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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°53, 28 décembre 2012  >  27 pommiers [Imprimer]

27 pommiers

Des frères et des ambassadeurs pour les rapports culturels et amicaux entre la Suisse et la Russie

Erika Vögeli

Depuis 1946, l’ambassade suisse en Russie se trouve dans le nord-est du centre de Moscou, dans une maison urbaine du XIXe siècle. Elle héberge le logement privé de l’ambassadeur, les salles de réceptions officielles, le service politique, le service culturel, le bureau de l’attaché de défense ainsi que l’administration et le service économique.
Avec le début du changement politique et économique en Russie, cette représentation a gagné de plus en plus d’importance: en peu d’années, elle est devenue une des plus grandes et importantes ambassades de la Confédération.
Dans le «Newsletter der Schweizerischen Botschaft in der Russischen Föderation», l’ambassadeur actuel, Pierre Helg, en fonction depuis décembre 2011, décrit l’activité de l’ambassade: «De notre côté, à l’Ambassade, nous allons nous employer à maintenir les excellentes relations développées ces dernières années avec la Russie et continuer d’alimenter de manière ciblée et constructive notre dialogue multisectoriel (politique, économique, juridique, financier, notamment) initié en 2007. Nous accentuerons également nos efforts auprès des PME suisses en vue d’une présence plus marquée en Russie, notamment dans les régions. Nous entendons par ailleurs consolider nos activités culturelles à Moscou, mais aussi dans une série de villes de taille moyenne, à l’aide entre autres de notre nouvelle coordinatrice Pro Helvetia. Enfin, nous espérons intensifier nos interactions avec la communauté suisse en Russie, par exemple moyennant des présentations et des échanges de vues à la résidence avec nos compatriotes que nous pensons pouvoir être intéressés.»
D’après l’ambassadeur Helg, le gouvernement actuel avec Vladimir Poutine comme président et Dmitri Medvedev comme Premier ministre signifie: «Continuité, stabilité et modernisation du pays plus que processus démocratique et libertés individuelles. L’opposition politique russe naissante est évidemment sceptique. Mais les leaders des Etats du G-20, par exemple, observent qu’avec l’UE aujourd’hui financièrement fragilisée et avec les lendemains incertains d’un printemps arabe, une Russie prévisible est rassurante. Les investisseurs et opérateurs économiques étrangers et suisses partagent ces vues. En tout état de cause, il sera passionnant de suivre, les temps à venir, l’évolution politique de ce géant qu’est la Russie.»
Le 22 février 2012, l’ancien président Medvedev avait souligné la qualité des rapports russo-suisses lors de la cérémonie de remise des lettres de créance: «Nos relations avec la Confédération suisse ont connu un essor remarquable ces derniers temps. Nos rapports remontent à il y a 200 ans. Nous avons eu beaucoup de contact au plus haut niveau et intensifié notre coopération humanitaire et économique. Nous sommes pleins de respect pour le statut de neutralité de la Suisse et pour son renom comme médiatrice responsable et honnête dans des situations très difficiles.»
Avec l’importance croissante de l’ambassade de Moscou, le volume de travail a naturellement aussi augmenté dans tous les domaines: il fallait venir à bout d’un nombre croissant de demandes de visas, de davantage d’activités dans le service de commerce etc. Un jeune visiteur constate de manière impressionnée la simplicité de l’ambassade: on a géré l’administration dans une salle provisoire, alors que les secteurs économique et scientifique se sont organisés dans le garage. En plus, il fallait louer des salles supplémentaires. Bref: l’espace à disposition était depuis longtemps déjà devenu trop étroit. Après que la Confédération ait pu acheter le terrain de l’ambassade en 2005, on a pris en mains des rénovations et des élargissements de tout le site.
Lors du concours de projets, que l’Office fédéral des constructions et de la logistique OFCL, en coopération avec le Département fédéral des affaires étrangères DFAE et des représentants de la ville de Moscou, avait mis en adjudication, le jury s’est prononcé à l’unanimité, en 2008, pour le projet «Roses de Berne» de l’équipe Brauen + Wälchli Architekten.
Le bâtiment historique, rappelant avec son parc et ses jardins les temps du tsar, a été complété par un nouveau bâtiment. Le bâtiment historique et la nouvelle construction délimitent une grande cour intérieure. D’après la description du projet sur le site de l’OFCL, les façades du nouveau bâtiment «s’orientent dans leur aménagement et leur proportion selon la résidence existante. Les murs avec leurs fenêtres proportionnées d’après la tradition structurent la façade. Ainsi, la construction s’intègre discrètement dans le quartier et exprime la discrétion de l’ambassade.»
Dans le cadre des rénovations imminentes et de l’élargissement de l’ambassade suisse à Moscou, l’Office fédéral des constructions et de la logistique OFCL et l’Office fédéral de la culture OFC avaient mis en adjudication un concours sur «l’art dans la construction» pour réaliser une œuvre pour l’ambassade.
L’artiste vaudoise Anne-Julie Raccoursier l’a remporté. Sa proposition reprend le nom du projet «Roses de Berne» des architectes. Peut-être en référence aux jardins de l’époque tsarienne, un pommier de la sorte «rose de Berne» doit être planté dans la cour intérieure. C’est cette idée que l’œuvre proposée par Anne-Julie Raccoursier, «Bi-Location», reprend: au lieu d’une sculpture ou d’une œuvre, qui se trouverait seulement dans l’ambassade, elle a cherché une réponse conceptuelle, une chose qui existe aussi en dehors de l’ambassade – en Suisse – et qui crée un lien. A savoir une œuvre culturelle, créant des liens et diplomatique, qui met en avant les nombreuses relations et l’échange entre nos pays.
26 pommiers – un dans chaque canton – de la sorte «rose de Berne», tous cultivés par greffage du même arbre, comme celui qui sera planté lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade en 2015, doivent grandir comme ambassadeurs des relations des deux pays et maintenir ce lien en vie. Jusqu’à présent, 7 arbustes ont été plantés (cf. encadré).Une photo de chaque arbre, avec l’histoire liée à celui-ci ou bien son lien avec la Russie, sera présentée dans l’entrée de l’ambassade rénovée et donnera à chaque visiteur un petit aperçu des relations variées des pays et des êtres humains.    •

ev. Dans le canton de Thurgovie, le pommier a été planté sur le terrain de la fromagerie d’Otto Wartmann à Amlikon-Bissegg. En 1890, un de ses ancêtres alla vivre dans la petite ville de Tilsit en Prusse-Orientale. Quand il rentra en Suisse en 1893, il avait une recette de fromage dans ses bagages. Il voulait appeler ce fromage d’après cette petite ville, dans laquelle Napoléon Ier et le tsar Alexandre Ier avaient conclu en 1807 un accord secret. Après la Seconde Guerre mondiale, cette ville fut annexée par Staline et obtint le nom de Sovetsk.
Maintenant, la fromagerie Holzhof/Amlikon-Bissegg produit du Tilsit en 4e génération. Depuis 2009, il y a une coopération avec la ville de Tilsit/Sovetsk, dont l’objectif est de développer les liens amicaux entre la ville située dans la région russe de Kaliningrad et le hameau de Holzhof, l’origine du Tilsit dans le canton de Thurgovie.
Dans le canton du Valais, le pommier a été planté dans les jardins du casino de Saxon, en honneur de Dostoïevski, qui avait régulièrement visité ce lieu lors de son séjour en Suisse (1867/68). A cette époque, il rédigea une partie importante de son roman «L’idiot».