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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°17, 30 avril 2012  >  «Fin d’un système scolaire» [Imprimer]

«Fin d’un système scolaire»

Première visite du président de la République fédérale allemande Joachim Gauck dans le «Ländle» – Serait-ce pour donner un coup de pouce à une loi controversée?

ew. Le lendemain du «vote historique du Landtag de Stuttgart», le «Südkurier», quotidien de Constance, titrait un article «Fin d’un système scolaire» («Ende eines Schul­systems»). Pour ceux qui n’auraient pas encore mesuré l’importance de la nouvelle loi de la coalition rouge-verte, le «Südkurier» en livre un résumé concis et pertinent: L’école unique, dont beaucoup pensent que c’est une réforme scolaire comme les autres, est imposée de facto en tant qu’école régulière susceptible, comme le dit la loi, de «dépasser» le système scolaire traditionnel du Bade-Wurtemberg qui repose sur trois types d’écoles. Il est recommandé à chacun, même après le vote, d’étudier le texte de cette loi pour ensuite élever la voix contre un type d’antipédagogie que l’Allemagne n’avait plus connu depuis longtemps.
Dans ce contexte, l’itinéraire des premières visites officielles choisi par le Président fédéral nouvellement élu a réjoui Kretschmann, ministre-président vert du Bade-Wurtemberg, et irrité la CDU: La dernière étape a été pour Boris Palmer, maire vert de Tübingen, où Gauck a visité la «Geschwister-Scholl-Schule». Planifiée il y a longtemps comme une «Gesamtschule» (école unique regroupant collège et lycée) «intégrée» mais devenue simplement «additive», elle est maintenant l’école modèle des Verts qui la présentent comme une «Gemeinschaftsschule» réussie. Selon le «Südkurier», c’est le «ministère d’Etat de Kretschmann qui a fixé les étapes de la visite de Gauck». Le Président serait-il devenu un propagandiste de la nouvelle loi scolaire? On a quelque peine à se défaire de cette impression car l’itinéraire avait été fixé longtemps avant la visite du Président, ce qui permettait de l’instrumentaliser, que Gauck le veuille ou non. Le chef du groupe parlementaire de la CDU Peter Hauk a déclaré pertinemment qu’il s’agissait d’un hommage aux Verts, que c’était ainsi qu’on s’imposait.
Rappelons-nous les leçons d’instruction civique, qui ont été supprimées depuis longtemps en Allemagne. Dans la Constitution de Weimar, le président du Reich exerçait une fonction quasi impériale. L’article 48 lui permettait de se transformer en dictateur, ce qui se produisit en effet. Pour corriger cela, la Loi fondamentale allemande a fait de la fonction présidentielle une fonction purement représentative.
Mais il a une autre tâche, beaucoup plus importante: celle d’approuver les nouvelles lois fédérales par sa signature. S’il refuse de les signer, elles retournent devant le Bundestag. Comme elles doivent correspondre à l’esprit de la Constitution, la fonction de président est celle d’un protecteur de la Loi fondamentale. Cette fonction doit être exercée avec beaucoup de sensibilité, un sens aigu du droit constitutionnel et avec dignité. C’est pourquoi elle est au-dessus de toute politique partisane. Or que dire d’un titulaire de cette fonction suprême qui, dès sa première visite dans un Land, prend une position relevant de la politique partisane? Il est vrai que deux de ses prédécesseurs ont dû démissionner pour ne pas s’être montrés assez dociles. Gauck serait-il le Président qui convient?
«Nous montrons au Président ce qui marche, pas ce qui ne marche pas.» C’est en ces termes que Kretschmann a commenté le choix de la «Gemeinschaftsschule» en tant que lieu d’accueil du Président. Il s’agit là d’une outrecuidance incroyable au vu des résultats scolaires extrêmement bons des élèves du Bade-Wurtemberg. La comparaison des résultats des différents Länder est parlante. Notre système scolaire traditionnel, qui a fait ses preuves et est capable d’évoluer, s’est développé au cours des décennies et maintenant on le détruit d’un trait de plume. On ne pourra plus comparer les types d’écoles.
Les citoyens du Bade-Wurtemberg devraient adopter la solution choisie par les Hambourgeois. La volonté populaire s’opposerait ainsi à l’ingérence du pouvoir suprême dans un domaine qui, selon la Constitution, relève de la souveraineté des Länder.    •