Non aux importations intercontinentales d’abeilles!Dans la région d’origine du Varroa tristement célèbre, il y a encore d’autres sortes d’acariens, qui parasitent les abeilles: Les représentants du genre Tropilaelaps. Eux aussi ont déjà réussi à changer d’hôte en passant des abeilles à miel asiatiques à nos Apis mellifera et eux aussi peuvent transmettre des virus dangereux.par Benjamin Dainat (Centre de recherches apicoles, Agroscope Liebefeld-Posieux Alp, 3003 Berne), Tan Ken (Xishuangbanna Tropical Botanical Garden, Chinese Academy of Science, Kunming, Yunnan Province, People’s Republic of China), Hélène Berthoud, Peter Neumann (Centre de recherches apicoles, Agroscope Liebefeld-Posieux Alp, 3003 Berne) Le Varroa destructor, qui est apparu en Suisse en 1984, est dès lors un parasite d’abeille bien étudié (cf. notre série «25 ans du Varroa en Suisse» paru en 2008 dans la «Schweizerische Bienen-Zeitung» SBZ). Cet acarien est parfaitement connu aussi bien des apicultrices et apiculteurs que des chercheurs. La recherche sur le varroa a pu prouver que le varroa peut transmettre des virus dangereux aux abeilles. Pourtant, le varroa n’est pas le seul genre d’acarien qui puisse parasiter les abeilles. Le Varroa destructor est originaire d’Asie. Il y a accompli un changement d’hôte en passant des abeilles orientales Apis cerana à nos abeilles occidentales Apis melifera et a ainsi pu se répandre au niveau mondial. Dans sa région de propagation d’origine, il possède de nombreux parents: Varroa underwoodi, Varroa rindereri ou Varroa jacobsoni. L’acarien Varroa jacobsoni est resté fidèle à son lieu d’origine et c’est à tort et à la place du Varroa destructor qu’on l’a décrit comme le parasite qui s’est répandu dans tous les pays du monde. Outre le genre Varroa, il existe d’autres parasites spécialisés sur les abeilles dont la région de propagation est l’Asie du Sud-Est, qui viennent de la famille des Laelapidae avec le genre Tropilaelaps. Plusieurs sortes du genre Tropilaelaps sont connues de la science. Description et biologieLes acariens Tropilaelaps ont environ 0,9 mm de longueur et 0,5 mm de largeur et sont un peu plus petits et plus minces que le Varroa destructor. Ils possèdent donc contrairement au Varroa une forme plutôt allongée. Le Tropilaelaps et les virusComme le Tropilaelaps se nourrit aussi d’hémolymphe, il est en principe possible que des virus soient transmis directement. Mais il n’est pas clair, que le Tropilaelaps soit réellement porteur de virus et que les virus puissent se multiplier dans cet hôte. Pour répondre à cette question, nous avons fait, dans la région chinoise de Kunming, des recherches sur des abeilles et les Tropilaelaps et sur les six virus d’abeilles les plus importants. Seul, le virus des ailes déformées a été retrouvé. A l’aide de la méthode quantitative de l’ACP (amplification en chaîne par Polymérase), on a pu constater la quantité de virus contenu dans le Tropilaelaps. La charge des virus était identique à celle trouvée chez le Varroa en Europe. En considérant ce contenu viral, nous nous sommes demandé, si le virus était capable de se multiplier dans les acariens Tropilaelaps. Nous avons pu montrer que les virus peuvent effectivement se multiplier activement dans le Tropilaelaps. Donc, ce dernier joue comme le Varroa en tant que porteur de maladies aussi bien le rôle d’un «vecteur mécanique» (seulement porteur du virus) que celui d’un «vecteur biologique» (le virus peut se multiplier dans l’hôte intermédiaire, l’acarien). Un autre groupe de chercheurs a pu prouver une forte corrélation entre le nombre de chrysalides parasitées par le Tropilaelaps et la charge de virus qu’on a pu y constater.5 De plus, on a mesuré dans des acariens Tropilaelaps une charge de virus beaucoup plus élevée que dans les chrysalides. Contrôle et apparition en Suisse et en EuropeLe Tropilaelaps n’a jusqu’à présent été enregistré ni en Suisse ni en Europe. Mais probablement on ne pourra pas éviter une importation. Son cycle de vie se différencie du Varroa sur un point crucial. Il n’est pas capable de se nourrir sur des abeilles adultes. Il est complètement dépendant du couvain. C’est pourquoi, le Tropilaelaps ne survivrait pas à l’hiver dans un pays comme la Suisse, où les abeilles arrêtent de couver pendant la période hivernale. En outre, ce parasite réagit de manière sensible à la plupart des Varroidae. Au sud des Alpes, il est pourtant possible que les abeilles survivent à l’hiver sans interruption de la couvée des œufs et qu’ainsi le Tropilaelaps ait une chance de survie. ConclusionBien que le Tropilaelaps ne soit pas encore présent en Europe, il présente néanmoins un danger réel sous l’aspect de la propagation de maladies, puisqu’il permet la multiplication et la transmission de virus et met ainsi en danger les peuples parasités par lui. Tout en gardant son calme, il appartient au devoir de chacun de rester vigilant et d’entrer immédiatement en contact avec les autorités compétentes lors de l’apparition de cet acarien. En outre, il faut renoncer à toute importation d’abeilles non-européennes. • Source: Schweizerische Bienen-Zeitung 11/2010 1 Burgett, M.; s, P.; Morse, R. A. (1983) Tropilaelaps clareae: A parasite of honeybees in South-East Asia. Bee World 64: 25–28. |