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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°24, 11 juin 2012  >  Rendre son droit naturel à la famille ... [Imprimer]

Rendre son droit naturel à la famille ...

… ensuite le problème démographique se résoudra par lui-même.

Extraits du livre de Kristina Schröder, ministre allemande de la Famille

Dans une société qui respecte la liberté et l’individualité de toute personne et s’abstient d’imposer l’égalité de force, il y aura, en moyenne, toujours des inégalités entre femmes et hommes, de même qu’il y aura toujours des inégalités entre les personnes de 30 ans et celles de 60 ans. Il s’agit de prendre conscience des différences et d’offrir aux uns et aux autres la possibilité de réaliser une vie heureuse selon leurs désirs, et non pas de supprimer les différences entre hommes et femmes au nom de l’égalité! Considérer les résultats inégaux entre femmes et hommes dans les statistiques professionnelles comme discrimination des femmes, conduit dans un cul-de-sac.
Quand on tente de prendre les différences entre les sexes pour diviser l’humanité entre femmes discriminées et hommes privi­légiés, il ne reste, comme mesures politiques, que la restriction des libertés individuelles, en commençant par la tentative d’imposer aux femmes, au travers de conceptions idéologiques et de dépréciation des possibilités alternatives, leur façon de vivre, y compris par des quotas pour les femmes et autres impositions étatiques.

Il est temps de prendre ses responsabilités: vers le monde du travail de l’avenir

Est-il utopique de s’imaginer que le temps consacré à la famille et aux soins sera, à l’avenir, tout aussi courant dans l’histoire de vie des cadres supérieurs féminins et masculins qu’une bonne formation? Est-il utopique de vouloir accorder au personnel de répartir son temps de travail en fonction de la situation familiale de chacun et chacune? Est-il utopique de supprimer la règle coutumière que les phases décisives d’une carrière doivent se faire entre 30 et 40 ans – soit précisément dans la période de vie où la plupart des hommes et femmes fondent une famille? Est-il utopique de croire des mères et des pères de petits enfants capables de diriger une équipe ou un projet avec une présence de 30 heures par semaine? Est-il utopique de penser que de hauts responsables, tels que des membres de la direction d’une multinationale inscrite à l’indice boursier allemand DAX, ou le rédacteur en chef d’un quotidien national, ou l’associée d’un grand bureau d’avocats, puissent consacrer deux demi-journées par semaine entièrement à leurs enfants sans toucher à la liberté de repos en fin de semaine? Est-il utopique de souhaiter que, lors d’un entretien d’engagement, on ne se contente pas de parler salaire, mais aussi du temps à consacrer à la famille ou à sa vie privée? En bref: est-il utopique de pouvoir affirmer «la famille d’abord!», alors qu’on souhaite réussir dans sa carrière? «Si nous étions disposés à consacrer dans le développement et l’application de nouveaux modèles de travail autant d’énergie et d’intelligence que dans l’exploration de nouveaux moyens de transport ou de nouveaux systèmes de communication, alors cette question d’organisation trouverait rapidement sa solution.» Telle fut la remarque d’Iris Radisch [journaliste littéraire allemande, ndt.]. Et il en est bien ainsi!
Etre souverain de l’emploi de son temps, c’est en premier pouvoir dire «la famille d’abord!» quand c’est nécessaire. C’est aussi pouvoir être présent pour son ou sa partenaire, pour des parents atteints dans leur santé, pour ses enfants, sans pour autant se retrouver sur la touche lors de tâches professionnelles importantes ou dans l’effort nécessaire pour une carrière. Etre souverain de l’emploi de son temps est la liberté pour toute personne d’accorder l’importance due à la famille et à son ou sa partenaire – tout spécialement quand on est engagé dans la vie professionnelle. Au lieu de considérer que s’occuper de sa famille est un handicap dans une société fondée sur le rendement individuel, nous devrions remettre en question toutes les contraintes qui réduisent la vie familiale. Il est bon aussi de mettre en avant la vie en couple et la famille à l’encontre des exigences du monde du travail exigeant d’être présent, mobile et flexible en tout temps. Il ne s’agit pas d’une lutte des femmes contre les hommes pour gagner la moitié du monde. Il s’agit d’un combat pour la liberté de l’individu.
On ne peut qu’en tirer la conséquence politique qu’il faut arrêter de tout définir selon les représentations des rôles et de la famille, et mettre les différentes conceptions de la vie au centre de la politique de la famille et de l’égalité. La mission de la politique est d’aider les gens à réaliser leurs propres idées fondamentalement personnelles de ce qu’est une bonne vie. Avoir du temps est essentiel pour favoriser l’égalité et le sens des responsabilités.
Dans la mesure où nous souhaitons bé­néficier de l’égalité dans notre vie en couple, et de cohésion familiale dans la société, il nous faut des marges de manœuvre, mais aussi le courage d’accorder individuellement le rythme de la vie professionnelle à celui de la vie de famille. «Merci, émancipés, nous le sommes nous-mêmes!» serait pour commencer déjà la juste attitude.    •
(Traduction Horizons et débats)

Source: Kristina Schröder et Caroline Waldeck,
Danke, emanzipiert sind wir selber! Abschied vom Diktat der Rollenbilder [Merci, émancipés, nous le sommes nous-mêmes! La fin du diktat des représentations des rôles].

Réimpression avec l’aimable permission des Editions, © 2012 Piper Verlag GmbH, Munich,
paru en avril 2012, ISBN 978-3-492-05505-5