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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°11, 19 mars 2012  >  Si la guerre arrive, Ron Paul peut dire: «George Washington et moi, nous avons essayé de vous mettre en garde.» [Imprimer]

Si la guerre arrive, Ron Paul peut dire: «George Washington et moi, nous avons essayé de vous mettre en garde.»

par Michael Scheuer

Depuis plus de dix ans, Ron Paul prévient les Américains des dangers d’une politique extérieure au-dessus des partis qui s’ingère dans les affaires d’autres peuples, et veut octroyer les valeurs occidentales aux autres, écrivant des chèques en blanc pour mener des guerres pour d’autres pays, alors que les vrais intérêts nationaux des USA ne sont pas en jeu. Dans ce contexte, Ron Paul cite souvent les paroles de George Washington, notre premier Président – et le plus important Américain – qui a mis clairement en garde, avec éloquence et sans ménagement, contre les catastrophes auxquelles les Etats-Unis devraient s’attendre si ses dirigeants s’engageaient pour une politique extérieure interventionniste en donnant la préférence à une nation avant toutes les autres.
Je pense que beaucoup d’Américains admirent Ron Paul pour sa position dans la politique extérieure, non seulement pour ce qu’il dit, mais aussi pour son courage personnel dont il a besoin pour ne pas se laisser dérouter par les calomnies incessantes dont il est victime. Discrédité comme isolationniste, comme haïssant l’Amérique, comme optimiste incorrigible et antisémite, Ron Paul reste obstinément sur sa position qui est d’avertir les Américains que la voie vers la destruction de leur nation a été préparée ces derniers 35 ans par les dirigeants républicains et démocrates – et leurs partisans lèche-bottes dans les médias, des organisations lobbyistes et du monde académique – qui se mêlent sans pitié des affaires des autres et ne cessent d’impliquer l’Amérique dans des guerres où elle n’a rien perdu.
Aujourd’hui, tous les Américains ont l’occasion de se rendre compte de l’abîme que le président Washington et Ron Paul ont décrit, et de voir l’horreur qui va nous arriver directement avec la guerre contre l’Iran. En raison des interventions interminables du gouvernement des USA dans les affaires israéliennes et musulmanes, l’Amérique sera entraînée dans une guerre si Israël décide d’attaquer la République islamique. Les nouvelles dans les médias de cette semaine, d’après lesquelles les dirigeants israéliens n’avertiront pas le président Obama et ses suppléants lorsqu’ils fixeront la date de l’attaque contre l’Iran, afin qu’Obama puisse nier une participation des USA, sont des bobards pour les imbéciles. Si Israël attaque l’Iran, les 1,4 milliards de musulmans – chiites comme sunnites – seront convaincus que les Etats-Unis ont donné le feu vert à Israël. En plus, le Congrès, dominé par l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), confirmera cette conviction après coup en admettant – comme en 2006 lors de la guerre entre Israël et le Hezbollah – le ravitaillement très public d’Israël en munitions high-tech, censées tuer d’autres musulmans.
Qu’est-ce qu’il en coûterait aux Etats-Unis d’ignorer les mises en garde de Ron Paul et du général Washington? Eh bien, on peut évoquer quatre points possibles:
Premièrement, la Constitution est en partie violée. C’est le Premier ministre israélien qui décidera que l’Amérique part en guerre contre l’Iran et non pas, comme le demande la Constitution, le Congrès des USA.
Deuxièmement, Barack Obama, au lieu d’être le commandant en chef de la plus grande puissance militaire du monde, deviendra un automate semi-catatonique qui – dans son avidité d’être réélu – obéira au Premier ministre israélien et aux dirigeants de la communauté judéo-américaine qui financent sa campagne électorale poussant les Etats-Unis dans une guerre contre une nation qui ne serait pour nous qu’une menace marginale – si l’on fait abstraction de notre «alliance» avec Israël.
Troisièmement: Comme les journaux actuels le mentionnent à la Une, des appareils des services secrets de l’Iran présents aux USA, et de son allié le Hezbollah attaqueront les Etats-Unis de l’intérieur. Ceci avant tout parce que le président Obama et tous les autres présidents des derniers 30 ans ont exercé une pratique très sélective contre la Constitution dans l’exécution des lois fédérales – une pratique illégale qui a permis de laisser nos frontières ouvertes à des milliers d’étrangers sans papiers entrés dans le pays, ce qui a créé la pagaille par rapport à notre sécurité intérieure.
Quatrièmement une guerre avec l’Iran ruinera l’économie des USA déjà en déclin et conduira à une longue guerre contre l’ensemble du monde musulman.
Qu’est-ce qui peut être fait, dans le peu de temps qui nous reste avant qu’Israël attaque l’Iran, pour arrêter le glissement de l’Amérique vers la catastrophe? Je crains que la réponse soit: pas grand’chose, et ce qui doit être fait, c’est uniquement Barack Obama qui peut le faire. Malgré tout, l’histoire de l’Amérique connaît un cas semblable et c’est le tour d’Obama de le saisir. Ce précédent a été créé par George Washington, lorsqu’en 1793 il déclara la neutralité de l’Amérique dans la guerre entre la Grande-Bretagne et la France qui, à l’époque, était officiellement l’alliée de l’Amérique (cf. «The Proclamation of Neutrality», avalon.law.yale.edu/18thcentury/neutra93.asp).
L’histoire se déroule souvent de façon inquiétante – dans la déclaration de neutralité du président Washington il ne faudrait que des retouches minimes pour l’adapter à la crise actuelle. Si le président Obama avait le moindre désir de défendre l’indépendance, la souveraineté et le bien des USA, il pourrait faire la déclaration suivante:

«Une proclamation de la neutralité 2012

Vu que l’état de guerre semble régner entre Israël d’un côté et l’Iran de l’autre côté, le devoir vis-à-vis des Etats-Unis et son intérêt demande de poursuivre honnêtement et en toute confiance une attitude impartiale et bienveillante envers les partis en guerre.
C’est la raison pour laquelle je trouve opportun de déclarer avec ce document officiel que les Etats-Unis poursuivront dans leur attitude envers ces deux puissances le comportement mentionné ci-dessus avec respect; et d’avertir et mettre en garde les citoyens des Etats-Unis d’éviter tout acte et intervention qui s’inscriraient de quelque façon que ce soit à l’opposé de cette attitude.
Je proclame également que tout citoyen des Etats-Unis qui commet, soutient ou encourage un acte hostile envers une des puissances nommées ci-dessus, ou leur livre des objets qui, d’après le droit international, doivent être considérés comme défendus, se rend punissable lui-même d’après le droit international, ou perd ses droits, et n’aura pas de protection des Etats-Unis contre une telle punition ou contre la perte de ses droits; je proclame que j’ai d’ailleurs donné l’instruction aux officiers concernés d’entamer une poursuite pénale contre toute personne qui, dans le cadre des compétences des tribunaux des Etats-Unis, enfreint le droit international en ce qui concerne les parties en guerre ou l’une d’elles.
Pour témoigner tout ceci, j’ai fait le nécessaire pour munir ce document du cachet des Etats-Unis et je l’ai signé de ma main.
Fait à Washington le dix mars deux mille douze et au deux cent quarante-sixième jour de l’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique.

Barack Obama, le 10 mars 2012»

Il y a donc une issue possible – si Obama en a la force de caractère, s’il souhaite protéger les Etats-Unis et s’il a le moindre sens de respect envers la Constitution des Etats-Unis. La proclamation ci-dessus défendrait les intérêts des USA sans ingérence dans les affaires aussi bien d’Israël que de l’Iran; ils pourraient mener la guerre sans trouver d’obstacle érigé par les USA. En plus, une telle déclaration d’Obama lâcherait – enfin – les services secrets des USA et les autorités d’exécution juridique, non seulement pour détruire juridiquement les opérations couvertes de l’Iran en Amérique, mais aussi les programmes d’opérations des services secrets d’Israël aux Etats-Unis – programmes sur la base desquels nos secrets militaires, économiques et techniques sont volés et des citoyens corrompus pour trahir leur pays, et qui en outre profitent aux pratiques corrompues d’un segment aisé et de plus en plus déloyal de la communauté judéo-américaine, mené par des agences comme l’AIPAC.
Le président Obama aurait donc là une chance de s’inscrire dans l’histoire. Tout ce qu’il devrait faire serait de suivre son prédécesseur historique et d’imposer les lois qu’il a juré de maintenir. Mais d’après mon jugement, il n’a pas assez de courage et de patriotisme pour agir ainsi, et il entrera dans l’histoire non seulement comme un Président qui a échoué, mais comme un Président qui n’a écouté ni le général Washington, ni Ron Paul, et qui a réduit ainsi 300 millions d’Américains à l’esclavage pour les plans guerriers d’un pays étranger, que ses
dirigeants et un petit groupe de citoyens américains déloyaux ont repris en sous-traitance.     •

Source: Michael Scheuer’s Non Intervention.com, 29/2/12, http://non-intervention.com/1033/
(Traduction Horizons et débats)