«Résoudre les problèmes de manière solidaire et depuis la base»A l’occasion du 75e anniversaire de la Caisse d’épargne zurichoise d’aide aux paysans / Caisse de crédit agricole zurichoisepar W. Wüthrich, ZurichIl y a peu, la «Zürcher Landwirtschaftliche Kreditkasse ZLK» (Caisse de crédit agricole zurichoise) a organisé une invitation pour sa fête de jubilé. C’est en 1933 que l’ancienne «Bauernhülfskasse» (Caisse d’épargne zurichoise d’aide aux paysans) – actuellement «Zürcher Landwirtschaftliche Kreditkasse» – a été fondée. Elle représente un cas spécial dans le système des coopératives agricoles. Par la suite, son histoire sera présentée et estimée à sa juste valeur en relation avec le développement du système coopératif. Au XIXe siècle le système des coopératives s’est développé dans les régions rurales comme un véritable mouvement populaire. A cette époque-là une politique agricole de l’Etat, telle que nous la connaissons de nos jours, n’existait pratiquement pas encore. Les paysans se sont aidés eux-mêmes – en créant des coopératives laitières et de fromagerie, d’élevage et d’économie d’alpage. Il y avait et il y a toujours des coopératives dans les domaines de l’arboriculture et de la viticulture. De grandes coopératives ont soutenu l’achat de moyens de production et la vente des récoltes. Les coopératives de consommation s’occupent des besoins quotidiens. Les paysans se retrouvent dans des coopératives pour l’achat et l’utilisation de machines agricoles qu’elles mettent à disposition, par exemple des machines pour récoltes, très coûteuses, qu’un paysan seul ne pourrait jamais s’acheter. Dans les régions rurales s’est formé au courant des décennies – et pas seulement en Suisse – un réseau très dense de vie coopérative qui a marqué la manière de vivre dans les familles et les communes rurales. Coopératives de créditSimultanément avec les innombrables coopératives agricoles, des institutions ont été créées qui mettent à disposition des crédits avec un taux d’intérêt avantageux. Il faut mentionner comme exemple les Caisses Raiffeisen. L’association suisse vient de fêter, il y a cinq ans, 100 ans d’existence. En 1899 le pasteur Traber a fondé la première caisse à Bichelsee TG. Les Banques cantonales ont également pris en considération les besoins financiers des paysans dans leur politique d’entreprise. Dans les années 1880, lors de la crise agricole de l’époque, on a revendiqué que des conditions de crédit favorables soient offertes aux coopératives agricoles. Cette revendication a été ancrée en 1902 dans la Loi fédérale sur les banques: Les coopératives qui soutiennent l’agriculture dans intérêt général devaient recevoir un crédit à un taux d’intérêt réduit. Le soutien des coopératives aux conditions privilégiées appartenait et appartient toujours à la politique d’entreprise de la Banque cantonale zurichoise.1 Cela était d’autant plus important que beaucoup de coopératives ne disposaient que de peu de capital propre et finançaient leur projets par des crédits. Les antécédents de la «Zürcher Bauernhülfskasse»Le motif pour la fondation de la «Bauernhülfskasse» était la crise économique mondiale des années 1930. La situation critique des paysans suisses avait les raisons suivantes: Après la Première Guerre mondiale les denrées alimentaires étaient rares et en conséquence les prix très élevés. Les prix du sol et les fermages ont augmenté suite à la spéculation. Beaucoup de paysans se sont endettés avec des intérêts élevés pour profiter de ce développement trompeur. Certains d’entre eux ont repris leur ferme dans le marché immobilier libre à des prix élevés. Lorsqu’au début des années 1930, les prix se sont effondrés lors de la crise économique, les «paysans d’après guerre» ne pouvaient plus payer leurs intérêts. La misère et les soucis ont fait leur entrée dans beaucoup de fermes. En plus, les céréales américaines, grâce au triomphe du tracteur et de la moissonneuse-batteuse, se sont imposées à bas prix sur le marché mondial. Ces nouveaux outils devaient révolutionner l’agriculture. Mais au début ils étaient conçus pour des surfaces plus étendues et encore peu adaptés aux conditions des petits espaces montagneux de la Suisse. Les chevaux de trait devaient encore pour longtemps caractériser la vie des paysans en Suisse. Il n’y avait à cette époque-là pas encore de politique agricole qui protégeait les paysans de la concurrence à bas prix de l’étranger. – Le 30 septembre 1932 le gouvernement du pays a réagi. La Confédération a édicté une décision pour aider les paysans en détresse. Fondation de la «Zürcher Bauernhülfskasse»En 1933 a été fondée dans le canton de Zurich la «Bauernhülfskasse» comme coopérative. Y ont participé le canton de Zurich, le «Zürcher Landwirtschaftliche Kantonalverein» (actuellement le «Bauernverband», association des paysans), la Banque cantonale zurichoise, 16 banques privées, ainsi que des donateurs privés. La caisse accordait des crédits de longue durée avec un taux d’intérêt de 1 à 2% qui ne couvrait que les coûts d’administration. Les deux premières années, les paysans ont présenté 762 requêtes et ils ont reçu en moyenne 5000 francs. L’argent a été utilisé presque entièrement pour rembourser les dettes auprès des banques. Parmi ceux qui avaient déposé une requête, plusieurs ont souligné qu’ils n’avaient déposé cette requête qu’à contrecœur. Ils avaient espéré pouvoir se maintenir par leurs propres forces. Situation après la Seconde Guerre mondialeAprès la Seconde Guerre mondiale, la Confédération a voulu empêcher l’augmentation spéculative des prix du sol et du fermage – comme cela avait été le cas après la Première Guerre mondiale. Elle a introduit l’autorisation préalable pour l’achat et la vente de terrains et d’immeubles agricoles et un prix d’achat limité selon la valeur de rendement2 avec une adjudication de 30% au maximum. Le fermage ne devait pas dépasser 4,5% de la valeur de rendement. En 1947, la Confédération a voté la Loi fédérale sur le désendettement des domaines agricoles. Elle contenait des mesures préventives qui devaient empêcher le surendettement des agriculteurs. Le financement extérieur devait être en relation raisonnable avec la productivité économique. Les premières hypothèques (crédits de gage fonciers) ont donc été limitées dans leur somme selon la valeur de rendement. Les paysans recevaient de tels crédits par exemple de la Caisse Raiffeisen ou de la Banque cantonale. Au-delà, des crédits de gage fonciers étaient bien possibles – mais uniquement s’ils étaient accordés par une institution à but non lucratif à des conditions de taux d’intérêts avantageux. Dans le canton de Zurich c’étaient en premier lieu la Bauernhülfskasse, la Bürgschafts-und Darlehenskasse der Evangelischen Landeskirche (caisse de cautions et de crédits de l’église évangélique), la Zürcher landwirtschaftliche Bürgschaftsgenossenschaft (coopérative agricole zurichoise de cautions) et la fondation Hans Bernhard. Il est clair qu’une «Crise de subprime» (crise avec des hypothèques douteuses) comme nous la vivons aujourd’hui pas seulement aux USA, a pu être empêchée à temps. La Bauernhülfskasse était particulièrement importante pour les preneurs de bail. Ils ne pouvaient pas prendre un crédit de gage foncier auprès des caisses de crédits car ils ne possédaient pas de bien foncier. Façon de travaillerVoilà un exemple de cette époque-là illustrant l’activité de la Bauernhülfskasse: BouleversementDans les années et décennies après la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture suisse a vécu une phase de changements tumultueux – jusqu’à nos jours. Une mécanisation a commencé, bouleversant la vie à la ferme de manière fondamentale. Des machines performantes, un tracteur, un tracteur encore plus grand, la machine à charger etc. ne sont que quelques mots clé. Pendant la Seconde Guerre mondiale, à part 1000 tracteurs, c’étaient encore 8000 chevaux de trait qui étaient à l’œuvre. Leur nombre a diminué de plus en plus jusqu’à ce que les chevaux de trait aient complètement disparu. Les bâtiments devenaient trop petits pour le parc des machines grandissant et ont dû être renouvelés et élargis. Les surfaces de travail ont augmenté. Des méthodes de travail plus rationnelles et la mécanisation ont rendu possible qu’un seul agriculteur puisse labourer davantage de terrain. Avec cela la main-d’œuvre occupée dans l’agriculture baissait continuellement tandis que la production augmentait. Le «changement de structure», dont on parle si souvent actuellement, a commencé. Alors que, lors de l’exposition nationale «Landi» en 1939, on mentionnait encore avec fierté qu’un Suisse sur cinq était occupé dans l’agriculture, ce ne sont aujourd’hui plus que 2%. Aide à l’investissement et à l’exploitationComme c’était déjà le cas au début des années 1930, la Confédération s’est activée. En 1962, le parlement a voté une Loi fédérale sur les crédits d’investissement dans l’agriculture et l’aide aux exploitations paysannes (LCI) qui est toujours en vigueur. On a entrepris une bipartition des mesures de soutien. Avec les crédits d’aide aux exploitations paysannes, des difficultés financières passagères devaient être surmontées. Des crédits d’investissement de longue durée, sans intérêts, devaient aider à supporter les coûts croissants des machines et des bâtiments. Un exemple des années 1970La Sennereigenossenschaft Maschwanden (coopérative de laiterie de Maschwanden) se constituait en 1978 de 38 membres qui faisaient transformer leur lait en fromage à la laiterie. La modernisation et l’élargissement des capacités étaient urgents. Mais comment? Le projet qui avait finalement été formulé et auquel a contribué la coopérative du village voisin de Rifferswil coûtait 2 millions de francs. Beaucoup de moutons au lieu de quelques vachesLors de la fête du jubilé de 75 ans de cet été, le directeur actuel de la ZKL, Beat Looser, a présenté aux hôtes et aux représentants des médias la façon de travailler de la ZKL toujours basée sur un conseil compétent. La communauté festive s’est rendue en bus dans l’Oberland pour visiter deux projets actuels. Lisez le rapport respectif: «Vivre comme des gens normaux»Il y a quelques années les deux agriculteurs Walter Bosshard et Urs Jucker ont mis ensemble leurs deux exploitations, assez grandes pour les circonstances suisses et ont formé une communauté d’exploitation. Ils avaient l’intention de se spécialiser uniquement dans la production laitière et d’augmenter continuellement leur nombre de vaches. Le parc des machines a été mis ensemble et une nouvelle organisation du travail a été réglée. De gros investissements étaient prévus. La ZKL a aidé avec un crédit de 410 000 francs, un autre crédit suivra. Grâce à la communauté d’exploitation, les deux paysans ont congé un week-end sur deux et peuvent partir en vacances de temps en temps comme des «gens normaux». En forme pour l’avenirLa Bauernhülfskasse et aujourd’hui la Landwirtschaftliche Kreditkasse sont une coopérative tout à fait spéciale. La raison en réside dans la différence des membres fondateurs. Des bailleurs de fonds de l’Etat, tels que le Canton de Zurich et la Banque cantonale en font partie. 16 banques privées qui avaient elles-mêmes des difficultés pendant la crise des années 1930 ont aidé à porter le projet. L’association cantonale des paysans et aussi des privés ont participé. Tous ont pris des responsabilités et en prennent toujours dans le but d’aider les paysans particuliers et leurs coopératives. – C’est une histoire à succès. Elle montre l’ensemble de l’initiative privée, du principe des coopératives et du soutien de l’Etat. La ZKL a accompagné quelques milliers de familles paysannes et beaucoup de coopératives et elle a aidé à forger le développement de l’agriculture. – Celui qui traverse en vélo les régions rurales du canton de Zurich trouve un paysage soigné et de belles fermes qui contribuent à assurer l’alimentation. La «Banque paysanne» y contribue. 1 Hans Peter: Die Kantonalbanken und die Gemeinden und Genossenschaften, in: Denkschrift zum 75-Jahr Jubiläum der Zürcher Kantonalbank, Zürich 1945 |