Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°37, 19 septembre 2011  >  Une alliance en faveur d'une armée forte [Imprimer]

Une alliance en faveur d’une armée forte

 

par Andreas Widmer, président de la communauté de travail pour une armée de milice efficace et assurant la paix (cmep), ainsi que conseiller municipal à Wil SG

hd. Les troubles – comme surgis du néant – qui se sont abattus sur l’Angleterre récemment et ont ravagé des quartiers entiers de Londres, ont laissé des traces dans la conscience de tous les autres citoyens européens. Chez nous en Suisse aussi des mères et des pères, des grands-parents et des concitoyens en général se demandent si et comment eux et leurs enfants seraient protégés dans une situation difficile de menace intérieure ou extérieure. La jeune génération se fait d’autres réflexions: «Quand pourrons-nous enfin commencer à reconstruire notre armée de milice pour de bon? Nous voulons pouvoir défendre notre pays. A côté des unités d’informaticiens, nous voulons à nouveau des compagnies de cyclistes!»

Les réflexions d’Andreas Widmer qu’il a publiées le 23 mai dans «Pro Militia» sont donc plus actuelles que jamais.

Le 13 février 2011 l’initiative pour l’interdiction des armes a été contre toute attente clairement rejetée par le peuple et les cantons. Cette évidente victoire électorale prolonge la série ininterrompue de décisions populaires en faveur d’une défense nationale forte. En fin de compte, elle a été le fruit de l’engagement éclairant et mobilisateur d’innombrables personnes provenant des sociétés de tir et des organisations de milice. Ce succès, qui a dû être durement conquis contre une supériorité écrasante des médias, doit nous stimuler à influencer, dans notre sens, efficacement et à temps, les futurs options dans le domaine de la politique de sécurité. Nous devons de plus en plus agir activement – l’attente de nouvelles attaques du Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA) et de leurs alliés du camp des gauches et des verts, ou même la confiance en des forces centrales devenues fatiguées (ou insouciantes?) ne vaut rien pour l’avenir.

Il est urgent de faire quelque chose. Du point de vue des organisations de milice, autant le rapport de politique de sécurité que le rapport de l’armée ne suffisent pas et ils n’ont pas suffi aux attentes élevées qu’on peut attendre de documents fondamentaux d’une telle importance. Le rapport de politique de sécurité manque manifestement d’une stratégie claire, évite les questions fondamentales qui contiennent de la matière politique inflammable, limite le développement futur de l’armée a priori à sa réduction future, réduction apparemment justifiée pour des raisons de politique financière. Finalement, l’analyse des menaces se focalise, sous le dictat de la pression des économies, sur ces événements possibles à courte échéance pour la maîtrise desquels une armée réduite dans tous les domaines pourrait peut-être encore tout juste suffire. La devise: «probabilité avant dangerosité» n’est pas une politique de sécurité prévoyante et convaincante, mais au contraire une tentative inapte de justifier la décision d’économies du Conseil fédéral du 6 novembre 2010, qui tend à réduire massivement l’armée sur le plan matériel, personnel et financier. La primauté de la politique financière doit être remise en question dans le domaine de la sécurité. Sinon l’inquiétude dans la population et parmi les membres de l’armée qui connaissent le sérieux de la situation et qui doivent la subir, continuera de prendre de l’ampleur, en raison des équipements et des moyens de production manquants.

Il est impératif de modifier à la hausse les valeurs de référence définies dans les rapports mentionnés. Sinon la dernière réserve de sécurité de notre pays, l’armée – engagée dans un processus d’amaigrissement arbitraire financier et personnel ­– menace de sombrer bientôt dans l’insignifiance!

A présent, les signes des temps doivent être renforcés et pénétrer jusqu’au Palais fédéral. Le Conseil fédéral – qui fait des manières lors de l’acquisition d’avions de combat de remplacement – se voit confronté à des premiers courants contraires discrets provenant des commissions de politique de sécurité. Il s’agit de soutenir personnellement et avec toute la vigueur voulue les représentants de ces efforts sous la coupole fédérale. A cet effet une large alliance des organisations de milice est nécessaire de façon urgente. Répondant à une invitation de la communauté de travail pour une armée de milice efficace et assurant la paix, les représentants de plus grandes associations de milice se sont réunis en séance initiale en automne de l’année dernière. La prise de position élaborée en commun, qui a entre temps été admise par toutes les associations de milice, contient particulièrement ce qui suit:

La base de toute action est constituée par les trois tâches constitutionnelles de l’armée et les missions qui en découlent. Il convient d’en faire découler la grandeur et l’équipement de l’armée, dont fait partie une force aérienne moderne et performante.

L’analyse des menaces ne doit pas se fermer aux formes de menace les plus modernes, comme par exemple l’attaque par missiles à longue portée ou la guerre électronique (Cyberwar). Il convient ce faisant de renoncer à apprécier les probabilités que cela se produise. Il faut également tenir compte de risques à longue échéance qui pourraient découler des dépenses d’armement mondialement toujours plus élevées, et de la radicalisation constante de certains Etats qui ne se situent pas du tout si loin.

Les réductions précipitées des finances ou de la structure de l’armée sont inopportunes. Avant que les bases de la politique de sécurité n’ont pas été établies, ni le DDPS ni l’administration ne doivent créer des préjudices.

Sur le fond, le rapport sur l’armée montre également ses insuffisances sur des points décisifs. Il établit bien une liste assez complète de l’état actuel de l’armée, mais montre une rupture dans l’attribution des moyens pour les performances requises. Le profil des performances n’est presque plus conforme à la constitution, comme le montre de façon complète l’expertise du professeur Rainer Schweizer du 23 août 2010. Les effectifs et les moyens prévus ne suffisent plus ni pour la défense, ni pour le soutien des autorités civiles cantonales. La commission de politique de sécurité du Conseil des Etats a également reconnu cela à bon escient et déterminé les tâches complémentaires adéquates. En se basant sur les nouvelles variantes de l’armée, il est tout à fait clair que

–  un effectif de l’armée d’active (sans les écoles et les fournitures de base) d’au moins 120 000 membres de l’armée complètement équipés ainsi qu’une réserve nécessaire de membres inactifs de l’armée (mda), sur la base d’un profil de performances clairement défini dans la dimension temps et espace, représente la limite inférieure;

–  un budget pour la défense nationale militaire d’au moins 5 milliards par année est nécessaire et contraignant, le financement nécessaire devant être assuré de moyenne à longue échéance;

–  la reprise de l’acquisition du remplacement partiel des «Tiger» (rpt), qui a été interrompue de façon irresponsable par le Conseil fédéral, doit vite été entreprise, car sans rpt la force aérienne ne pourra même plus, dans un temps prévisible, maintenir le service de police aérienne;

–  les mesures hâtivement engagées de la mise hors service de biens d’équipement et d’infrastructures doivent être arrêtées;

–  les planifications actuellement en cours pour le développement de l’armée ne doivent pas s’orienter aveuglement d’après la «variante à voie étroite» d’un effectif de l’armée de 80 000 mda, octroyée par le Conseil fédéral, mais doivent respecter des effectifs de principe plus élevés et bientôt – espérons-le – confirmé par le parlement.

Les événements en Afrique du Nord et dans l’espace arabe montrent une fois de plus combien la situation politique manque de stabilité et de prévisibilité. La Suisse aussi peut très rapidement être atteinte par les effets des bouleversements actuels - par exemple sous forme de flots de réfugiés, de pénurie d’énergie ou de l’évacuation de citoyens suisses. Des catastrophes technologiques comme celles du Chili, de Haïti, de Nouvelle-Zélande et du Japon montrent qu’une armée doit pouvoir mobiliser en l’espace de quelques heures un très grand nombre de soldats pour soutenir les autorités dans leurs efforts pour venir à bout des dégâts. On rappellera par exemple que dans des nations civilisées comme le Chili et la Nouvelle-Zélande, les biens des citoyens situés dans les régions touchées ont dû, en quelques jours, être protégés du pillage par des unités d’infanterie.

L’armée est la seule réserve de sécurité en main du gouvernement suisse. Seule une armée équipée de façon moderne et assez grande pour remplir des tâches demandant beaucoup de moyens en personnel est capable de protéger la Suisse et sa population et de soutenir les autorités cantonales. La réduction constante de l’armée (et de ses dépenses) en vue d’engagements probables a été discréditée par la réalité de ces derniers mois. En politique, il convient de tenir compte des menaces les plus dangereuses et de créer les moyens nécessaires pour riposter et pour maîtriser les conséquences.

Les associations de milice poursuivront ces buts en commun et avec détermination. Les prochaines élections aux Chambres fédérales constituent une bonne occasion pour placer cette demande auprès des politiciens. La sécurité a son prix – nous devons rappeler cela avec insistance à nos représentants (des partis bourgeois) à Berne, lesquels portent la responsabilité pour le niveau des performances, l’équipement et le budget correspondants!            •

(Traduction Horizons et débats)

 

aw. L’alliance des associations favorables à l’armée a effectivement produit ces derniers mois ses premiers effets. Les environ 40 associations de milice réunies dans communauté de travail pour une armée de milice efficace et assurant la paix (cmep) ont rappelé avec force, dans des appels généraux et des lettres personnelles adressées à tous les conseillers nationaux et des Etats du camp bourgeois, les exigences développées dans l’article ci-dessus. A côté de la question de la stabilité, l’assurance d’un financement honnête de l’armée constitue une valeur de référence très importante. Dans ce domaine précis, le Conseil fédéral et le parlement ont péché massivement ces dernières années, ce qui a eu pour conséquence le déficit important de substance et la gêne de la logistique.

Les associations de la cmep représentent environ 250000 citoyennes et citoyens qui vont fidèlement voter – y compris lors des élections parlementaires du 23 octobre 2011!

On peut consulter la page d’accueil www.awm-cmep.ch pour de plus amples informations.