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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°7, 20 février 2012  >  Contre l’infâme papier de Hardin provenant des USA en 1968 [Imprimer]

Contre l’infâme papier de Hardin provenant des USA en 1968

L’issue: respect des peuples et écologie scientifique

ab. En marge du Forum économique mondial (FEM) de cette année, Francisco Mayorga, ministre de l’Agriculture mexicain aurait abordé la piteuse situation agricole dans la province du nord du Mexique, l’Etat de Chihuahua. Une période de sécheresse de deux ans a conduit à la famine dont souffre particulièrement la population indigène – tout comme dans d’autres parties de ce monde néolibéral. On pourrait croire, que les dirigeants dans le domaine de la finance et de l’économie ont pris comme modèle le livre de Jean-Christophe Rufin «Globalia».
D’après le ministre Mayorga, la cause du problème se situe dans les Ejidos, des terrains dont la propriété et l’utilisation sont collectives et qui, après la Révolution au début du XXe siècle, ont été ancrés dans la Constitution pour protéger les populations pauvres.
Les Ejidos correspondent chez nous aux biens communaux qui ont été de grande importance pour la fondation de la Suisse et les alpages administrés de manière analogue. Mayorga veut maintenant abolir les Ejidos, tout en espérant trouver à Davos déjà des investisseurs et des multinationales de l’agriculture industrielle. Cela reviendrait à évacuer les territoires par la force: chasser les animaux de rente et les animaux sauvages? Détruire des villages avec des bulldozers? Et les êtres humains? Les expulser au moyen de l’armée ou les abattre? Ce seront les soldats mexicains qui le feraient? Ou bien est-ce une mission qu’un investisseur donnera à Blackwater?
Des actes de violence pour pouvoir transmettre de grandes surfaces de terrain à des investisseurs? L’œuvre de Tchinguiz Aïtmatov contient deux livres qu’on n’aime pas lire, car ils touchent directement au centre vital de notre présent et exigent une nouvelle base pour la négociation politique et économique. Ce sont «La marque de Cassandre» et «Les rêves de la louve». Ce dernier débute par un chapitre dans lequel est décrit le procédé agricole violent visant à remplir les prescriptions de la norme de production, et l’effet abrutissant qu’il exerce sur les êtres humains qui l’exécutent. Sans parler du monde animal et végétal.
Le Rapport sur l’agriculture mondiale a réfuté l’affirmation selon laquelle de telles interventions seraient nécessaires en plus des grandes surfaces déjà existantes. Les petites structures agricoles se révèlent être très productives, si on les enrichit d’un savoir-faire scientifique. Il ne serait pas nécessaire qu’un ministre et ses collaborateurs, qui se désignent comme des «économistes bien formés», interprètent des exemples unilatéralement, uniquement pour maintenir en vie cet infâme papier de Hardin de 1968.

Une demande à l’intention de Klaus Schwab, directeur du FEM

On dit que ce sont des personnalités riches et intelligentes qui se rassemblent au FEM pour trouver des solutions aux problèmes actuels. Ne pourriez-vous pas, Monsieur Schwab, trouver quelques sponsors parmi les participants pour permettre à l’Etat de Chihuahua de construire une école d’agriculture? Les plantes traditionnelles et productives pourraient être protégées et cultivées fructueusement et ceci dans le sens de «Pro Specia Rara» (Suisse et Allemagne) et de l’association «Verein zur Erhaltung der Nutz­pflanzenvielfalt e.V – VEN» [association pour la préservation de la diversité des plantes économiquement utiles] respectivement de l’initiative «Vielfältige Initiative zur Erhaltung gefährdeter Haustierrassen – VIEH» [Initiative diversifiée pour la préservation des races d’animaux domestiques menacés] (Allemagne) et les races d’animaux de rente en voie de disparition pourraient, grâce à un élevage moderne et un bon approvisionnement conforme au règlement vétérinaire, former la base alimentaire comme chez nous.
L’«Institut de recherche de l’agriculture biologique, FiBL» suisse, qui en tout cas a pu déjà conseiller de nombreux pays au sujet des problèmes de la faim et de la culture, participerait certainement aussi à ce projet et redonnerait à la Suisse une certaine confiance.
Une telle école d’agriculture ne coûte pas cher – comparé à l’argent qu’on gaspille à des fins belliqueuses dans le monde actuel. En outre, Elinor Ostrom, prix Nobel de l’économie, pourrait certainement coopérer au sein du comité de patronage, dans lequel la DDC et la FAO et quelques collaborateurs du Rapport sur l’agriculture mondiale siègeraient également. Ceci serait d’autant plus nécessaire afin que les sponsors ne travaillent pas en cachette pour les Chicago Boys pour livrer la preuve de la bassesse de l’affirmation de Hardin. Les campesinos et toute la population indigène retrouveraient leur dignité et deviendraient leurs propres experts comme chez nous en Suisse les paysans bio. «Organic Food» est également déjà très populaire en Chine. Que personne n’affirme que la population du Mexique n’est pas capable de lier ses propres ressources aux connaissances de l’écologie scientifique, de la culture bio, si l’on lui montre et explique cela dans une école d’agriculture! La Suisse en a l’expérience. Ce qui a réussi au Népal – pourquoi cela ne réussirait-il pas au Mexique? Il faut juste le vouloir.
Une telle école d’agriculture ne représenterait-elle pas pour le FEM une action «durable», qui désigne une nouvelle voie vers l’avenir?

Lisz Hirn décrit à la page suivante le Mexique comme un pays plein de vie et de mouvement – une population, qui n’a pas de mal à comprendre, quand il s’agit de construire son propre avenir.    •