrations des journa­listes – le véritable «Etat voyou»: ce n’est pas la Suisse neutre avec sa démocratie directe, mais bien l’Allemagne, en tant que partenaire junior de la funeste alliance de guerre.
En tant qu’Allemand de la génération de l’après-guerre, vivant en Suisse comme patrie d’adoption, ce comportement arrogant de la chancelière allemande et du recouvreur d’impôts Peer Steinbrück m’indignent et me font honte quand on voit leur comportement envers d’autres Etats et d’autres peuples. Et je me demande: pourquoi nous, citoyens allemands, n’exigeons pas que nos dirigeants respectent aussi la vertu cardinale des «convenances», comme nous l’exigeons tout naturellement de nos enfants, de nos élèves et de nos citoyens? Et s’ils n’acceptent pas cette exigence, pourquoi ne cherchons-nous pas ensemble un chemin pour apprendre à nos hommes politiques à se conduire convenablement? Ne serait-ce pas là notre «premier devoir civique»?
Une bonne occasion pour le faire se pré­sentera lors des prochaines élections au Bundestag en automne de cette année.

Rudolf Hänsel, pédagogue, psychologue

diplômé et conseiller scolaire,
Wallenwil, Suisse

Arrogance du gouvernement Merkel

Le comportement du gouvernement allemand envers le pays voisin Suisse est très gênant. Pendant que nos grandes gueules berlinoises récompensent les escroqueries américaines de milliards d’euros – des escroqueries criminelles qui ont ruiné nombre de petits épargnants allemands, qui chargent les banques allemandes presque jusqu’à la faillite et paralysent l’industrie en condamnant d’autres milliers de personnes au chômage – ils font une campagne contre ce petit pays voisin pai­sible!
Comment le gouvernement Merkel s’exprime-t-il sur le paradis fiscal des Iles Anglo-Normandes? Comment traite-t-il les spéculateurs américains ou bien allemands qui profitent d’abord des avantages fiscaux en Allemagne pour partir ensuite plus à l’Est à la recherche du prochain paradis européen pour de grandes entreprises? Quel autre pays en dehors de l’UE restitue au fisc allemand 35% d’impôts anticipés prélevés sur les comptes de citoyens allemands?
La Suisse a soutenu l’Europe en versant des millions et des millions de francs pour son élargissement à l’Est. En tant que pays de transit extrêmement chargé, le réseau routier dont l’agrandissement coûtait cher, permet aux transporteurs allemands de faire passer quotidiennement des milliers de poids lourds d’Italie en Allemagne et vice versa. Plus de 250 000 Allemands, dont de nombreux Allemands des nouveaux Länder, ont trouvé du travail en Suisse et ils ont été bien accueillis. Au total, plus d’un million de citoyens européens ont trouvé un emploi en Suisse, le taux d’étrangers en Suisse s’élève à 21%. Ce sont l’Allemagne et la Suisse qui ont de mul­tiples relations commerciales – et cela certainement pas au désavantage des entreprises allemandes.
En 2007, des entreprises allemandes ont exporté des produits pour une valeur de 63 milliards de francs en Suisse, face aux produits exportés par la Suisse en Allemagne qui ne valaient que 42 milliards de francs. L’économie allemande peut-elle vraiment se permettre de chasser un tel partenaire commercial en temps de crise économique?
Seule la Lufthansa profite beaucoup de sa petite sœur Swiss. Et n’est-ce pas le gouvernement allemand qui ne prélève pas d’impôts des grands consortiums allemands et multinationaux tout en bâillonnant les employés et les petites et moyennes entreprises par une lourde fiscalité?
Depuis des décennies, le Bund der Steuerzahler [Association soutenant les contribuables] rappelle sans succès que les impôts ne sont pas gérés de façon raisonnable, sans parler des coûts excessifs pour la participation aux guerres à l’encontre du droit international. Les grandes banques allemandes ont aussi profité des grandes envolées boursières et ont promis à leurs clients naïfs de gros gains à court terme. Maintenant que toutes les illusions sont perdues, les banques reçoivent en récompense les deniers publics de Berlin que le gouvernement Merkel aimerait bien aller chercher auprès des contribuables et de préférence aussi en Suisse …
En tant que citoyen allemand ayant eu la chance d’avoir trouvé un poste en Suisse il y a 10 ans, je suis scandalisé par les menaces proférées par le gouvernement allemand et par l’arrogance avec laquelle le gouvernement Merkel traite son voisin. C’est une atti­tude qui manque de la moindre diplomatie et qu’on croyait normalement révolue dans l’histoire allemande.

Georg Koch, Stettfurt