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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°18|19, 7 mai 2012  >  L’AELE ne serait-elle pas la meilleure solution? [Imprimer]

L’AELE ne serait-elle pas la meilleure solution?

L’espace euro en l’an 2020 – perspectives du temps après la crise

par Willy Wimmer

Si l’on observe la situation globale, il s’agit, quant aux perspectives de l’euro et des tensions dans l’espace euro, d’une «crise dans la crise». La crise de l’euro n’est qu’un élément dans la rivalité, visible depuis un certain temps, entre les systèmes économiques et les domaines d’influence politique. Voici les éléments-cadres les plus importants:
Le futur rôle de l’Allemagne est incertain, les possibilités discutées publiquement vont du «hégémon doux» jusqu’à l’intégration plus ou moins complète dans une Europe unifiée («L’Allemagne, telle que nous la connaissons, disparaîtra dans les 20 ans à venir»). La question de savoir quel modèle économique l’emportera – celui imprégné de la pensée économique anglo-saxonne («shareholder value») ou l’économie sociale de marché euro-continentale – reste ouverte. Quant au modèle de l’économie sociale de marché, on se trouve face à deux variantes, la française, plutôt centraliste et favorisant le capitalisme d’Etat, et l’allemande, plutôt décentralisée et fédéraliste. Le fait que la tentative de mainmise sur l’approvisionnement communal en eau par de grandes entreprises (d’Etat) étrangères ait été repoussée, constitue un exemple positif que l’économie sociale de marché décentralisée garde l’avantage.
D’une part, la France, avec ses structures centralisées, se conçoit traditionnellement comme l’antipode du modèle anglo-saxon du capitalisme («shareholder value») et constitue ainsi un pilier du modèle euro-continental. D’autre part, les élections présidentielles françaises ont mis à jour des positions très contradictoires face à l’Allemagne et à l’euro. C’est pourquoi il est douteux que l’alliance entre Paris et Berlin continue à soutenir la position de l’Europe et ainsi de l’euro.
Aux Etats-Unis, c’est également les élections présidentielles qui illustrent la lutte entre les différents courants politiques. Tradi­tionnellement, les Républicains défendent le modèle anglo-saxon du capitalisme tandis que les Démocrates respectent de plus en plus les éléments sociaux, se rapprochant ainsi de l’Europe. Mais cela les expose au reproche de vouloir introduire une variante de socialisme européen et de compromettre les intérêts du pays.
A l’aide des procès contre Chodorkovski, la Russie a clairement répondu à la question de savoir qui doit exercer le contrôle sur ses propres ressources – la Russie ou les marchés internationaux: c’est la Russie elle-même. Ainsi la tentative internationale de s’assurer de l’influence sur les ressources naturelles russes a pu être repoussée.
En politique internationale, le poids de la République populaire de Chine augmente (par exemple lors des conflits en Syrie ou en Iran). La Chine observe les rivalités entre les systèmes occidentaux, pour diriger son propre capitalisme. La plus importante question qui se pose dans ce contexte est – vu la répartition des revenus de plus en plus inégale – de savoir comment la cohésion de la société chinoise peut être assurée. Actuellement, elle y réussit seulement parce que la quasi-totalité des couches sociales profitent de la croissance accentuée. Or, toute croissance inférieure à 6,5 ou 7% du PIB met en cause 16 à 17 millions d’emplois, ce qui représente un danger pour la stabilité sociale du pays.
Face à ces éléments-ci, on ne peut pas répondre avec certitude à la question de déterminer si, en l’an 2020, nous aurons toujours l’euro. On peut pourtant dire que c’est clairement un intérêt euro-continental, notamment de la France et de l’Allemagne, d’assurer l’euro comme lien en vue d’une Europe politiquement et économiquement unifiée. Ainsi, les gouvernements mettrons tout en œuvre pour surmonter les crises au sein des pays membres faibles en leur accordant les aides correspondantes – pratiquement à tout prix.    •
(Traduction Horizons et débats)