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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°11, 21 mars 2011  >  Le pain, c’est la vie [Imprimer]

Le pain, c’est la vie

 par Rita Brügger et Ursula Felber

Lors de la Journée mondiale de prière, des femmes chiliennes nous ont posé la question suivante avec les mots de la Bible: «Combien avez-vous de pain?» Elles ont ainsi entamé le problème de la distribution de denrées alimentaires et de la souveraineté alimentaire. Animées par l’article «Notre pain quotidien» (cf. Horizons et débats no 7 du 21/2/11) nous avons réfléchi à la question de savoir comment réaliser et nous approcher de ce thème à l’école.

Le problème du pain, de la sécurité alimentaire est quelque chose qui préoccupe les êtres humains. Si elle n’est pas assurée, les gens se révoltent et c’est ce qui fait des­cendre les ­peuples dans la rue, comme l’ont montré récemment les protestations dans les pays arabes. La colère des peuples est l’expression d’une dépendance désastreuse. Dans ces pays, l’agriculture est incapable de couvrir la demande intérieure. Des pertes de récoltes et des importations augmentées pour remplir les entrepôts font grimper les prix des céréales. Le prix du blé au marché mondial a augmenté de plus de 70% par rapport à l’année précédente. Pour l’alimentation de la population mondiale, il est de première importance. Le blé est nourrissant et sous des conditions favorables, il peut être stocké pendant des années.
Nous ne pouvons fermer les yeux devant les événements récents dans le monde arabe. Est-ce que cela pourrait aussi arriver chez nous? Est-ce que chez nous aussi, un jour, le pain ne sera plus abordable pour tout le monde? Nous ne pouvons pas nous exclure de ces événements.
Nous savons aujourd’hui qu’il y aurait assez de nourriture pour toute la population mondiale. C’est une question de répartition. Sur la rareté des matières premières nous sommes suffisamment informés. Nous ne pouvons pas exclure des millions d’être humains du bien-être et les laisser mourir de faim à côté des gens bien nourris. Des solutions doivent être trouvées. Le Rapport sur l’agriculture mondiale donne des réponses et en finit clairement avec le mythe de la supériorité de l’agriculture industrielle du point de vue social, écologique et de l’économie nationale. Il exige un changement de paradigme dans l’agriculture: il faut créer des structures avec de petites exploitations agricoles comme garanties les plus importantes et le plus grand espoir d’un approvisionnement en denrées alimentaires durable, socio-économique et écologique.

Comment l’école peut-elle y contribuer?

Le pain est notre nourriture quotidienne et les tartines pour les récréations en font partie. Mais, les enfants savent-ils que sur la surface d’un pupitre pourraient pousser environ 400 plants de seigle qui livrent 16 000 ­grai­­nes de blé? Et cela suffit pour un petit pain de ­seigle. A l’époque de l’ordinateur, les enfants ont accès à beaucoup d’informations. Ce qui manque, ce sont des réflexions sur notre vie commune. L’information au sujet de la souveraineté alimentaire est urgente. Nous, pédagogues, nous avons un rôle important à jouer. Dans le programme scolaire, on demande qu’un rapport économique entre la production, la distribution et la consommation d’un bien soit enseigné. C’est ce qui peut être très bien réalisé avec la brochure «Du blé au pain».
Depuis belle lurette, le pain a une grande importance et une grande valeur pour les êtres humains. Rares sont les notions de la vie quotidienne autour desquelles existent autant de proverbes et d’expressions que pour le pain. Un enseignement comprenant plusieurs matières scolaires permet la compréhension des rapports d’histoire culturelle et technique, mais aussi l’encouragement d’une multitude de compétences intellec­tuelles et sociales.
A l’avenir, le paysan suisse et l’agriculture prendront encore plus d’importance pour nous tous. A l’école, nous avons beaucoup de possibilités de familiariser les enfants avec leur importance. Le thème du «pain» peut être traité à partir de différentes matières: langues, géographie, histoire, l’homme et l’environnement, la religion et la culture. Il existe déjà beaucoup de matériel de documentation et de brochures pour tous les nivaux, des films et des documents pour aider les enseignants.
Le thème de la ferme est très approprié aux enfants des premières années de l’école primaire. Avec les animaux, les travaux mul­tiples à la ferme et dans les champs, on peut transmettre aux enfants les bases de vie les plus importantes. Pour les enfants plus âgés, la matière sur l’homme et l’environnement donne la possibilité de faire un «voyage du pain» à travers la Suisse. Presque chaque canton a ses propres spécialités de pain.

Ecole secondaire – vivre une fois autrement un camp scolaire

Une semaine thématique, la classe transférée dans une ferme, fait partie des semaines les plus importantes et pleines de succès pour beaucoup de classes d’école. Beaucoup de familles paysannes offrent dans leur ferme le gîte, des possibilités de se restaurer ou bien de faire la cuisine soi-même et un choix intéressant de thèmes pour élaborer un programme pour la semaine. Les enfants ont l’occasion de travailler dans l’exploitation agricole et ce qui a été traité de façon théorique à l’école, peut être complété pratiquement. Le thème de la ferme et de l’agriculture n’est cependant qu’une partie de la semaine projetée. Il y aura des offres d’excursions, des randonnées et des possibilités sportives à proximité de la ferme pour compléter la semaine. Les fermes offrent souvent une alternative moins coûteuse que les hébergements habituels pour les camps scolaires.Ces dernières années, plusieurs vieux moulins ont été reconstruits au cours d’un travail bénévole et sont à disposition à des fins éducatives. Un exemple en est la Haumühle à Embrach. Pendant des centaines d’heures, plusieurs artisans ont reconstruit ce moulin bénévolement. Aujourd’hui, la roue du moulin, et la production de la farine peuvent être montrés aux élèves. Il y a même une salle spéciale pour l’enseignement. Swissmill ­montre la culture, la moisson et la production du blé de façon virtuelle sur Internet. Des affiches et des brochures sont mises à disposition par l’Information suisse sur le pain (ISP). L’article «Notre pain quotidien» (Horizons et débats no 7 du 21/2/11) mentionne plusieurs musées par rapport à ce thème.     •(Traduction Horizons et débats)

La brochure «Du blé au pain» peut être commandée pour l’enseignement à l’école. Il y a des versions pour l’école primaire et secondaire et un manuel pour l’enseignant. Les matériaux peuvent être commandés à l’adresse suivante:
Information suisse sur le pain (ISP)
c/o Swiss granum
Belpstr. 26, CP 7957
3001 Berne

Découverte de la cuisson du pain

Le plus vieux pain parfaitement conservé en Suisse a été fabriqué vers 3530 av. J.-C. et a été découvert à Douanne le 27 février 1976. Il a été préparé à partir de grains de froment préalablement broyés à la main.
Dans la première phase de l’évolution, la farine était mélangée à des grains et de l’eau pour former des boules. Celles-ci étaient grillées afin de les conserver. Les pâtons étaient ensuite cuits dans la cendre. Plus tard la pâte fut versée dans des moules creusés sur les plaques des foyers, puis plus tard encore, cuite dans des moules à pain.
A partir de là, il n’y eut qu’un pas vers la véritable cuisson de galettes de pain dans des fours. Le levain, la pâte acide qui se forme au cours du processus de fermentation, fut inventé par les Egyptiens de l’Antiquité, qui découvrirent ainsi un ingrédient important du pain. Le métier de boulanger était connu des Egyptiens il y a 4800 ans déjà; en Suisse, l’existence de boulangers peut être établie depuis l’an 623.
Dans certains pays du Tiers-Monde, les femmes fabriquent encore de petits pâtons selon une ancienne méthode traditionnelle et les cuisent sur une pierre brûlante ou dans un four à bois.
Evolution du four
Les galettes de pain étaient cuites dans différents types de fours:
•    Il y a 4500 ans, les premiers fours à voûte étaient constitués d’une enceinte pavée et d’une voûte allongée.
•    Les Germains utilisaient des fours souterrains.
•    Le four cylindrique en deux parties de l'ancienne Egypte était constitué d’un four inférieur servant à alimenter le feu et d’un four supérieur où l’on cuisait le pain.
•    Des fours en forme de dôme en briques d’argile étaient utilisés au Proche-Orient et chez les habitants des villages lacustres. Les Romains les ont repris et améliorés. Cette forme de four s’est imposée jusque dans les fournils de nos villages.
La sole était chauffée en la couvrant de bois que l’on enflammait. Les braises étaient alors retirées, et la pâte à pain cuite sur la surface brûlante.
Des fours à bois sont encore conservés en Suisse dans diverses fermes et certains fournils communaux.

Source: www.schweizerbrot.ch

«Merci, mon bon pain»

 Un livre d’images pour enfants à partir de 4 ans de Brigitte Weninger et Anne Möller

Aujourd’hui, beaucoup d’enfants gran­dissent sans rapport direct à leur nourriture. Dans le meilleur des cas, ils peuvent assister leur mère quand elle fait les courses ou bien l’aider à préparer à manger pour la famille. Peu d’entre eux savent quels sont les fruits et les légumes indigènes, quand ils sont mûrs et comment on les récolte. L’histoire du pain est aussi inconnue pour la plupart. Ils ne con­naissent pas le long chemin de la graine au pain.
C’est pourquoi le livre «Danke, gutes Brot» (Merci, mon bon pain) est précieux, parce qu’il introduit les enfants avec soin et amour à la production d’un de nos aliments les plus importants. Le livre a de belles images et un texte facile à comprendre pour enfants: «Ce matin, je fais du pain avec ma maman. Comme tu sens bon, mon pain frais! Tu es tellement bon et sain.» Le visage d’un garçon montre sa satisfaction quand il hume sa ­tranche de pain.
L’une après l’autre, les histoires ­donnent toutes les informations concrètes, elles ra­content comment le pain est fait et combien de travail et de temps il faut jusqu’à ce que le pain se trouve bien cuit sur notre table. «On ne peut pas voir du tout combien de grains de céréales se trouvent dans un pain», est par exemple écrit dans cet ouvrage. Et sur l’image on voit la main qui sème les graines. Les graines dans la terre, le premier germe, les racines, les premières feuilles, la tige, la croissance du plant de blé jusqu’à l’épi mûr et lourd, tout cela est montré à l’enfant par des images colorées.
L’histoire continue: «Chaque épi est plein de grains. D’un seul grain, tant de graines ont poussé!» La destination des grains apportés au moulin par le paysan est décrite, et aussi qu’on peut moudre les grains avec un moulin à main pour faire de la farine. Ensuite est montré le travail de la farine avec du sel, de l’eau et de la levure jusqu’à la pâte de pain. Dans le livre, le garçon pétrit le pain avec application et forme une miche qu’il glisse au four pour la cuisson.
A la fin de l’histoire, on parle aux enfants de la répartition équitable de la nourriture: «Maman dit que beaucoup d’êtres humains ont faim.» L’image qui illustre ce texte ­montre cinq mains d’enfants de différentes couleurs de peau saisissant un pain partagé en beaucoup de morceaux. Ils partagent le pain. Et le garçon qui nous conduit à travers le livre dit à la fin: «Moi, je n’ai pas faim. […] Mais je souhaite que tous les enfants de ce monde aient assez de pain à manger. Merci, mon bon pain!»
Avec ce livre, de très jeunes enfants ­peuvent déjà apprendre le respect de notre pain quotidien. On les instruit avec beaucoup de soin pour qu’ils connaissent de plus près cet aliment. L’enfant apprend, expérimente et peut comprendre ainsi combien de temps, de pluie, de soleil, de soin envers la nature et combien de travail est nécessaire jusqu’à ce qu’il puisse manger son pain avec respect au petit-déjeuner.

Matériel d’information:
•    Information suisse sur le pain ISP, c/o Swiss granum, Belpstr. 26, CP 7957, 3001 Berne
•    «Du blé au pain», Office fédéral de l’agriculture (OFAG)
•    Titre du livre: Brigitte Weninger, Anne Möller. «Danke, gutes Brot»: Bilderbuch für Kinder ab 4 Jahren. Editions Michael Neugebauer
www.muehlerama.ch
www.swissmill.ch
www.agriculture.ch
(Traduction Horizons et débats)