Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°23, 13 juin 2011  >  La bactérie ECEH a-t-elle oui ou non quelque chose à voir avec le fédéralisme? [Imprimer]

La bactérie ECEH a-t-elle oui ou non quelque chose à voir avec le fédéralisme?

ab. Dans la «Frankfurter Allgemeine Zeitung» (F.A.Z.) du 8/6/11, Reinhard Müller écrit: «Fin du service militaire obligatoire. Sortie irréversible du nucléaire. Faut-il maintenant que le fédéralisme soit condamné? Certes, l’ordre fédéral ne peut pas même être supprimé par un amendement constitutionnel accepté à l’unanimité. Mais en des temps comme le nôtre tout paraît possible, même une refondation de l’Allemagne en tant qu’Etat centraliste autoritaire.»
Quoi? L’Allemagne devrait défendre son fédéralisme afin que l’on cesse de parler de la nouvelle bactérie qui semble pourtant répondre à tous les critères d’une arme biologique? D’où vient ce nouveau discours? Ceux qui, en Suisse, ont suivi toute l’affaire de l’ECEH dans la F.A.Z. ­éprouvent un profond respect pour le travail des médecins du Nord de l’Allemagne et le grand soin avec lequel les différents organismes concernés ont fait face à cette situation difficile. Dès le jour où les Services de renseignements ont fait savoir qu’ils étaient «très préoccupés» par cette nouvelle bactérie, chacun pouvait se poser la question de savoir si elle était apparue «naturellement» ou si elle avait été «fabriquée par l’homme». Lors de la grippe aviaire, un débat international a eu lieu à ce sujet qui est resté ouvert jusqu’à la fin. Accuser maintenant le fédéralisme éveille chez les Suisses un réflexe de déjà-vu: lors de la grippe porcine, la confiance dans les directives de Thomas ­Zeltner était si entamée qu’une grande partie de la population n’a pas voulu se faire vacciner. Pour détourner l’attention de cette perte catastrophique de confiance, le directeur de l’OFSP en a immédiatement rendu responsable la structure fédérale. Selon lui, les directeurs cantonaux de la santé n’avaient pas été suffisamment actifs et n’avaient pas parlé d’une seule voix. Ils ont répliqué avec vigueur qu’ils avaient accompli leur devoir de manière très scrupuleuse et qu’ils connaissaient mieux leur population et ses besoins divers qu’un office fédéral bernois. (Le journal télévisé alémanique a évoqué la question le 14 novembre 2009.) D’ailleurs, le 26 avril 2011, l’Administration fédérale a rendu public les faits suivants: «Les derniers vaccins non utilisés contre la grippe porcine seront détruits à la fin de l’année: 3,4 millions de doses sont concernées. Au total, la Confédération aura éliminé des vaccins de ce type d’une valeur de 56,4 millions de francs (Source: Office fédéral de la santé publique et ats du 26/4/11). Tout cela sur le dos des contribuables …
Reinhard Müller écrit avec raison que les structures ne devraient être modifiées «que si la sécurité est réellement en danger, comme on l’a constaté dans la lutte contre les risques du terrorisme transfrontalier.»
Georg Paul Hefty aborde la question sous un autre angle (F.A.Z. du 9/6/11). Dans un article intitulé «Premier succès», il écrit: «Etant donné la longue période d’incubation qui peut aller jusqu’à 10 jours après la contamination, avoir trouvé ce que les patients ont en commun est, vu leur nombre élevé, environ 2000, représente un exploit remarquable. Il a fallu de nombreux collaborateurs, pas seulement dans les hôpitaux, mais également dans les exploitations agricoles. Le ‹coordinateur central du gouvernement› que l’on demande maintenant n’aurait pas pu assumer cette tâche.» Cette situation nous amène nécessairement à la conclusion suivante: Notre génération du boom écono­mique qui jouit des très bonnes conditions de vie d’un pays industrialisé devra réapprendre à louer les exploits humains et scientifiques et se montrer reconnaissante de ce que l’on ait pu si bien venir à bout de cette crise. Selon Hefty, «le principe ­propre au fédéralisme qui veut que ‹quatre yeux voient plus de choses que deux› vaut toujours mieux que la maxime ‹Tout le monde doit m’obéir!›. Les meilleurs spécialistes peuvent aussi tomber dans la routine et il est alors utile que plusieurs personnes soient habilitées à participer à la recherche et à la réflexion. Le commissaire européen Dalli qui se montrait critique avant de participer à la réunion au sommet allemande, a été très admiratif lorsqu’il a vu à Berlin la multiplicité des recherches et l’échange d’informations bien coordonné.» Et Reinhard Müller se déclare convaincu que la Fédération et les Länder examineront s’il y a urgence à agir ou non. «Cela concerne peu nos voisins européens. Ils devront continuer d’accepter le fédéralisme allemand comme nous devons accepter leur centralisme. L’Europe est ainsi faite.» Voilà des paroles claires et nettes qui font du bien. Nous autres ­Suisses souhaitons depuis longtemps en entendre de semblables dans la bouche de certains de nos politiques!
Une fois encore, bravo aux Allemands du Nord d’avoir si bien maîtrisé la crise.    •