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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°31, 8 août 2011  >  «Nous devons préserver la liberté, l’indépendance, la neutralité, le respect mutuel et la responsabilité individuelle» [Imprimer]

«Nous devons préserver la liberté, l’indépendance, la neutralité, le respect mutuel et la responsabilité individuelle»

Allocution du 1er-Août du conseiller national Jakob Büchler, prononcée à Schänis (SG)

Le jour de la Fête nationale, on se souvient des valeurs essentielles que la Suisse connaît depuis des siècles. Nous devons préserver la liberté, l’indépendance, la neutralité, le respect mutuel et la responsabilité individuelle. Dans une société ouverte, différentes idées et conceptions du monde s’opposent. La voie que nous avons choisie, la démocratie directe, a fait ses preuves. Elle est inscrite dans notre Constitution fédérale et reste valable pour l’avenir.

Il y a 720 ans que les trois premiers Confédérés se réunissaient sur le Grütli: Walter Fürst, d’Uri, Werner Stauffacher de Schwyz et Arnold de Melchtal d’Unterwald.

Les avez-vous déjà rencontrés, ces trois vaillants héros nationaux? Non? Moi oui, dans le hall de la coupole du Palais fédéral, à Berne. Ils pèsent chacun 8 tonnes. Ce sont donc des poids lourds de la politique. Ils sont gardés par quatre lansquenets qui symbolisent les 4 régions linguistiques. Il existe en Suisse 63,7 % d’Alémaniques. 20,4 % parlent français, 6,5 % italien et 0,9 % rhéto-roman. Restent 9 % qui parlent d’autres langues. Ils sont de plus en plus nombreux.

Pourquoi est-ce que je vous dis cela?

Parce que la recette de réussite de notre pays est la diversité dans l’unité.

Notre liberté est inestimable, bien que l’on prétende souvent que dans notre pays elle n’est plus ce qu’elle était.

C’est peut-être juste dans certains cas mais quand nous nous comparons à d’autres pays, nous constatons que notre liberté est encore intacte. A ce sujet, je voudrais dire deux choses:

Il n’y a pas de liberté sans sécurité.

Il n’y a pas non plus de sécurité sans liberté.

Sans sécurité, l’homme ne peut ni déve-lopper ses forces ni jouir de leurs fruits, car sans sécurité, il n’y a pas de liberté.

Wilhelm von Humboldt (1767–1835)

Selon un sondage, le peuple suisse se sent en sécurité. C’est réjouissant. Il n’y a plus eu de guerre en Suisse depuis 160 ans. Dieu merci!

Mais ce n’est pas une raison pour se croiser les bras et croire que la paix sera éternelle. Les choses peuvent changer subitement.

Qu’est-ce que la sécurité?

La sécurité a plusieurs aspects:

Ce peut être la sécurité de l’emploi. Elle est encore bien assurée.

Il y a aussi la sécurité de la protection sociale. L’AVS est particulièrement importante pour les personnes âgées.

Il y a également la sécurité des rues pendant la nuit. Elle est avant tout importante pour les femmes.

Les nouveaux dangers sont les suivants:

•          L’endettement des Etats européens: Le gouvernement et le Parlement grecs veulent faire des économies mais le peuple n’est pas d’accord.

•          Les plans de sauvetage ne s’attaquent qu’aux symptômes mais ne modifient pas la stratégie. D’autres Etats - l’Italie, le Portugal, l’Espagne - ont été pris dans le tourbillon de la crise de l’endettement.

•          «L’euro est un échec» pouvait-on lire récemment dans un journal suisse.

Vous allez me demander ce que cela a à voir avec nous autres Suisses. Beaucoup de choses. Le franc suisse devient de plus en plus fort parce qu’il est considéré comme une monnaie sûre. Si nous sommes dans cette situation, ce n’est pas parce qu’il serait bien meilleur, mais parce que les autres monnaies sont devenues faibles. Pour beaucoup d’investisseurs, le franc suisse représente un refuge sûr.

Le franc fort représente un risque pour notre conjoncture. Certes, les carnets de commande de nos entreprises sont encore pleins mais leurs marges se réduisent, surtout dans l’économie d’exportation. Certaines grandes entreprises se demandent si elles ne vont pas délocaliser leur siège à l’étranger, quand elles n’y sont pas déjà.

Qui aurait pensé que la plus grande nation du monde, les Etats-Unis, pourrait un jour être insolvable? Et cela à un moment où la Chine et l’Inde sont en plein essor. Les fiers Etats-Unis qui pendant des décennies ont joué les gendarmes du monde! […]

La globalisation

La notion de globalisation est le fil conducteur de notre époque mais sa mise en ?uvre n’est pas si facile.

Aujourd’hui, la coopération économique entre les différents Etats est indispensable, et c’est bien ainsi. Il faut la poursuivre.

La collaboration politique est autre chose. On ne peut pas la comparer avec la coopération économique.

Cela vaut également pour la politique financière et pour la politique de sécurité. L’euro rencontre des problèmes et le dollar ne se porte pas mieux.

Les Etats membres de l’OTAN ne sont pas d’accord entre eux. C’est ce qu’a montré l’engagement en Libye.

Chaque pays a ses priorités et sa population, ses particularités topographiques et climatiques, etc.

Il n’est pas possible de faire des Européens de tous les peuples d’Europe. Un Français restera toujours un Français, un Italien un Italien, un Grec un Grec.

Examinons ce qui se passe dans le sport. La Coupe du Monde de football: chacun voudrait occuper la première place. Toute la population du pays champion participe à la fête. En cas de défaite, le peuple tout entier cherche les causes.

En ce qui concerne les sports d’hiver, personne ne dit: «Un Européen a gagné la course du Lauberhorn.» C’est un Suisse, ou un Autrichien.

Dans sa diversité, la Suisse est organisée de la même manière. Pour nous tous, l’appartenance à un canton est importante. […]

L’appartenance à une commune est également importante.

Chacun a une origine et il y tient. Il en a toujours été ainsi, c’est dans nos gènes.

Dans les petites comme dans les grandes choses, l’homme est finalement attaché à ce qui lui est proche et on ne peut pas facilement le faire entrer dans des schémas. C’est valable dans la famille, dans le couple, dans la profession, dans la société, dans tous les pays. C’est aussi un peu de liberté qui appartient à chacun, à quoi on ne renonce pas facilement.

Conclusions

  1. Nous devons tous être reconnaissants de vivre dans un pays où l’on jouit de la paix et de l’ordre grâce aux principes de l’Etat de droit.
  2. Il nous faut veiller à l’endettement de notre pays. Les exemples des Etats voisins montrent ce qui peut arriver.
  3. Nous devons nous préoccuper de notre protection sociale. Il faut sauvegarder l’AVS et l’AI afin qu’elles existent encore dans 10, 20, 30, 50 ans.
  4. Notre économie doit conserver sa place. La compétitivité internationale doit être maintenue, la paix sociale également.
  5. En ce qui concerne la politique énergétique, un approvisionnement énergétique sans faille doit pouvoir être possible. Les nouvelles technologies sont absolument nécessaires et il convient de les promouvoir.
  6. L’agriculture suisse doit continuer d’assurer l’approvisionnement alimentaire du pays au cours des prochaines décennies.

Nous devons maîtriser l’avenir sur la voie efficace de la démocratie directe. Je suis persuadé que nous y parviendrons.          

(Traduction Horizons et débats)

 

Appel pour le 720e anniversaire de notre Suisse

De nos jours, alors que nos autorités sont prêtes à lâcher morceau par morceau notre souveraineté, nous désirons commémorer ceux qui ont combattu pour notre liberté et notre indépendance et qui nous ont confié ces valeurs irremplaçables pour les transmettre aux générations futures.
Que Dieu nous en donne le courage et la force.

Le défi

Que le «Guillaume Tell» de Schiller soit une vérité historique où un mythe est secondaire, tout au long des siècles, «Tell» reste le défi de se confronter à la malice des temps.
«Tell» est l’épine dans la chair des opportunistes, qui «cherchent la bienveillance des princes et veulent se joindre aux puissants».
Des opportunistes qui «cherchent la bienveillance des princes» il y en a eu de tout temps. De nos jours précisément, ils réapparaissent de plus en plus souvent sous des déguisements multiples. «Tell», lui, vit au sein du peuple, tandis qu’à la Berne fédérale, les «Rudenz»*, les opportunistes, s’activent à brader la liberté et l’indépendance.

Rudolf Burger

Source: Mediawatch no 178/juin 2011, feuille d’information de la «Vereinigung Medienpanoptikum» (Traduction Horizons et débats)

*La figure d’Ulrich von Rudenz est illustrée dans le «Guillaume Tell» de Schiller, en tant que seigneurie fortunée d’Unterwald et d’Uri au XIIIe siècle, ndlr.