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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°1, 10 janvier 2011  >  Quelle économie voulons-nous édifier? [Imprimer]

Quelle économie voulons-nous édifier?

par Francis Gut, Jutta Lücking et Vera Ziroff Gut

Les crises sont des tournants qui stimulent le développement et la réalisation de nou­velles idées. Dans son excellent ouvrage intitulé «Zivilisierte Marktwirtschaft», Peter Ulrich évoque les questions fondamentales de l’activité et de l’éthique économiques (cf. Horizons et débats n° 48 du 13/12/10). Une activité économique raisonnable, progressiste et libérale intégrée dans la société civile est la condition d’une économie de marché civilisée. Nos réflexions ont trait à des systèmes économiques aussi différents que ceux de Sienne au trecento et de l’Irlande en décembre 2010.

Le paradis sur terre ou les effets du bon gouvernement

Le «paradis sur terre», extrait de fresque d’Ambrogio Lorenzetti exécutée en 1339 au Palazzo Pubblico de Sienne et mieux connue sous le nom des «effets du bon gouvernement»1 décrit la vie sociale et l’activité économique dans une république urbaine où règnent paix et justice. Dans cette ville, que l’on reconnaît bien comme la commune de Sienne, les arts et métiers, le commerce, la science et les arts prospèrent, on danse et se marie. Dans les loggias ouvertes et les ru­elles, nous suivons la fabrication et la vente des étoffes, des souliers et du pain, qui s’effectuent par division du travail. Au-delà des toits, des maçons et des charpentiers travaillent sur un chantier, car la ville prospère s’agrandit. Une rue pavée mène par la porte de la ville dans les environs, où des nobles chassent, des paysans et paysannes sèment, fauchent et moissonnent à un rythme accéléré. Sous l’aile de la sécurité tenant d’une main une potence, à laquelle se balance un mort, et de l’autre un rouleau d’écri­tures déroulé proclamant: «Que chacun aille son chemin sans crainte, et il sera semé et les champs seront labourés tant que la commune sera sous le commandement de cette dame (la justice), car elle prive les méchants de toute puissance.2 Cette ville prospère et ses environs fertiles sont l’œuvre commune de la société opérant par division du travail, qui couvre les principaux besoins des ­hommes au profit et au plaisir de tous.
L’évocation de l’enfer et du purgatoire a précédé celle du «paradis sur terre». Dans la ville de l’enfer règnent l’indifférence, le meurtre, la violence, la guerre et la tyrannie. Il fait sombre dans cette ville détruite, sans artisanat, ni commerce, ni enseignement, sans droit ni lois, car la justice, tombée de son trône, est ligotée à terre; sa balance est brisée. Au-dessous de la justice, ce chaos est accompagné du commentaire suivant: «Où la justice est ligotée, plus personne ne pourra s’entendre à propos du bien commun, ni s’en tenir aux dispositions du droit, de sorte que la tyrannie l’emportera … elle défend toujours celui qui contraint ou vole et tous ceux qui haïssent la paix, si bien que tout le pays est dévasté».3
Toutefois, la commune de Sienne détient le pouvoir sur le chemin de pénitence menant au purgatoire. Ce faisant, elle s’appuie sur la force, la sagesse, la magnanimité, la tempérance et la justice. La législation oblige les citoyens à s’entendre. La belle paix repose tranquillement sur son char et forme, miroir du bonheur terrestre, le pendant du chaos de l’enfer; elle est simultanément la condition du «paradis sur terre», qui diffuse une lumière claire et constitue l’objectif des descriptions.
Par sa «peinture parlante», Ambrogio Lorenzetti a dépeint, dans son «paradis sur terre», une image de l’homme qui a sa source chez Aristote. L’être humain a «été créé par nature de sorte qu’il ne puisse réaliser seul ce bonheur terrestre, mais seulement dans la communauté des hommes agissant comme citoyens. D’après cette idée, la définition de l’homme comme animal politique, comme être politique et social, implique de par sa nature qu’il se perfectionne comme membre d’une communauté de l’Etat.»4 En 1338, quand la commune de Sienne a passé commande à Ambrogio Lorenzetti, elle est une ville confiante en elle-même et politiquement indépendante, ayant constitution, divers institutions et conseils et connaissant la division des pouvoirs ainsi que la rotation des fonctions. Tous les actes administratifs dé­coulent des lois adoptées par l’assemblée des citoyens. De 1337 à 1339, la commune continue de progresser et travaille à une révision totale de sa constitution, qui a pour objectif de «contribuer à l’avènement du règne de la justice»,5 de créer des bases juridiques claires garantissant la sécurité du droit. La fresque d’Ambrogio Lorenzetti décrit, aux yeux de la renaissance, l’activité économique comme une partie de la vie des citoyens. Depuis lors, nous avons passé par le siècle des Lu­mières et par la modernité. Sur le plan politique, nous avons érigé une société fondée sur le droit, alors que nous continuons d’adopter les vues néo-libérales, l’économisme, en matière économique.
Considérant actuellement – soit 700 ans après l’exécution de la fresque de Lorenzetti – les Etats à la périphérie de l’Europe et au-delà, nous trouvons des lieux touchés par les effets de la crise financière et économique ou par l’économie de guerre, c’est-à-dire davantage d’enfer que de paradis sur terre et de bon gouvernement.

L’Irlande, par exemple

En raison des pressions de l’Union européenne et du Fonds monétaire interna­tional, le gouvernement irlandais fait subir à son peuple un régime effroyable. Au budget pour 2011, les plus démunis sont astreints à la charge la plus lourde: le salaire minimal passe de EUR 8,65 à 7,65, soit une baisse de 12%, alors que les traitements des ministres ne sont réduits que de 6%. La rente vieillesse, les allocations sociales et les allocations pour enfants sont réduites et la hausse de la taxe sur la valeur ajoutée accroît encore les ­charges des plus démunis. Le revenu annuel minimal imposé passe de EUR 18 000 à 15 000, de sorte que des contribuables à revenu bas, exempts d’impôts jusqu’alors, y sont dorénavant astreints. Le taux de chômage, qui est de 9,6% en moyenne dans l’Europe des 27, atteint 13,7% en Irlande. Cette évolution a incité­ 60 000 ­jeunes Irlandais (population totale: 4,5 millions) à quitter le pays. ­Chaque famille pratiquement compte un expatrié. Non seulement les familles, mais également l’ensemble du pays, subissent ainsi une perte douloureuse, car ce sont surtout ceux dont la formation est la meilleure qui quittent l’Irlande.
Or ce pays ne connaissait pas d’endettement excessif de l’Etat, mais souffre de la reprise par celui-ci des énormes dettes des banques irlandaises. Ces dettes sont considérables, car de gros crédits ont été accordés par d’autres banques européennes pendant la haute conjoncture (prévisions bénéficiaires très élevées). La reprise par l’Etat de ­banques et de dettes de banques irlandaises et étran­gères a fait monter la croissance du déficit budgétaire à 32% de la prestation écono­mique du pays (PIB), qui doivent se réduire, d’ici à 2015, aux 3% fixés par le pacte de stabilité de l’euro.6 Lors de la haute conjoncture, les ­banques ont espéré profiter de la croissance économique irlandaise, car elles ont stimulé la construction encore davantage que leurs collègues des Etats-Unis. Tandis que la construction de logements outre-mer se chiffrait à 4% de la prestation économique (BIP) en temps normal, et qu’elle atteignait 6,3%7 à son apogée, elle dépassait parfois 15% en Irlande. Cette fixation sur la croissance économique ne reste évidemment pas sans conséquences. Pour les attentes économiques élevées, les banques ont pris des risques considérables – leurs risques d’affaires – ce qui se répercute maintenant sur les contribuables irlandais.
Le gouvernement a longtemps hésité à accepter la prétendue aide financière – une aide financière accordée en fait aux banques – d’un montant de EUR 67,5 milliards que l’Union européenne et le Fonds monétaire international le pressaient de prendre. Comme le gouvernement Kirchner en Argentine, le gouvernement irlandais aurait pu ­cesser d’assurer le service de la dette envers l’étranger, afin de protéger son ­propre ­peuple. Maintenant, il a décidé de protéger les actionnaires et les banques en faisant saigner son peuple. Un «bon gouvernement» ou l’«enfer»?
Le capucin Kevin Crowley, fondateur du Capuchin Day Centre de Dublin, qui cuit chaque jour pour les plus démunis grâce à des dons se montre soucieux: «La crainte règne partout. Les gens ont peur d’un avenir incertain. Ils se demandent combien de temps cela durera. Comment pouvons-nous sur­vivre dans ces conditions?» Et l’homme pieux d’ajouter: «Ce qui m’exaspère vraiment, je pourrais mettre en prison les responsables de la crise pour le reste de leur vie!»8 La colère monte contre les responsables. Actuellement, neuf Irlandais sur dix ont une opinion négative du gouvernement.9
Contrairement à ce qui se passait dans le «paradis sur terre» de Sienne, la peur se propage à Dublin.
Qu’est-ce qui va mal sur le marché «libre»? et que faut-il changer?

Qu’est-ce qui va mal sur le marché «libre»? – Quelle économie voulons-nous?

«Nous avons besoin littéralement d’une économie de marché civilisée, c’est-à-dire d’une économie de marché dont le bon fonctionnement se mesure à ses services à la société civile, à l’image d’une société en plein épanouissement et bien ordonnée de citoyens libres et disposant des mêmes droits,» écrit Peter Ulrich, professeur émérite d’éthique économique.10 Nous avons besoin d’une économie d’esprit républicain, dont l’activité – comme dans le «paradis sur terre» – est intégrée dans la société et non le contraire, comme en Irlande, où l’économie domine la politique. La fixation unilatérale sur les actionnaires, la concentration sur les profits juteux, la croissance économique et les avantages compétitifs, idéaux tant vantés de l’économie actuelle de marché, ruinent la société des citoyens et mènent au chaos irlandais notamment. La solution des problèmes sociaux posés par l’économie de marché ne consiste pas en un gouvernement économique de l’UE, en la concentration de la puissance économique que proposent Merkel et Sarkozy, mais en un nouveau rapport entre société civile et économie de marché, comme le montre Peter Ulrich dans son ouvrage intitulé «Zivilisierte Marktwirt­schaft».11
Nos efforts tendant à établir un nouveau rapport entre société civile et économie de marché résultent du fait que nous n’avons pas terminé le projet fantastique de la modernité alliant l’usage de la raison et l’idée de liberté. Telles sont les causes de la misère actuelle et sa solution. Nous avons abandonné le domaine de l’économie au libéralisme ou au néo-libéralisme; nous n’avons pas fourni le même travail d’explication en économie qu’en politique. Ainsi fait encore défaut le pendant économique des droits de la personnalité et libertés individuelles, base politique de la société libérale démocratique. C’est pourquoi Peter Ulrich exige l’attribution de droits économiques au citoyen: accès équitable à la formation et au savoir-faire, au capital et au crédit, au travail rémunéré de tous les citoyens et, en bonne place, droits de sécurité sociale et de participation «qui donnent à tous les citoyens économiques une chance équitable de mener une vie indépendante et cultivée.»12 C’est au citoyen, souverain dans «l’usage public de la raison» de négocier en détail les droits des citoyens, de décider du modèle qu’il entend réaliser.
Ulrich estime que la victoire de l’économisme sur la raison politique a eu lieu dès le début du XIXe siècle, lorsque la misère du prolétariat, conséquence de la compétition de l’économie de marché, apparaît alors nettement. Dès cette époque, le libéralisme politique et économique se sont développés dans des directions divergentes. Alors que l’émancipation politique s’épanouit dans une société libérale démo­cratique, les citoyens du libéralisme économique re­noncent à l’idée émancipatrice des mêmes chances économiques pour tous, insistent sur leurs privilèges et se muent en force conservatrice. Plus s’ouvrent les ciseaux entre les revenus des pauvres et des riches, plus le néo-libéralisme proclame «son message de la prospérité pour tous grâce à la croissance», afin de ne pas devoir s’avouer avoir renoncé depuis longtemps à l’idée politique libérale du bien commun.13

Que signifie une activité économique raisonnable, progressiste et libérale?

Afin de discerner à quoi doit ressembler une activité économique raisonnable, progressiste et libérale, condition d’une économie de marché civilisée, nous devons discerner ce que nous avons perdu, ce que nous devons continuer à développer et ce que nous devons repenser. Peter Ulrich démontre comment, sous l’influence du néo-libéralisme, les ­grandes idées du siècle des Lumières, à savoir «la raison, le progrès et la liberté», se sont transformées en réductions économicistes: de l’usage d’une «raison pratique» n’a subsisté que l’«efficience, quintessence de la rationalité économique», le «progrès» a fait place à la «croissance économique» et la «liberté du citoyen» a été remplacée par la «liberté du marché».
Jadis, l’émancipation de la pensée et de l’action déterminées par autrui s’est réalisée par l’appel à la raison. Une conception fondamentale moderne de l’activité économique raisonnable doit considérer l’homme comme un tout, comme personne et comme citoyen, et se concentrer sur ce qui améliore sa vie. «Cette notion comprend aussi bien une bonne vie qu’une juste vie en commun des hommes.»14 Car l’homme est un être culturel, qui se distingue de tous les autres animaux par son plan de vie, par sa volonté de lui donner un sens. Toutefois, l’homme, être social, ne s’accomplit, ne trouve son bonheur que dans le rapport entre la bonne vie et la juste vie en commun. Le bonheur se trouve non pas en-dehors de la communauté, mais dans un équilibre entre «l’autonomie et la communauté des contenus avec d’autres personnes.» Il en résulte une éthique de la réciprocité transcendant les cultures, dont le principe moral fondamental est la considération et la reconnaissance absolues de tous les hommes, êtres de même dignité et aux mêmes droits fondamentaux.15 Une activité économique moderne, guidée par la raison, doit donc résoudre constamment le problème de l’usage «efficient» des biens et des ressources en relation avec la juste manière d’agir, lors de conflits sociaux, entre participants et personnes concernées.»16 C’est pourquoi Ulrich appelle l’idée directrice de l’activité économique raisonnable, qui tient compte, outre de l’efficience, de ces pro­blèmes sociaux, «idée de rationalité socio-économique».17 Compte tenu de ce point de vue, une solution unilatérale au détriment des plus pauvres, par réduction du salaire minimal, de la rente vieillesse, du soutien social financier et des allocations pour enfants n’est pas une stratégie améliorant la vie, car elle prive des centaines de milliers de personnes de leurs moyens de vivre. Les plus démunis sont plumés en Irlande, alors que quelques actionnaires bénéficient du monopole de la force publique. Une telle situation nous oblige, nous, les citoyens, à remplir notre tâche de citoyens de l’économie et de l’Etat et à définir «une nouvelle orientation du progrès socio-économique qui ait un sens pratique et aboutisse à des rapports sociaux plus justes».18
L’enjeu de cette dispute entre «liberté du marché» et «économie civilisée du marché» est l’avenir de l’humanité. Réussirons-nous à réaliser un progrès politico-social? «Sommes-nous capables ou non, en tant que société démocratique, de déployer la volonté poli­tique avec les moyens de production dont nous disposons, de déclencher quelque chose de raisonnable et de pratique?»19
Liberté du marché vs liberté des citoyens
Cette situation nous oblige, nous, les citoyens d’une société libérale basée sur la reconnaissance mutuelle de personnes libres et disposant des mêmes droits, à posséder un certain sens de la justice20 et à agir de la même manière intègre en public et dans le privé. Peter Ulrich appelle cela déve­lopper le «sens du citoyen». A défaut, l’homme n’est pas capable d’assumer, en tant que personne morale, la co-responsabilité de la Res publica. Car l’homo oeconomicus ne connaît que son propre avantage et l’«échange mutuel d’avantages»,21 dont ses relations sociales sont également marquées. Comme l’exemple de l’Irlande le démontre, les mesures prises par l’UE et le Fonds monétaire international (FMI) sont structurées de manière à frapper ceux qui n’étaient pas à l’origine de la crise, tandis que les responsables sont en mesure d’influer sur les décisions de façon à en éviter les conséquences.22 Ce n’est donc pas le marché libre qui fonde la plus grande liberté réelle possible de tous les citoyens, mais l’édification d’une société civile moderne, en plein épanouissement. C’est pourquoi notre premier objectif doit être de constituer une société civile épanouie, formée de citoyens dotés d’un sens aigu de leur fonction, qui con­naissent des droits étendus de citoyen et soient en état de lier les forces du marché dans un ordre social républicain-libéral.
La crise financière et économique prouve que l’économie de marché est sortie de ses gonds. L’euro menace d’échouer, et les conséquences sont relativement imprévisibles pour de grandes parties de l’Europe. Il convient de savoir ce qui nous attend: davantage d’économie, comme le proposent Merkel et Sarkozy dans leur plan de formation d’un gouvernement économique européen, ou davantage de démocratie, par un usage public de la raison, par une société civile bien ordonnée? Voulons-nous un absolutisme économique ou voulons-nous la démocratie? Le «paradis sur terre», tel que l’a dépeint Lorenzetti à propos de la commune de Sienne au XIVe siècle, nous montre l’implantation de l’économie dans une société. L’Irlande et la Grèce, par exemple, reflètent l’enfer menaçant, où le droit et la solidarité sont sur le point de se dissoudre. Il nous incombe de prendre une décision et de développer la volonté politique de nous organiser en une société civile dans laquelle se forme un ensemble bien ordonné de droit et de solidarité qui procure à tous davantage de liberté et de justice.     •

1    Depuis le début du XIXe siècle, le cycle de fresques qu’Ambrogio Lorenzetti avait réalisé en 1339 au Palazzo Pubblico de Sienne était connu respectivement sous le nom d’«Allégorie du bon gouvernement et ses effets sur la ville et la campagne» et d’«Allégorie du mauvais gouvernement et ses effets sur la ville et la campagne». La thèse de doctorat présentée récemment par Doris Schmidt à la chaire de droit public de A. Ricklin à l’université de Saint-Gall a prouvé cependant que les trois fresques dépeignent une partie du chemin de pénitence décrit par Dante dans sa «Divine comédie», que l’homme parcourt de l’enfer au paradis sur terre, en passant par le purgatoire. Voir Doris Schmidt: Le cycle de fresques d’Ambrogio Lorenzetti sur le bon et le mauvais gouvernements. Une vision dantesque au Palazzo Pubblico de Sienne. Saint-Gall 2003. Thèse n° 2656.
2     ibid. p. 71
3     ibid. p. 75s
4     ibid. p. 147
5     ibid. p. 163
6     Il ressort des statistiques de la Banque des règlements internationaux (juin 2010) que les ­dettes irlandaises envers des créanciers européens se chiffrent à 508,6 milliards de dollars, dont 148,5 milliards se rapportent à des créanciers britanniques et 138,5 milliards à des allemands. Le reste porte sur des montants nettement inférieurs.
7     S. Walter Meier. Irland und seine Banken als Opfer des Immobilienbooms, dans: NZZ du 26 novembre
8     Le père capucin Kevin Crowley, dans: NZZ du 26 novembre
9     Selon «Irish Times» du 15 décembre. Enquête des 13 et 14 décembre
10     Peter Ulrich. Entretien avec Roger de Weck dans: Sternstunde der Philosophie: Moralspritze für die Wirtschaft. 7 juin 2009 à 11 h 04. Texte publié dans Horizons et débats n° 25 du 22/6/09.
11     Peter Ulrich. Zivilisierte Marktwirtschaft. Eine wirtschaftsethische Orientierung. Berne 2010, 169 pages. ISBN 978-3-258-07604-1. p. 84
12     ibid. p. 83
13     ibid. p. 53
14     ibid. p. 28
15     ibid. p. 29s
16     ibid. p. 40
17     ibid. p. 41
18     ibid. p. 42
19     ibid. p. 63
20     voir Peter Ulrich, p. 68s
21     ibid. p. 74
22     Si le Premier ministre irlandais voit son traitement réduit de 6%, ce qui l’inscrit à 19 000 euros par mois (compte non tenu des prestations supplémentaires), il lui reste de quoi vivre. Si la paie mensuelle d’un travailleur, fixée à 1380 euros par mois (salaire minimal), est réduite de 12%, la survie devient aléatoire.

Que va-t-il se passer après un effondrement de l’euro? Des mesures sont déjà prévues

Des experts financiers allemands ont eux aussi de vives inquiétudes: Les quatre pays en crise que sont l’Espagne, l’Irlande, la Grèce et le Portugal doivent à la République fédérale environ 500 milliards d’euros. L’Espagne vient en tête avec 216,6 milliards (derniers chiffres officiels datant du milieu de 2010), suivie de l’Irlande (!) avec 186,5 milliards. Le pays dont on parle le plus, la Grèce, a une dette de 65,5 milliards. Quant au Portugal, «lanterne rouge», il doit 44,2 milliards. Les spécialistes attirent l’attention sur le fait que plus de 500 milliards de dettes extérieures mettent l’euro en danger. Cela mettrait également en danger un mark solide dont certains sou­haitent le retour.
S’attend-on en Allemagne à une catastrophe monétaire? A en croire les spécialistes, les grandes lignes d’un document stratégique à ce sujet ont déjà été rédigées. En Allemagne et dans d’autres pays européens, on a déjà tout prévu pour le cas où la crise des ­dettes pu­bliques s’étendrait dans la zone euro, où un pays sortirait de l’euro ou en cas de faillite d’un Etat. Il faut s’attendre à une fermeture durant quelques jours des guichets des banques et à la mise hors service des bancomats. En Allemagne, les particuliers et les sociétés (y compris les assu­rances) ont «mis à l’abri» une fortune totale d’environ 4,8 billions d’euros, somme qui dépasse de loin la dette extérieure américaine qui équivaut à 3 billions d’euros. En d’autres termes, les Allemands pourraient payer d’un coup aussi bien la dette extérieure des Etats-Unis que la dette allemande (Fédération, Länder et communes).
Outre la fermeture des guichets et la mise hors service des distributeurs automatiques, il faut s’attendre à la suspension pendant quelques jours des opérations boursières et à des «perturbations» sur Internet, cela afin d’empêcher que de nombreuses personnes s’y donnent rendez-vous pour des manifestations. On songe également à faire appel à l’armée (pour protéger les banques?). Il n’est pas certain qu’un tel scénario menace l’Allemagne, mais on ne peut pas écarter ce risque. Des mesures sont déjà prévues.
Il est donc plus que jamais recommandé de diversifier ses placements et de ne pas se fier uniquement à son compte épargne. Il convient également de se constituer une réserve de liquide destinée aux dépenses courantes d’un mois au minimum.

Source: Vertraulicher Schweizer Brief du 30/12/2010
(Traduction Horizons et débats)