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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°1, 9 janvier 2012  >  Le Bien commun est primordial [Imprimer]

Le Bien commun est primordial

Conseil fédéral: et maintenant, au travail!

par Suzette Sandoz, ancienne conseillère nationale, Pully

Les jeux sont faits. Le temps des commentaires hargneux ou satisfaits est passé. La guerre économique mondiale fait rage. Le pays a besoin d’un Conseil fédéral fort, c’est-à-dire dont les membres forment un vrai collège, et les partis politiques doivent cesser de compter leurs sièges sur leurs doigts et de mettre leur ego – ou celui de leur chef de file – avant l’intérêt général.
Les quatre grands partis du pays sont présents dans l’exécutif fédéral dont ils occupent six des sept sièges. Le principe de la concordance est respecté. La question arithmétique ne sera jamais résolue de manière pleinement satisfaisante, à moins de modifier le nombre de sièges à chaque élection pour qu’il soit facilement divisible ou de déboulonner des personnes à chaque changement numérique des forces partisanes.
Le septième siège est resté attribué à une personne qui n’a pas démérité, qui est au sein du collège exécutif depuis le début de la crise mondiale, et qui serait encore membre du plus grand parti de Suisse si les querelles intestines du même parti ne l’en avaient exclue. Voilà l’histoire. Tournons la page. On reconnaît la grandeur politique à la capacité de s’élever au-dessus des criailleries. Une occasion est offerte maintenant à l’UDC de se montrer digne de la confiance que lui ont accordée de très nombreux citoyens. Ce serait trahir cette confiance que de passer dans l’opposition et compromettre ainsi l’équilibre et la stabilité du pays à un moment où ces deux qualités sont vitales pour faire face à l’agression et à la jalousie de l’Union européenne et des Etats-Unis, en crise, pour ne pas dire en guerre.
Il convient maintenant de regarder vers l’avenir, un avenir orageux où notre pays est déjà et sera encore en butte aux attaques de ses voisins affolés par la crise monétaire et économique dont ils sont largement responsables. Comme les Etats-Unis vivent, pour d’autres raisons, une crise économique analogue, on peut hélas bien parler de guerre économique mondiale. Cette guerre, qui n’est pas militaire, implique d’abord des méthodes d’intimidation psychologique, pour obtenir des avantages financiers. Et c’est sur ce plan notamment que le Conseil fédéral – mais aussi le parlement – doit être très ferme et uni. Il ne faut jamais céder à une accusation quelconque de type moral, car c’est là que l’on essaie de nous «avoir» sachant que nous voudrions être des parangons de vertu.
Alors osons dire: Non! Notre système fiscal n’est pas honteux. La compétence des cantons en la matière est parfaitement légitime. Elle est adaptée à la vie et aux besoins de nos concitoyens et c’est à vous, voisins, de prendre chez vous des mesures qui rendraient votre paysage fiscal attrayant pour vos habitants.
Non! Le secret bancaire n’est pas scandaleux. Il peut être une protection contre la rapacité de régimes politiques inquisiteurs. Nous allons faire en sorte qu’il ne soit pas utilisé de manière abusive par des personnes peu scrupuleuses, mais faites-en autant dans vos banques.
Non! Le financement de nos partis politiques n’est pas honteusement opaque. Il y a une différence fondamentale entre un système politique, le nôtre, où, sur le plan fédéral, les partis ne financent que l’élection par le peuple des membres du parlement, ce qui délaie considérablement leur influence, et vos systèmes électoraux où les partis financent l’élection par le peuple de membres de l’exécutif qui, eux, en petit nombre, exercent le vrai pouvoir. Vous devez savoir qui paie l’élection de votre président ou de votre premier ministre. Nous n’avons pas besoin de savoir qui soutient financièrement, dans un canton ou dans un autre, tel ou tel membre du parlement.
Non! Notre démocratie semi-directe et notre fédéralisme ne peuvent pas être bradés au nom d’une simplification centralisatrice, parce qu’ils sont une condition absolue de notre paix intérieure et que l’Europe n’aurait pas intérêt à avoir en son sein une poche d’agitation.
OUI! Nous sommes toujours ouverts aux pourparlers, aux discussions, aux recherches de solutions amiables, mais nous parlons en regardant l’interlocuteur dans les yeux, pas en battant notre coulpe!    •

Source: Le Temps du 19/12/11