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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°49, 12 décembre 2011  >  Une nouvelle guerre au Proche-Orient? [Imprimer]

Une nouvelle guerre au Proche-Orient?

Un génocide pour compenser des dettes souveraines?

par H.W. Gabriel, ingénieur

hd. Le texte ci-dessous examine à la loupe avec objectivité et précision la situation actuelle et ses dangers. Il est inadmissible que tous les pays européens associent l’OTAN à la guerre contre l’Iran en préparation aux Etats-Unis et en Israël. Les pays démocratiques, avec leurs pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ont le droit de prendre eux-mêmes leurs décisions existentielles. La politique d’alliance d’avant la Première Guerre mondiale a entraîné un pays après l’autre dans la catastrophe: répéter cela serait criminel. Les Etats-Unis ont suffisamment à faire chez eux. C’est là qu’ils doivent prouver qu’ils sont capables de démocratie et qu’ils peuvent apporter leur contribution à la construction de l’avenir.

Le contexte

Ce n’est un secret pour personne que les guerres de Corée, du Vietnam, d’Irak, du Liban, d’Afghanistan et de Libye ont été financées à crédit. Au moyen âge déjà les Fugger prêtaient de l’argent à l’Empereur pour financer ses guerres.

La crise des dettes et des monnaies dans les zones dollar et euro

Aujourd’hui, faute de victoires rentables et en raison de la récession, il est impossible de rembourser les dettes et d’en payer les intérêts.
Pour différer l’effondrement des «monnaies de guerre» – un peu après 2013 – on commence par traire la vache à lait qu’est la zone euro (puis ce sera le tour de la Suisse). Cette zone euro est considérée comme une vassale contrainte de payer un tribut. Comme cette mesure, en cas d’effondrement de l’euro, ne permettra pas de mettre la main sur l’économie européenne, les dettes de guerre subsisteront.
L’abandon de l’euro contraindra l’Europe à adopter la monnaie des Etats-Unis et à participer à leur jeux guerriers avec une OTAN soumise au dollar dans laquelle les Européens seraient réduits au rôle de chair à canon incapable de se défendre. Le recours à l’OTAN sur ordre des possesseurs des banques centrales est un cauchemar.
On n’a pas encore expliqué aux populations avec quelle dureté et quelle énergie criminelle on mène la guerre des monnaies (euro contre dollar et livre anglaise). Elles seraient étonnées de voir comment les alliés et les amis se comportent entre eux.

Montée en puissance politique et économique des pays BRICS

L’association encore assez lâche des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) devrait évoluer vers une union monétaire indépendante du dollar. Les Etats endettés vont prendre toutes sortes de mesures pour éviter au dollar de perdre son statut de monnaie de réserve. La première sera sans doute de chercher à couper la Chine et l’Inde de leurs fournisseurs de matières premières, notamment l’Iran.

Affaiblissement de la puissance occidentale en raison de la prolifération nucléaire

Pourquoi le nombre des pays disposant de l’arme nucléaire a-t-il augmenté? D’après le Traité de non-prolifération nucléaire, seuls 5 pays ont le droit de posséder l’arme nucléaire: les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et la France. Or Israël, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord la possèdent également.
En outre, quelque 15 autres pays seraient capables de fabriquer rapidement des armes nucléaires. Il s’agirait d’une solution politique valable et difficilement attaquable (one week to the bomb).
Comment en est-on arrivé à cette dégradation de la situation? Voici quelques explications:
a)    Le volume des matériaux nécessaires à la production des armes nucléaires s’est réduit et leur contrôle est devenu plus difficile.
b)    L’AIEA ne contrôle strictement que les Etats qui ne sont pas protégés par l’Occident. Il a délibérément fermé les yeux en ce qui concerne Israël et l’Afrique du Sud.
c)    Le Traité de non-prolifération nucléaire n’a pas été respecté par les puissances nucléaires. Elles n’ont pas désarmé et vont même jusqu’à menacer les Etats non nucléaires d’utiliser des armes nucléaires à leur encontre.
–    Le croisé Bush a même réussi l’exploit, en 2002, de menacer ses «Etats voyous», notamment la Corée du Nord, la Syrie, le Liban et l’Iran, de les attaquer avec des armes nucléaires miniaturisées et il a justifié la guerre contre l’Irak à l’aide du mensonge concernant l’existence «prouvée» d’armes de destruction massive.
–    Le même Bush a menacé la Suisse de lui envoyer un missile de croisière si elle ne se comportait pas comme il l’entendait.
–    En 2002, des politiques israéliens ont déclaré en toute amitié que si l’on ne soutenait pas Israël, celui-ci pourrait envoyer des missiles également sur des villes européennes.
–    En 2006, l’Etat hébreu a attaqué le Liban sous prétexte de libérer un unique soldat prisonnier. Il est absolument certain que lors des bombardements massifs on a utilisé des mini-bombes nucléaires anti-bunkers (preuves: les dimensions, les lignes spectrales et du béryllium 7). Cette attaque, prévue depuis longtemps, était destinée à tester l’efficacité de ces armes et la capacité de résistance des chiites. Mais la guerre n’était pas uniquement dirigée contre la population chiite, mais contre la population tout entière, également contre les chrétiens.
    Parmi les 1600 morts se trouvaient, semble-t-il, plus de 20 citoyens allemands.
    Israël a perdu la face devant une milice qui défendait son pays avec motivation.
–    Comme on a pu le lire dans la presse, il est prévu de livrer aux Etats sunnites du Golfe un grand nombre de mini-bombes anti-bunker. Honni soit qui mal y pense.
Dans une telle situation, il n’est pas étonnant que les Etats menacés cherchent à rétablir l’équilibre en matière d’armement.
La prolifération nucléaire résulte du fait que des politiques imbéciles et mégalomaniaques menacent d’utiliser l’arme nucléaire. Dans l’intérêt de la communauté internationale, on devrait les priver de ces armes de destruction massive. En particulier depuis qu’ils ont exprimé leurs fantasmes contraires au droit international et à l’éthique en disant: «Si quelqu’un a l’intention de te tuer, tue-le le premier.»

Montée en puissance

des forces religieuses fondamentalistes
Les musulmans d’Allemagne sont persuadés que l’islam finira par être victorieux en Europe parce que les chrétiens ne sont plus pratiquants et se contentent du baptême religieux. La «radicalisation» des religions se manifeste de la manière suivante:
–    Les groupes sunnites d’Arabie saoudite sont responsables de presque tous les attentats terroristes. Ils préparent l’anéantissement des chiites, c’est-à-dire de l’Iran. Al-Qaida s’est développé librement en Arabie saoudite, pays particulièrement protégé par les Etats-Unis.
–    Aux Etats-Unis, le développement des religions et des sectes a créé d’énormes centres de pouvoir clandestins. Or on n’a guère parlé jusqu’ici de leur influence.
–    Les juifs orthodoxes ont assassiné leur propre président Rabin en 1995, les musulmans orthodoxes leur président Sadate et les musulmans pakistanais leur candidate à la présidence Bhutto.
–    La fondation de l’«Etat théocratique chiite d’Iran» en 1979 a renforcé la confiance en eux de tous les groupes islamistes, réduit l’influence économique et renforcé les mouvements de libération de tout le Proche-Orient.
    En 1980, l’Occident chrétien a poussé son allié sunnite Saddam Hussein à attaquer l’Iran pour le faire exécuter par la suite après son échec.
–    La politique israélienne est essentiellement déterminée par de petits partis orthodoxes qui souhaitent également établir une théocratie et un Grand-Israël.
–    Les groupes dont on bénit les armes, qui considèrent qu’ils appartiennent à un peuple élu, à une race de seigneurs, qui se croient des guerriers de Dieu, sont toujours enclins à mépriser les intérêts d’autrui, à pratiquer la violence, notamment les attentats-suicides.

Manipulation des mouvements de libération musulmans pour préparer des guerres économiques et religieuses

En particulier dans le monde arabe, les mouvements de libération se développent contre les despotes et les influences postcoloniales.
Comme dans l’islam le Coran sert de ligne de conduite de vie, une démocratie indépendante de la religion a peu de chance de se développer.
Le slogan «Nous vous apportons la démocratie» n’est qu’une justification des guerres économiques et de la déstabilisation intérieure. En voici quelques exemples:
a)    Après les élections présidentielles iraniennes de 2009, la presse mondiale a prétendu qu’il y avait eu des «fraudes électorales», que ce n’était pas Ahmadinejad qui était vainqueur mais son adversaire Mousavi. Le porte-parole pour l’étranger de Mousavi, le dénommé Mohsem Makhmalbat en aurait fourni les preuves. Or Mousavi a dû reconnaître qu’il n’avait pas de porte-parole. La presse n’a pas cessé de participer à la déstabilisation: elle continue de nourrir des clichés négatifs alors qu’elle ignore l’origine des personnes et des influences.
b)    En 2005, la Syrie a été accusée d’avoir assassiné Hariri. C’est ce qu’affirmait un procureur allemand sur la base d’informations des Services secrets. Or deux ans après, il s’avéra que ses sources étaient des faux. L’assassinat de Hariri est le résultat d’une attaque aérienne, comme bien d’autres assassinats. Actuellement, déstabilise-t-on la Syrie pour éliminer un allié de l’Iran?
c)    Au Koweït, les députés au Parlement ont reçu 350 millions de dollars de pots-de-vin. Un mouvement de protestation occupe le Parlement. L’Emir et le Premier ministre criminalisent l’opposition et protègent les parlementaires corrompus.

Options de l’Occident pour conserver son pouvoir économique et militaire

La meilleure option de l’Occident serait une politique fondée sur le christianisme et la Révolution française. Or, étant donné les structures de pouvoir actuelles, elle a peu de chance de se réaliser. Avec la mentalité intacte de cow-boy, c’est l’option militaire qui domine.
Malheureusement, il faut partir de l’hypothèse qu’une attaque ponctuelle des installations nucléaires iraniennes va entraîner une guerre s’étendant à tout le Proche-Orient et dégénérant en guerre mondiale. On ne peut mettre un coup d’arrêt à cette évolution que si l’on parvient à exposer les vrais motifs d’une guerre: il n’y a pas de menace existentielle réelle; la guerre ne sert qu’à permettre à des oligarchies et à leur système financier de se maintenir.
Si tant est que l’on a imposé à nos démocraties un système financier oligarchique reposant sur le fonctionnement de la planche à billet, l’escroquerie, les intérêts usuraires et le financement caché des guerres, on peut l’éliminer pour des raisons aussi bien juridiques qu’éthiques. Cette option est plus humaine qu’une guerre mondiale ayant recours à des armes classiques, biologiques et nucléaires.

Aspects d’une guerre contre l’Iran.

Pour justifier une attaque contre l’Iran, on invoque le rapport de l’AIEA (dirigé par le Japonais Amano) qui contient des allusions à d’anciens programmes d’armes nucléaires de l’Iran. Ici aussi des informations non vérifiables des Services secrets jouent un rôle essentiel.
Ce sont précisément d’anciens utilisateurs des installations pétrolières de l’Iran (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Pays-Bas) qui menacent l’Iran de guerre.
Quatre puissances nucléaires (si l’on compte Israël qui a développé l’arme nucléaire en secret) menacent un pays libre supposé posséder l’arme nucléaire.
Ces quatre pays membres de l’OTAN pourraient entraîner dans l’abîme toute l’Alliance atlantique en invoquant la clause de défense mutuelle.
Considérons objectivement les chances de réussite d’une attaque:

Adversaires en présence

Sont favorables à l’attaque:
officiellement: Les Etats-Unis,
la Grande-Bretagne, Israël, les Pays-Bas
officieusement: L’Arabie saoudite, les Emirats

Sont opposés:

Officiellement: l’Iran, la Syrie,
le Liban-Hezbollah, l’Irak
Officieusement: Gaza, l’Egypte, la Chine, la Russie

Ouverture des hostilités

Ce sont des réflexions tactiques et d’éventuelles feintes qui détermineront qui ouvre les hostilités. On peut supposer qu’on aura affaire à une guerre de missiles entre Israël/Etats-Unis et l’Iran.

Israël:

Superficie: 20 000 km2
Population: 4,4 millions, dont 82% de juifs
210 habitants/km2

Iran:

Superficie: 1 648 000 km2 (80 fois plus qu’Israël!)
Population: 56 millions (14 fois plus
qu’Israël!)
33 habitants/km2

Distances/Délais de préalerte pour les missiles

Israël-Iran ou Iran-Israël (1300 km): 0,5–2 heures
Sous-marin israélien ayant pénétré dans
le golfe Persique: 10 minutes
Syrie/Liban-Israël (10–200 km): 5–20 minutes

Installations nucléaires connues

Iran: 8
Israël: 16 (une liste a été publiée qui indique les sites avec précision)

Les armes et leurs effets

(hypothèses reposant sur des éléments réels)
Dans un premier temps, il ne faut pas s’attendre à une guerre au sol.
On suppose que les deux adversaires utiliseront des armes nucléaires tactiques.
Ils disposent tous les deux de systèmes porteurs.
Les systèmes porteurs israéliens ont une électronique d’excellente qualité, mais ne pourraient pas toujours résister aux impulsions électromagnétiques (IEM).
On peut considérer les systèmes anti-missiles comme en grande partie inutiles.
Depuis les années 1960, Israël possède des armes nucléaires stratégiques et tactiques. Les chiffres avancés oscillent entre 200 et 500. En outre, il possède une grande quantité de mini-bombes nucléaires anti-bunkers.
Les systèmes porteurs (missiles) iraniens devraient pour la plupart fonctionner sans commande vulnérable aux IEM: ils sont moins vulnérables mais moins précis.
Selon toute vraisemblance, l’Iran ne possédait pas d’armes nucléaires avant 2002. Mais un Etat menacé de 56 millions d’habitants et possédant 22 universités est en mesure de fabriquer des bombes nucléaires dans un délai de 3 à 6 ans. Il n’a pas besoin pour cela (comme on nous le fait croire) d’usines d’enrichissement d’uranium de grande taille.
Pour affirmer cela, nous nous fondons notamment sur ce qui s’est passé au Pakistan, en Irak et dans une douzaine de pays nucléaires émergents.
Ceux qui ne veulent pas reconnaître ces faits cherchent à faire croire à l’opinion que nous vivons dans un monde où tout va bien et à lui cacher l’échec des instances de contrôle.
Les études préparatoires concernant l’Irak (dans la mesure où les données et les documents à ce sujet ont continué à être remis après 2002) permettent d’estimer quelles armes nucléaires ont été utilisées et combien peuvent être assemblées dans un bref délai. Leur nombre dépend des besoins de la défense et leurs spécifications de la technologie utilisée (très probablement la fusion par confinement inertiel /FCI).
Les armes nucléaires tactiques ont une puissance explosive de moins de 5000 tonnes de TNT (1/3 de la bombe d’Hiroshima) mais, selon une définition incompréhensible de l’ONU et de l’AIEA, ne sont pas considérées comme des armes de destruction massive.
Les mini-bombes nucléaires d’environ 0,1 t de TNT – qui, en ce qui concerne leurs effets, ne peuvent guère être considérées comme des armes nucléaires – suffisent pour faire sauter des bunkers.
Même le Pakistan, comme beaucoup d’autres Etats, a été capable de fabriquer des mini-bombes nucléaires grâce à la technologie de la FCI.
Si l’on utilise, pour attaquer un centre nucléaire, outre un grand nombre de mini-bombes anti-bunkers, une bombe tactique de 4 kt de TNT, mise à feu à une altitude de 500 m, on détruit chaque fois toute vie humaine ainsi que les communications sur une superficie de 50 à 100 km2.
Pour l’Iran, cela représente jusqu’à 26 000 morts et personnes vouées à la mort et pour Israël 330 000.
Si l’on prend pour base non pas la densité moyenne de population mais celle des centres urbains, le nombre des victimes – pour la plupart civiles – tuées augmente d’un facteur 1,5 à 3.
Une extension de la guerre aurait pour but d’anéantir les populations chiites d’Iran et d’Irak. Alors des millions de musulmans s’attaqueraient aux «chrétiens» du Proche-Orient et d’ailleurs.
On devrait moins songer à une extension de la guerre qu’aux moyens d’éviter la guerre.

Remontons le cours de l’histoire

En 538 av. J.-C., le roi de Perse Cyrus II permit aux juifs de rentrer chez eux après leur captivité à Babylone et de reconstruire le Temple de Jérusalem. Il reconnut la Thora comme loi d’Etat.
En 70 apr. J.-C., des juifs rebelles se réfugièrent, au mépris de la règle religieuse, dans le Temple qui fut incendié (contre la volonté du général romain Titus). La phrase suivante de ce dernier nous est parvenue: «Les juifs ne savent pas quand ils ont perdu une guerre.»
En 73, les derniers rebelles commencèrent à se suicider à Massada après avoir tué leurs femmes et leurs enfants. Le serment «Plus jamais Massada ne tombera!» peut être interprété de diverses manières.

Devoirs des Européens

La situation économique et sécuritaire exige des décideurs politiques européens un changement de cap afin de satisfaire aux intérêts de leurs populations.
Une première mesure devrait être d’unir les forces européennes comme cela s’est produit de manière exemplaire au Grütli.
Il faudrait examiner objectivement les problèmes posés par les anciennes alliances et amitiés et décider de nouvelles alliances.
300 millions d’Européens ne doivent pas se laisser asservir par des potentats étrangers. Ils doivent renforcer considérablement leur capacité de défense.    •