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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°50, 19 décembre 2011  >  Lancer des ponts entre entreprises et écoles [Imprimer]

Lancer des ponts entre entreprises et écoles

par Dieter Sprock

Karl-Heinz Schmidt, mathématicien diplômé au centre de technologie et de fondations d’Imenau («Technologie- und Gründerzentrum Imenau») encourage le développement du personnel qualifié, avec l’appui des moyens régionaux de l’économie, de l’université et des écoles, dans le cercle d’Imenau et le cercle du land de Thuringe. Des projets et l’introduction précoce et systématique de matières relevant des sciences naturelles et techniques dans les écoles primaires, ainsi que le développement renforcé de compétences en sciences naturelles, ont pour but d’augmenter l’orientation vers les métiers techniques de la région.

Un des projets s’appelle par exemple: «projet modèle pour apprendre par l’expérimentation dans les écoles primaires du cercle d’Ilmenau selon l’exemple de la photovoltaïque (PV)». Il s’agit de permettre à des enfants de l’école enfantine jusqu’à la 4e année primaire de réaliser des boîtes de maquettes avec lesquelles ils vivent la technique photovoltaïque et solaire et de les construire eux-mêmes. Le but est d’éveiller la compréhension enfantine et avant tout la curiosité pour le développement technique. Un professeur émérite, dans la région on l’appelle le pape du solaire, s’occupe d’énergies renouvelables; il a fondé une association à l’université et il a développé des modèles adaptés aux enfants. Des coffrets dignes d’attention et très intéressants ont été réalisés qui peuvent être empruntés par les écoles et les instituteurs pour être utilisés dans leur enseignement. A cette occasion, les enfants peuvent tester de façon autonome, leurs connaissances basiques en tant que modèles. Un cycliste par exemple, sur la base d’une énergie obtenue par la photovoltaïque, fait avancer une bicyclette.
La «TECHNOLOGIE DE LA REGION D’ILMENAU-ARNSTADT» à laquelle collabore Karl-Heinz Schmidt, a aussi organisé la manifestation appelée «la longue nuit de la technique» – c’est une appellation qui a entre-temps été introduite. Bien des universités présentent ainsi les résultats de leurs recherches à un large public. Il y a trois ans, il a proposé au recteur de l’université de faire de cette manifestation, qui était jusqu’alors une pure promotion personnelle des scientifiques, un événement régional, «à l’occasion duquel nous adressons la parole en particulier aux enfants, aux parents et aux grand-parents, en leur montrant de façon très simple de quoi nous nous occupons ici. Car c’est aussi un défi pour les scientifiques de s’asseoir et de ramener leurs objets et idées hautement scientifiques un niveau très simple; ce n’est pas tellement aisé. Des scientifiques savent bien mieux s’entretenir entre eux que de transmettre à un enfant les choses de façon qu’il les comprenne et que son intérêt soit éveillé pour qu’il s’en occupe», dit Karl-Heinz Schmidt.
La population est aussi informée de tout ce qui se fait dans sa région dont une partie lui vaut une attention mondiale. Rares sont ceux qui savent qu’il y a à Ilmenau un Institut de Fraunhofer qui a élaboré une solution globale pour la gestion de l’eau et des eaux usées de la ville de Pékin. Et comme la solution fonctionne entre-temps depuis plus de deux ans avec un tel succès, on s’est décidé du côté chinois à faire la même chose pour Shanghai. Il paraît qu’on y travaille en ce moment.
A l’occasion d’une autre «longue nuit de la technique» à l’université de Ilmenau, Karl-Heinz Schmidt a obtenu que les entreprises participent. Même des firmes récemment installées ont montré non seulement qu’elles collaborent avec l’université, mais encore ce qu’elles produisent et quelles personnes elles occupent. Plus de 15 000 visiteurs sont venus un vendredi soir entre 17 heures et minuit: «des jeune gens, des enfants, des parents et grand-parents avec leurs enfants sont allés d’une station à l’autre. Là-bas, dans notre cabane de pêcheurs (une ancienne verrière), nous avons installé une station de haute énergie physique. On y a déclenché des éclairs».
A Erfurt, Karl-Heinz Schmidt a organisé une «longue nuit de la technique» pour les entreprises. Elles ont ouvert leurs portes et montré comment on répare une turbine d’avion ou comment on construit un changement de vitesse automatique d’une voiture. Le succès a stimulé les organisateurs. Il est prévu qu’à l’occasion de la prochaine «longue nuit de la technique», des groupes de travail dirigés par des étudiants s’occupent d’enfants et les familiarisent avec la technique des robots et leur montrent comment cela fonctionne, afin de créer une liaison avec l’université technique.
Entre-temps, on a réussi à convaincre des entreprises de s’occuper d’un sujet qui est connu en Allemagne depuis de nombreuses années: «la jeunesse cherche» (Jugend ­forscht). C’est un concours auquel les régions peuvent participer comme elles l’entendent. Des élèves d’écoles des métiers, d’écoles professionnelles et de gymnases y prennent part. Mais pour l’instant tout dépend du fait qu’il y ait des professeurs de physique, de chimie ou de biologie qui s’enthousiasment pour cela. Schmidt affirme: «Les écoles et les enseignants choisissent eux-mêmes les sujets. J’ai dit aux entreprises: organisez des stages pratiques et ouvrez vos portes aux élèves! Cela a existé autrefois, puis ça a disparu, mais à présent, ça recommence tout doucement».
«Pendant vingt ans, on a bouleversé les écoles et complètement changé les contenus. On a cessé de structurer les matières qui permettaient aux enfants d’apprendre de façon systématique et de recourir dans chaque branche à une structure. Ni en écriture, ni en mathématique. Il ne savent plus du tout construire une phrase – ils savent peut-être que les noms prennent une majuscule et les verbes une minuscule, mais ils ne font pas la différence – et ils manquent de structure en mathématique. Ils n’ont assimilé aucune structure de base à laquelle ils pourraient recourir, dont ils pourraient dire: oui, j’ai compris cela, et à partir de là, je fais le pas suivant. C’est la conséquence de méthodes d’enseignement erronées et de la structure systématique absente des moyens d’enseignement qu’on impose aux professeurs. Et les millions qu’on attribue actuellement à la formation ne sont pas affectés à l’amélioration de l’enseignement, mais foutent le camp pour le travail social et pour réparer les dégâts causés par l’école. A la fin de la première année, les enfants écrivent déjà des compositions. Ils ne savent pas encore écrire les mots, que la ponctuation soit correcte, que ça forme une phrase ou non n’intéresse personne, il n’y a qu’à tout écrire comme ça vient. Et quand on demande: «‹Comment va-t-on une fois remettre de l’ordre dans tout cela?›, on vous répond: ‹Eh bien, ça se fera tout seul.› Là, je ne comprends plus. Nos enfants avaient une longueur d’avance parce qu’ils avaient beaucoup appris par la lecture».
Karl-Heinz Schmidt continue: «L’industrie devrait au fond s’adresser à l’école et dire: ‹Ce sont les entreprises et les entrepreneurs qui paient tout ça. Plus tard, c’est eux qui doivent se débrouiller avec ça et à présent nous aimerions, s’il vous plaît, que ça soit fait différemment. Si l’industrie ne fait pas ça, elle n’assume pas sa responsabilité, alors elle ne pourra pas pester plus tard si elle n’obtient pas des gens qui sont capables de répondre aux exigences.› Karl-Heinz Schmidt est conscient que ça ne peut pas se faire du jour au lendemain, ‹mais nous devons réfléchir aujourd’hui à ce dont nous aurons besoin demain›». Il considère que c’est de son devoir de sensibiliser les entreprises à cela. Il est persuadé que la jeunesse peut être motivée pour la performance, aujourd’hui comme hier. Il se considère lui-même comme un constructeur de ponts entre les entreprises et l’école: «Si je réussis à établir une liaison avec les entreprises, du jardin d’enfants en passant par l’école primaire jusqu’au gymnase, j’aurai fait un bon bout de chemin, et c’est ça qui m’encourage.» Et on le croit sur parole.     •