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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°26,25 juin 2012  >  Est-ce que les rebelles ont quand même été les auteurs de Houla? [Imprimer]

Est-ce que les rebelles ont quand même été les auteurs de Houla?

par Michael Wrase

Des témoins locaux accusent les rebelles syriens d’avoir commis le massacre de Houla. Cependant, c’est seulement
une enquête indépendante qui pourrait apporter des précisions sur les atrocités commises.

Lors du massacre de Houla, du 25 mai, au moins 108 civils ont été tués, dont beaucoup de femmes et d’enfants. Les auteurs du crime étaient, selon l’opposition, les milices Shabiha du président Assad qui «passaient de porte en porte pour massacrer». Cette description a été contredite entre temps par plusieurs témoins oculaires, qui – indépendamment les uns des autres – ont été interrogés par des journalistes des médias étrangers.

Une démarche «bien précise»

Ils ont déclaré à l’unanimité qu’il s’est agi «presque exclusivement de familles de la minorité alaouite et chiite» de Houla, dont les habitants sont à plus de 90% des Sunnites. «C’est ainsi, qu’ils ont abattu plusieurs dizaines de membres d’une famille qui se sont convertis ces dernières années de l’Islam sunnite à l’Islam chiite», a rapporté le correspondant du Proche-Orient de la «Frankfurter Allgemeinen Zeitung» (FAZ), Rainer Hermann, de Damas le week-end dernier. Le journaliste qui travaille depuis 20 ans au Proche-Orient, se réfère aux op­posants de la région de Homs refusant de faire recours à la force. D’après leurs déclarations, «les assassins auraient filmé leurs victimes, les ont fait passer pour des victimes sunnites et auraient diffusé les vidéos sur Internet.»
Les journalistes de la télévision russe, Marat Musin et Olga Kulygina, ont confirmé la description dans la FAZ. Selon leurs recherches, les bandes d’assassins n’ont absolument pas passé de porte en porte à Houla, mais ont procédé dans «un but précis». On a tué deux «famille aisées qui ont été considérées comme traîtres parce qu’elles n’ont jamais soutenu les rebelles avec des dons».

«Les hommes à la tête rasée»

La liste des noms des morts, diffusée par l’opposition, prouve qu’il s’agit en particulier des victimes de la grande famille Al-Sayed et Abdul Rasak. Un des fils des Sayed, Ali Al-Sayed, agé de onze ans, a survécu au massacre parce qu’il a fait le mort. Dans un rapport publié par l’agence de presse AP, Ali décrit les agresseurs comme «des hommes à la tête rasée et portant des longues barbes» – une description qui correspond davantage à des rebelles radicaux islamiques qu’à des milices Shabiha d’Assad.
Pourquoi donc ces derniers devraient-ils tuer leur propre peuple, les Alaouites et les Chiites, se demande également le «Guardian», dont les recherches signalent que les quelques survivants du massacre parlaient avec un «accent alaouite».
Dans la foulée, la direction du monastère de Qara situé au sud de Houla, interviewée par le journaliste néerlandais Martin
Jansen, a des doutes concernant la culpabilité de la milice Shabiha. Le monastère a déclaré dans un communiqué que ceux qui ont été assassinés étaient victimes d’«une chaîne de violence et de torture sans fin», dont les victimes sont avant tout ceux qui avaient refusé de soutenir les rebelles. L’agence de presse Fides, proche du Vatican, a fait remarquer dans un communiqué publié le 30 mai qu’il y a également eu «des centaines de chrétiens» parmi les victimes de l’escalade de la violence dans la région de Homs. Ils auraient quitté, après le massacre de Houla, la région contrôlée en partie par les rebelles, parce qu’ils avaient peur «d’être persécutés comme protégés du régime d’Assad».

Des traces déjà effacées?

Ce n’est qu’une enquête indépendante qui pourrait déterminer les vrais coupables du massacre de Houla. Mais il est probablement déjà trop tard. Parce que la plupart des pistes des atrocités récentes en Syrie seront systématiquement effacées.     •

Source: St. Galler Tagblatt du 12/6/12
(Traduction Horizons et débats)