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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°26,25 juin 2012  >  AFRICOM mis sur pied [Imprimer]

AFRICOM mis sur pied

On a «tiré les leçons d’Afghanistan» / Nouveau mix / «La lutte contre le terrorisme» reste

par John Ryan, vice-éditeur de l’«Army Times», Washington D.C.

hd. Les Etats-Unis devraient se demander qui, à la fin des années 80, leur a refilé l’idée de partir en guerre dans le monde entier et de ruiner aussi leur propre économie nationale. La multiplication de la masse monétaire par trois en comparaison à celle de 1990 ne sert même pas à leur propre économie et encore moins à toutes les autres. Si, durant les 20 dernières années, ils s’étaient comportés sur le plan mondial dans le sens de leur ancien utilitarisme, ils seraient peut-être bien vus aujourd’hui et le monde serait un jardin pleinement développé …
Entre-temps ils ont tiré les «lessons from Afghanistan» et ils les ont déjà intégrées dans leur stratégie «AFRICOM»: le pacte avec les forces locales est primordial et indispensable; il faut intégrer des éléments humanitaires, construire les bases non pas au centre mais à la périphérie du pays, entraîner les forces locales à l’extérieur ou aux Etats-Unis sur un terrain sécurisé.
L’Empire veut-il continuer à guerroyer de façon irréfléchie? Et cela uniquement parce que ses informaticiens n’arrivent pas à développer un logiciel qui propose la réorganisation en une économie de paix? Avec plus de «grandezza» il leur serait possible de changer de la position de première puissance au monde en une position d’égal à égal. Pour trouver une formule utilitariste: «Les circonstances de notre économie nationale exigent une réorganisation de l’économie de guerre en une économie de paix.» Ce message ne demanderait au président américain que 5 minutes. Le monde entier respirerait et collaborerait avec eux pour réaliser les plus beaux projets de développement au cours de l’année suivante.

Au mois de mai, les autorités de l’armée des Etats-Unis ont annoncé que, dans le cadre d’un programme pilote envoyant, à tour de rôle, des brigades dans des régions du globe entier, une brigade américaine sera transférée en Afrique l’année prochaine.
On s’attend à ce qu’en 2013, environ 3000 soldats – et probablement davantage – accompliront des missions partout sur le continent, en vue de former des armées étrangères et de soutenir les autochtones.
Faisant partie d’un «concept de forces armées concerté dans les régions», les soldats vivront et travailleront parmi les Africains; ceci au sein de communautés sûres qui seront approuvées par le gouvernement américain, comme l’a confirmé le général de division David R. Hogg, le commandeur de l’«US-Army-Africa».

Comment peut-on y participer?

Pour accomplir leur service sur le continent africain, les soldats peuvent choisir entre plusieurs options:
–    s’inscrire volontairement pour le service au sein de l’«US-Army-Africa»,
–    entrer dans un bureau de coopération pour la sécurité régionale,
–    poser sa candidature et devenir fonctionnaire au sein du corps diplomatique.
Les missions dureront quelques semaines ou mois impliquant des missions multiples à différents endroits.
L’armée n’a pas encore indiqué de quelle brigade il s’agira ni d’où elle prendra ses effectifs.
Pendant qu’on vient à bout de la guerre en Afghanistan, le nouveau modèle de troupes en alerte offre plus de temps aux unités armées pour connaître les cultures et les langues régionales et se former en vue de missions et dangers spéciaux.
L’Afrique a évolué, ces derniers temps, vers une priorité croissante du gouvernement américain, parce que des groupes terroristes y sont devenus une menace grandissante pour les USA et la sécurité régionale. Bien que les soldats américains opèrent en Afrique depuis des décennies déjà, dont plus de 1200 soldats stationnés actuellement au camp Lemonnier à Djibouti, la région reste à divers égards la dernière étape à prendre [«last frontier»] par l’armée.
«En ce qui concerne nos missions, il s’agit  de territoires inconnus», voilà ce que communiqua Hogg depuis son quartier général situé à Vicence (Italie). Tout en ajoutant: «Mais moi, je n’y serai pas pour gagner leurs guerres ou pour venir à bout de leurs différends.»
Il s’agit, pour l’«US-Army Africa», plutôt de continuer à renforcer les liens avec les armées et gouvernements de la région en leur transférant des tactiques militaires, des soins médicaux, de la logistique ainsi que, dans les régions sûres, la lutte contre la faim, les maladies et le terrorisme. Actuellement, pour des raisons de sécurité, l’armée ne permet aux soldats ordinaires que l’accès à 46 des 54 Etats africains.
Les activités dans les autres Etats, inclus ceux où des conflits persistent, se déroulent sous la surveillance du ministère des Affaires étrangères et du Haut Commandement pour les opérations spéciales (U.S. Special Operations Commands USSOCOM ou SOCOM).
Ce sont des soldats en service actif, ceux de la Garde nationale et des réservistes qui ont contribué à supprimer la violence régionale, à soutenir les Africains malades ou blessés et à nourrir les affamés de l’Afrique de l’Est.
Pendant une opération de formation, les soldats américains ont appris aux troupes ougandaises comment fournir, par voie aérienne, des stocks de réserves aux camarades se trouvant dans la jungle et comment faire la chasse aux rebelles de la «Lord’s Resistance Army», une milice à laquelle on reproche d’avoir commis des atrocités en Afrique centrale. Répondant à une initiative du ministère des Affaires étrangères des Etats-Unis, les soldats américains ont également formé des troupes africaines se préparant à des missions de «maintien de la paix» en Somalie, en matière d’accompagnement armé de transports et de mesures contre les explosifs improvisés.
Au Malawi et à Zanzibar, lors de missions de soins médicaux, des médecins ont remplacé les lentilles oculaires des malades souffrant de la cataracte qui commencèrent, après avoir trouvé ou retrouvé leur vision, dans beaucoup de cas pour la première fois de leur vie, à rayonner et à danser. Les soldats du service médical ont également distribué des médicaments pour protéger les indigènes de la malaria qui est toujours, selon Hogg, la cause principale de la mort en Afrique.
Les aumôniers militaires enseignent en classes aux Africains comment s’y prendre avec le stress post-traumatique et comment former des groupes d’intervention sociale pour les familles.

Leçons de réalité

Hogg affirme qu’une unité de combat équivalant à une brigade est capable d’accomplir plus de deux tiers de ces missions en Afrique. Pour le reste, elle a besoin d’experts expérimentés – des mécaniciens et des spécialistes en matière de logistique – mis à disposition de la Garde nationale et des réservistes de l’Armée.
Chaque semaine, dit-il, 300 à 400 indigènes sont concernés par les opérations de l’«US-Army Africa». «J’ai vu quelques-unes de ces missions, continue-t-il, dont les commandants de bataillon pourraient sans doute se présenter aux prochaines élections de gouverneur. Cela parce qu’ils ont un rapport direct très proche avec bon nombre de partenaires aussi bien du côté des forces armées que de celui de la communauté locale civile. Cela facilite une approche indirecte à certaines des organisations extrémistes et violentes qui dénigrent les Américains et les Etats-Unis. Avec le temps, de tels contacts ont un effet avantageux.
Les soldats américains ont appris des Africains, au cours de leçons réelles, beaucoup de choses sur les maladies tropicales, les cultures internationales et les tactiques militaires étrangères.
A l’avenir, les soldats américains pourront aussi fréquenter des cours de formation militaire africains, par exemple à l’Institut français de la survie dans le désert, à Djibouti, ou l’Ecole africaine de la jungle, au Ghana et au Gabon.
Pour le moment, l’Armée ne dispose pas encore de plans en vue de l’établissement de bases militaires permanentes sur le continent. La mission a ses limites, comme a dit Hogg: «Face à tous les défis qui existent et qui germent partout en Afrique, il importe beaucoup que la solution soit africaine. Nous sommes là pour rendre les forces armées africaines capables d’analyser, là où l’on voudra, leurs problèmes et de les résoudre», dit Hogg, qui a visité plus de 20 pays. Et il ajoute: «Nous n’essayons pas de reproduire l’armée américaine dans les 54 pays de l’Afrique.»    •

Source: Army Times, www.armytimes.com/news/2012/06/army-3000-soldiers-serve-in-africa-next-year-060812/
(Traduction Horizons et débats)