Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°4, 31 janvier 2011  >  Non à l’initiative «Pour la protection contre la violence des armes» [Imprimer]

Non à l’initiative «Pour la protection contre la violence des armes»

par Monica Duca Widmer, députée au Grand Conseil tessinois*

Je m’oppose, profondément convaincue, à cette initiative, ceci aussi bien quant au fond – car elle éveille des aspirations qu’elle ne pourra satisfaire – que quant à la forme – car elle soulève à nouveau le débat déjà mené au sein du Parlement concernant la Loi sur les armes qui l’avait renforcée sans pourtant donner son aval à la totalité des revendications issues du camp de la Gauche et des Verts.
En ce qui concerne le fond: Nous connaissons tous et regrettons la problématique des suicides et de la violence domestique, mais ces problèmes, à l’encontre de ce qu’on martèle constamment dans nos cerveaux, ne se résolvent pas par la réduction du nombre des armes à feu disponibles. Les statistiques provenant de pays où une interdiction des armes à feu a été installée, comme par exemple en Australie, montrent à toute évidence que le taux de suicide n’en a guère été modifié: Celui qui est résolu à se suicider pourra le faire en employant d’autres moyens. Si on veut vraiment éviter les suicides, il faut aider les gens à reconnaître quelles en sont les raisons et à lutter contre leurs difficultés. Ceci est aussi valable pour la violence domestique aussi, qui, en effet, peut s’exercer de multiples façons: les armes en constituent qu’un moyen parmi beaucoup d’autres et aussitôt qu’il y a dénonciation, elles sont tout de suite confisquées.
Le Conseil fédéral estime que la réalisation de l’initiative causera des coûts de 6,4 millions de francs et nécessitera le déblocage d’autres 11,2 millions de francs annuels pour les dépenses consécutives: voilà un véritable gaspillage de fonds dont on pourrait faire un usage beaucoup plus effectif en les utilisant pour lutter contre les causes – et non pas contre les effets – de la violence domestique et des suicides.
La seule conséquence certaine de cette initiative serait une nouvelle augmentation de la bureaucratie et un préjudice porté à notre armée de milice. En privant le soldat de son arme, on neutralise en même temps le rapport de confiance existant entre l’Etat et le citoyen, grâce auquel notre pays fait preuve du taux de criminalité le plus bas, et ceci bien que, sur une population de 7,5 millions d’habitants, il y a 2,5 millions d’armes à feu en circulation. Notre pays dispose d’un privilège que nous partageons avec peu d’autres nations – nous ne voulons pas nous en passer: Notre armée de milice résiste à toute tentative de manipulation par le pouvoir politique et elle n’agira jamais contre la population puisque la population, c’est elle.
Quelques remarques encore quant à la forme de l’initiative. On a toujours affaire à la même méthode: quand on n’arrive pas à entrer la porte, on le fait par la fenêtre. Lors de la révision de la Loi sur les armes, la majorité parlementaire avait refusé plusieurs suggestions de durcissement provenant des socialistes et des Verts. D’autres amendements ont été acceptés, mais avant que la nouvelle loi entre en vigueur, l’initiative a été présentée.
Quant aux armes à feu, la législation suisse a en effet été renforcée. Ces lois sont en vigueur depuis peu et elles garantissent toutes les améliorations nécessaires en vue d’une prévention efficace contre les abus:
•    Les registres cantonaux des armes existent déjà, et on a commencé à les mettre en réseaux. Un registre fédéral  constituerait donc un parallélisme inutile.
•    Les soldats qui ne désirent pas emporter leur arme à la maison peuvent aujourd’hui déjà la déposer à l’arsenal.
•    L’Armée prévoit des tests psychologiques pour tous les soldats.
•    La munition de poche n’est plus remise au soldat et n’est jamais conservée avec l’arme personnelle.
•    Les armes automatiques sont déjà défendues et les fusils à répétition grand calibre sont soumis à un permis.
Finalement, l’initiative est dirigée contre tous les chasseurs, les tireurs sportifs, les collectionneurs et tous les soldats, c’est-à-dire contre des citoyens qui ne constituent aucun danger pour la sécurité du pays.    •
*    Intervention lors de la conférence de presse du 28/1/11 à Berne. (Traduction Horizons et débats)