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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°25, 23 juin 2008  >  L’Afrique sera-t-elle dominée depuis l’Allemagne? [Imprimer]

L’Afrique sera-t-elle dominée depuis l’Allemagne?

km. En octobre, un nouveau commandement régional de l’armée américaine pour tout le continent africain à l’exception de l’Egypte va être inauguré à Stuttgart. C’est ce que rapporte la «Neue Zürcher Zeitung» du 4 juin. De toute évidence, cette planification des ­forces armées américaines s’est fait si discrètement que même des spécialistes expérimentés, chargés tout spécialement des questions de politique étrangère, tel le député au Bundestag Willy Wimmer (CDU), n’en ont pris connaissance que la presse (cf. encadré).
Le nouveau commandement régional dénommé «Africa Command», en sigle AFRICOM, sera le sixième commandement régional des forces armées US. Ainsi ils auront départagé le monde en six régions de commandement, tout comme s’ils étaient les maîtres du monde. Dans la langue de bois belliciste on parle des objectifs de ces commandements de la façon suivante: «Création de conditions stables à l’intérieur des Etats et prévention de conflits par des moyens civils et militaires» («Neue Zürcher Zeitung»). Et cela alors que les USA n’y ont aucun droit.
L’Afrique qui, il y a quelques années encore, ne jouait qu’un rôle marginal dans la stratégie géopolitique des Etats-Unis, a énormément gagné en importance, notamment pour trois raisons: la richesse en matières premières, des pays possédant une situation géostratégique de grande importance (par exemple la Corne de l’Afrique située aux abords d’une des voies principales de transports maritimes entre l’Asie et l’Europe) et l’influence grandissante de la Chine en ­Afrique. La Chine est considérée par beaucoup de spécialistes en géopolitique, comme le concurrent principal émergent en ce qui concerne la position de première puissance au monde et les réserves d’énergie. Même la «Neue Zürcher Zeitung» y fait allusion dans son article.
Ce qui est nouveau, c’est que la nouvelle centrale de commandement n’hébergera pas uniquement des militaires mais aussi des représentants d’institutions civiles – notamment des bureaux de polices nationales (FBI) – et de sociétés privées de mercenaires. Cela correspond au concept de la guerre permanente, dans laquelle il n’y a plus de différence entre la guerre et la paix dans les relations inter-étatiques: En accord les uns avec les autres et suivant la situation, on offre de l’«aide au développement» ou des bombes – l’objectif central étant la domination. Il est évident que le but n’est jamais le bien-être des peuples – ce que prouve notamment l’analyse de Stanislas Bucyalimwe Mararo dans cette édition.
Et tout cela sera dirigé de l’Allemagne? Les questions du député Wimmer sont très révélatrices. Des réponses claires sont exigées du gouvernement allemand.    •

Questions écrites adressées au Gouvernement fédéral allemand

Je pose au Gouvernement fédéral les questions suivantes:
1.    Est-ce que les informations parues dans la «Neue Zürcher Zeitung» du 4 juin sont correctes, selon lesquelles les ­forces armées des Etats-Unis ont installé à Stuttgart, sur territoire allemand, un commandement central pour l’Afrique et sur quelles bases légales le Gouvernement fédéral a-t-il accepté cela?
2.    Est-ce dans ce contexte exact que des sociétés de sécurité américaines privées sont stationnées dans ce quartier général pour l’Afrique et est-ce que le Gouvernement fédéral est d’avis qu’il existe, à ce sujet, des traités de droit international ou des accords en vigueur entre l’Allemagne et les Etats-Unis ou les forces armées étasuniennes se réfèrent-elles à d’anciennes données du droit d’occupation?
3.    Est-ce exact que selon les informations de la presse zurichoise des composants de l’administration civile américaine sont stationnés à Stuttgart comme partie de ce quartier général pour ­l’Afrique et quelles sont en détail les bases juridiques valables pour l’extension de la souveraineté des Etats-Unis sur le territoire allemand?
4.    Comment le Gouvernement fédéral évalue-t-il la fonction de quartiers généraux stationnés avant tout à Stutt­gart, conçus pour des domaines de compétences ne faisant pas partie du Traité de l’OTAN et comment évalue-t-il les bases juridiques?
Berlin, le 4 juin 2008

Willy Wimmer, membre du Bundestag,

ancien secrétaire d’Etat parlementaire