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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°23, 13 juin 2011  >  Manifeste pour un travail humain [Imprimer]

Manifeste pour un travail humain

hd. Chaque année, le premier week-end de mai, a lieu, sous l’égide du canton d’Appenzell Rhodes-Extérieures et de la Fondation culturelle des Rhodes-Extéri­eures, la Kulturlandsgemeinde des ­Rhodes-Extérieures.
Cette manifestation a pour but d’offrir à des personnes appartenant à différentes disciplines – culture, économie, sciences et politique – une plate-forme de débat sur des questions actuelles concernant la société. L’accent est mis sur l’échange d’idées entre les personnalités présentes et le public. La Kulturlandsgemeinde est ouverte à tous, aspect qu’elle souligne en étant gratuite.
L’essentiel des réflexions et des propositions issues des débats et des contributions artistiques se retrouve dans un manifeste (Sendschrift) qui rappelle les proclamations imprimées et lues autrefois lors des landsgemeinden.
Cette année, la manifestation est consacrée au thème du travail. Dans leur manifeste, que nous reproduisons ci-dessous, les organisateurs ont réussi à susciter la réflexion sur le sens du travail humain, à le considérer non seulement comme une activité professionnelle mais dans sa signification humaine profonde, comme un élément constitutif de l’homme, comme une contribution de l’individu à la vie en société.

La Kulturlandsgemeinde des Rhodes-Extérieures de 2011 était consacrée au thème du travail. Les débats ont traditionnellement débouché sur un manifeste qui a été lu solennellement le 8 mai dernier. En voici le texte:
Parlons du travail. Reconnaissons que rien ne va plus dans le monde du travail: les uns en ont trop, les autres pas du tout. Les uns gagnent des millions, les autres à peine assez pour vivre. Beaucoup trouvent leur bonheur dans le travail, mais le monde du travail rend certaines per­sonnes ma­lades. Nous qui appartenons à la Kulturlandsgemeinde des Rhodes-­Extérieures nous sommes réunis pour réfléchir aux problèmes posés par le travail. Parlons donc du travail, et cela en sept points.

1. Le droit au travail

L’homme est un être actif. En règle générale, il aime travailler. Le travail est un plaisir qui donne à l’individu une conscience de sa valeur, qui rapproche les hommes et les fait participer à la vie en société. Veillons à ce que chacun puisse travailler, avec sa tête, son cœur et ses mains, et qu’il soit apprécié pour cela. Celui qui travaille peut montrer de quoi il est capable. Le travail est un droit de l’homme.

2. Il y a suffisamment de travail

Le travail ne manque pas, au contraire. De plus en plus de travaux ne sont pas réalisés parce qu’ils ne sont pas rentables ou qu’ils sont méprisés par la société. Notre ­époque a besoin d’une définition du travail qui comprenne non seulement l’activité professionnelle mais les activités sociales et d’intérêt général, le travail domestique et le temps consacré à soi. Ainsi conçu de manière globale, il participe à la prospérité générale.

3. Eloge de la formation professionnelle

Le capital le plus important du travail est la formation professionnelle. La Suisse doit sa prospérité à un système de formation professionnelle solide et varié. Une bonne formation pour tous les jeunes est essentielle pour l’intégration et contre le chômage. Ne pas avoir de travail est dégradant.

4. Le devoir de bien travailler

L’humanité travaille à la destruction de ses bases existentielles. Les limites de la croissance sont également des limites du travail et de la consommation. Orientons-nous vers des travaux durables qui ménagent les ressources naturelles et soient profitables au tissu économique local et régional. Faisons en sorte que le travail respecte des critères éthiques. Il existe un droit au travail mais également un devoir du travailleur: celui de bien travailler, de favoriser la paix, la compréhension entre les peuples et l’élimination de la faim et de la pauvreté, et donc de créer de la valeur, au sens plein du terme.

5. Du travail plutôt que des formulaires

De plus en plus de personnes souffrent de manquer de temps pour le travail proprement dit, et cela à cause de la bureaucratie et d’une économisation démesurée. Dans tous les secteurs économiques, les administrations et les écoles, on voit se multiplier formulaires, contrôles, normes et évaluations. Ce qui devrait améliorer la qualité et l’efficacité du travail ne fait en réalité que le détériorer pour tout le monde. Laissons les compétences là où elles sont: chez les travailleurs. Faisons confiance à la responsabilité individuelle plutôt qu’à la mise sous tutelle.

6. Salaire et récompense du travail

Les salaires de plusieurs millions sont une affaire de politique et de pudeur, mais nous n’aborderons pas ici ce sujet. Celui qui aime son travail travaille mieux. Le meilleur travail est celui qui trouve sa récompense en lui-même: c’est le travail par passion et conviction, effectué dans un esprit d’équipe et d’ouverture. Encourageons des vertus telles que le savoir-faire, la persévérance, la créativité.

7. Le travail doit avoir un sens

Pour un nombre de plus en plus élevé de personnes, le travail n’est pas créatif et il les épuise, voire les rend malades. Dans notre monde complexe, les nou­velles exigences se multiplient à un rythme effréné. Le stress est un état normal et l’optimisation des profits devient le seul objectif. Or le travail a besoin de pauses et de sens. Prenons le temps de nous poser la question du sens de nos actions. Prenons conscience du fait que le travail de demain sera humain ou ne sera pas.

Source: www.kulturlandsgemeinde.ch
(Traduction Horizons et débats)