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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°44, 15 novembre 2010  >  Qui est Henry Dunant? [Imprimer]

Qui est Henry Dunant?

Cadeau de Noël

Deux enfants découvrent l’histoire d’Henry Dunant et de la Croix-Rouge»

Le 30 octobre a eu lieu le 100e anniversaire de la mort d’Henry Dunant. C’est l’occasion de nous intéresser à nouveau à la création et à l’histoire de la Croix-Rouge. Les idées et l’action de Dunant n’ont rien perdu de leur actualité, bien au contraire.
Homme bien ancré dans son époque, il n’a pas fermé les yeux face aux horreurs de la guerre. Son grand cœur et sa détermination dans l’action, qui lui ont inspiré la vision d’une organisation humanitaire et d’un droit humanitaire, ne cessent depuis lors de toucher les hommes de tous les pays et de toutes les cultures.
Sans sa force de conviction et son énergie, la Croix-Rouge n’existerait pas. On est fasciné de voir tout le bien qu’un seul individu peut faire lorsqu’il est animé par la compassion et qu’il ne recule pas devant les obstacles. La sensibilité sans calcul au sort d’autrui et l’énergie avec laquelle Dunant a répandu ses idées et les a mises en œuvre constituent encore pour les enfants et les jeunes d’aujourd’hui un modèle séduisant et convaincant.
C’est dans cet esprit que Lisette Bors a rédigé et illustré le livre d’images «Qui est Henry Dunant?». Intégré à l’univers quotidien des enfants, il introduit les jeunes lecteurs (ou auditeurs) dans le sujet. Se prêtant aussi bien à la lecture à haute voix par un adulte qu’à la lecture individuelle, il a sa place dans la famille, au jardin d’enfants, à l’école et dans les groupes de jeunes et pourra servir de base à des discussions enrichissantes.
Les faits historiques ont été soigneusement vérifiés par des spécialistes de la Croix-Rouge suisse, du CICR et de la Société Henry Dunant. Ils constituent également une source d’informations précieuse pour les lecteurs adultes.
Ci-dessous nous vous présentons des extraits tirés de cet ouvrage.


[…] Grand-père de son côté reste assis au salon. Il est pensif. Il a lu le journal et maintenant, il écoute la radio. Ce sont peu de bonnes nouvelles qu’il apprend du monde entier. La guerre en Irak continue. Les gens souffrent. Ils ont à peine de l’eau propre ou de l’électricité, il n’y a pas assez à manger, ils manquent de médecins, d’infirmières et de médicaments. Il leur manque de tout.
Cette guerre n’a aucun sens, pense grand-père, elle est insensée comme toute guerre. Aucun problème ne se résout comme ça, au contraire.
Il éteint la radio et plie le journal. Il pense aussi aux gens qui vont aider les personnes dans ces pays souffrant de la guerre, par exemple aux collaborateurs de la Croix-Rouge.
Il faut que je parle à grand-mère et qu’on se demande, ce que nous pouvons faire, pense-t-il. La situation de la famille d’Amira et de son père disparu lui passent par la tête. Il est pensif.
Hannibal, la tortue, rampe à travers le jardin et essaie de surmonter un bâton. René a grimpé sur l’arbre et balance les jambes. – Allô, grand-papa, s’écrie-t-il quand celui-ci arrive au jardin. – Sois le bienvenu, mon cher, répond-il. Il s’arrête, laisse passer son regard à travers le jardin et regarde au loin. – Regarde, grand-papa! Lisa tient un ver de terre dans ses mains. – Hum, murmure grand-père. Il prend un air grave. – Es-tu triste? demande Lisa. Les yeux du grand-père se posent longtemps sur Lisa. Il commence à raconter à ses petits-enfants ce qu’il a lu et ce qu’il a entendu. – Et qu’est-ce qui se passe avec le père d’Amira? veut savoir René. – Oui, répond grand-père, c’est à cela que je viens de penser, moi aussi. Mais malheureusement, je n’ai encore rien entendu. En Irak, il y a beaucoup de familles touchées par le même sort. Lisa remet le ver par terre où il disparaît tout de suite. René cherche Hannibal qui s’est mis en route. Grand-père traverse le jardin à pas lourds. Lisa le suit des yeux et ensuite elle va vers sa grand-mère à la cuisine.
Grand-mère arrose les fleurs et les herbes devant la fenêtre de la cuisine. Lisa l’observe un moment. Ensuite elle lui parle de l’air sérieux de grand-père et lui rapporte tout ce qu’il leur a dit, à elle et à René.
– Oui, je sais, dit grand-mère. Nous venons aussi d’en discuter. Je le comprends bien. Nous vivons dans un pays paisible. Nous ne connaissons la guerre que par les nouvelles, le journal et par l’ouï-dire. Ici, nous avons tout et ailleurs, il manque de tout.
Pensive, elle enlève quelques feuilles fanées et remplit encore une fois l’arrosoir d’eau. – Mais pourquoi est-ce qu’il y a la guerre, pourquoi les gens ne font-ils pas tout simplement la paix? Grand-mère réfléchit un peu, posant ses yeux avec tendresse sur sa petite-fille. – Tu sais Lisa, ce sont de bonnes questions, mais pas faciles. Je ne sais pas te donner une réponse simple. Mais je suis sûre que chaque personne peut et doit contribuer à la paix, en gros et en détail. Tout simplement ce qui lui est possible.
Lisa regarde sa grand-mère et lui demande ce que cela veut dire.
– C’est bien que tu demandes. «En gros» veut dire contribuer à la paix dans le monde, par exemple entre deux pays. Et «en détail» veut dire chez nous ou entre toi et ton amie. Tu comprends ce que je veux dire? Lisa fait oui de la tête. Grand-mère continue: – Il faut soigner et cultiver la paix, aussi bien entre les gens qu’entre les peuples. Un peu comme les plantes devant la fenêtre, elles ont toujours besoin d’eau et d’engrais. Il faut s’en occuper – et avant tout – la paix, il faut la vouloir, a-t-elle ajouté d’un air déterminé.


Les enfants se posent beaucoup de questions. Ils veulent savoir entre autre ce qu’est la Croix-Rouge et qui est son fondateur. Dans la deuxième partie, le grand-père en raconte l’histoire.

[…] Lorsqu’Henry Dunant est arrivé le soir de la bataille près de Solferino, c’était un spectacle d’horreur. Sans y être du tout préparé, il s’est vu confronté aux horreurs de la guerre. Sans les moindres connaissances en médecine, sans aucune notion de premiers secours, il a commencé à aider chaque soldat blessé tant qu’il pouvait. Il ne voulait et ne pouvait pas détourner le regard. Il a prié la population de l’aider. Il a donné à boire aux blessés, il a nettoyé les plaies tant bien que mal, les a pansées provisoirement et a essayé de leur donner une couche plus confortable. La misère était énorme. Henry Dunant a essayé d’organiser des transports vers les hôpitaux de la région et d’obtenir du matériel de pansement. On avait installé les soldats blessés dans des églises, dans des maisons d’habitations, des abris et des écuries. Ce qui a impressionné profondément les gens, c’est qu’Henry Dunant s’est occupé de chaque blessé. C’est pourquoi ils se sont volontiers joints à lui. Il ne se préoccupait pas de savoir à quelle armée les soldats blessés et mourants appartenaient. Tous avaient maintenant besoin d’aide. C’est ainsi que les femmes ne cessaient de clamer: «Tutti fratelli!» Est-ce que vous savez ce que cela veut dire?
– Moi pas, Lisa secoue la tête et René ajoute: – Je ne sais pas encore parler l’italien, moi.
– Alors cela veut dire en français: Nous sommes tous des frères.
Grand-papa prend le globe et le fait tourner lentement.
 – Voyez, dans le monde entier vivent des êtres humains. Ils ont tous des yeux, des oreilles, un nez et une bouche comme nous. Peut-être que la couleur de leur peau est un peu plus foncée, brune ou jaune. Peut-être qu’ils parlent une autre langue. Mais nous respirons tous et éprouvons des sentiments. Nous avons besoin de boire et de manger et d’avoir un toit pour dormir. Nous avons besoin de soins lorsque nous sommes malades et de réconfort quand nous sommes tristes. Nous rions tous lorsque nous sommes heureux. Nous êtres humains nous appartenons tous à la même grande famille. «Tutti fratelli» veut dire que ce sont des êtres humains comme toi et moi. Il n’y a pas de différence entre l’ennemi et l’ami. Et surtout pas lorsque cet être humain gît par terre, blessé. Et ça c’était nouveau. Chacun avait droit aux soins, chacun.

Extraits de:
Lisette Bors, Qui est Henry Dunant?
ISBN 978-3-909234-09-7