Les activités de la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage (FP)

Châtaigneraies de Dunzio TI

Mieux que tout autre arbre, le châtaignier (lat. Castanea sativa) se prête aussi bien à la production de bois que de fruits. Suite à la forte augmentation de la population et à la colonisation dense des vallées alpines même situées à haute altitude, la châtaigne comestible a conquis son statut de principal aliment de base entre le XIIIe et le XVIIIe ou XIXe siècle. En parallèle, les châtaigneraies (ital. Selva) ont connu une large expansion. Dans un paysage cultivé à caractère de parc, les agriculteurs ont entretenu les châtaigniers et les sous-bois, récolté les fruits et utilisé le bois dans la construction. Le «Centro Natura Vallemaggia», une association d’utilité publique dont le siège est à Lodano, s’est donné pour but de faire revivre dans toute leur ampleur les traditions disparues. A fin 2008, grâce au partenariat conclu entre la société AXA Winterthur et la FP, le centre a pu lancer et financer son projet à Dunzio, dans la commune de Maggia. Celui-ci a pour objet l’entretien du peuplement d’arbres: les vieux châtaigniers sont taillés dans les règles de l’art sous la supervision de l’Office cantonal des forêts, de jeunes arbres sont plantés où c’est nécessaire. La forêt est éclaircie avec soin pour lui redonner son caractère de parc ouvert. Dans le passé, la culture et l’exploitation des châtaignes avaient nécessité la construction de divers bâtiments comme des séchoirs («grà») ou des étables.
Les travaux prévus ces cinq prochaines années comprennent la réfection et la remise en état de ces précieux biens culturels. Le projet interdisciplinaire est complété par une offre didactique autour du thème de la châtaigne.    •
Responsable du projet: Stefan Kunz

Source: Protection du paysage 2008, Activité de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP), Berne 2009

La success story des canaux d’irrigation

L’eau, élixir de vie. Longtemps, cette formule a semblé triviale, du moment que la Suisse passe pour le château d’eau de l’Europe et le pays où l’eau potable est peut-être de la meilleure qualité. L’eau nous montre aussi régulièrement sa force destructrice. Mais l’agriculture de montagne des régions situées dans les Alpes intérieures et caractérisées par des étés de plus en plus secs, comme la région du Valais entre Viège et Martigny et, aux Grisons, la vallée du Rhin près de Coire, la région autour d’Ilanz, la zone Domleschg/Heinzenberg, les Mittelbünden, la Basse et la Haute-Engadine, le Val Müstair et le Val Poschiavo, se rend compte avec toujours plus d’acuité que l’eau est une ressource rare. Ces régions passent pour avoir besoin d’irrigation, puisqu’elles présentent un bilan hydraulique négatif. Dans maints endroits, il n’est pas étonnant que l’on se demande comment amener l’eau jusqu’aux prés pour les irriguer. A cet égard, la FP a régulièrement signalé l’importance de l’irrigation des champs au moyen de canaux et soutenu financièrement et moralement des projets dans ce sens. L’irrigation séculaire telle qu’elle est pratiquée dans les régions de montagne arides du monde entier sous des formes plus ou moins semblables est parfaitement adaptée aux temps futurs. Cette méthode ne permet pas seulement d’économiser l’eau (contrairement aux installations d’arrosage), mais aussi de préserver la diversité biologique des prés (les animaux qui nichent dans les prés craignent l’arrosage permanent). Au surplus, le tourisme y trouve lui aussi son compte (comme le montrent les voies d’irrigation dans le Vinschgau ou les chemins le long des bisses en Valais), de même que l’identité régionale (ce sont les signes vivants d’une histoire sociale). Depuis 2008, grâce à son opération «canaux d’irrigation», la FP a pu investir de nombreuses et importantes contributions de donateurs dans des projets concrets, comme à Liddes et à Lens, en Valais. A Lens, un des bisses parmi les plus spectaculaires de tout l’arc alpin a été remis en activité grâce au soutien généreux des communes d’Icogne et de Lens, du canton du Valais, de la Fondation du Casino de Crans-Montana, du Fonds suisse pour le paysage, de la société Victorinox et d’autres. Pendant des jours, des apprentis de Mercedes-Benz Suisse et de 3M Suisse ont, sous la direction de notre collaborateur Roman Hapka, travaillé pour remettre en état un tronçon de quelque 4 kilomètres autour du Châtelard, au-dessus de Sion. Le bisse Mittla, à Ausserberg, est également à la veille d’un nouveau départ. Dans la deuxième région prioritaire, le Val Müstair, les relevés sur le terrain des quelque 25 anciens «auals» qui subsistent seront bientôt terminés. Lors des journées de l’eau de Samedan, les canaux d’irrigation ont donné lieu en 2008 et donneront lieu en 2009 à des discussions nourries entre classes d’école et experts: est-ce un modèle d’utilisation durable de l’eau? En 2008, la FP a pu achever avec succès la première étape de son projet de recherche international (COST A27) consacré aux canaux d’irrigation du Val Müstair. Elle est en train de préparer en partenariat un autre projet du Fonds national de la recherche scientifique, destiné à montrer les avantages de l’irrigation traditionnelle des prés et des canaux à ciel ouvert pour la forêt de montagne. Enfin, la FP est intervenue pour que les voies qui suivent le tracé des bisses soient admises dans l’Inventaire fédéral des voies de communication historiques de la Suisse (IVS) et pour que, dans le cadre de la future orientation sur les prestations des paiements directs à l’agriculture, des contributions d’entretien entrent aussi en ligne de compte pour les canaux d’irrigation et que l’irrigation traditionnelle des pâturages donne droit à des contributions.    •
Infos: Roman Hapka et Raimund Rodewald

Source: Protection du paysage 2008, Activité de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP), Berne 2009

Protection collective du paysage à Eriwis AG

Dans l’ancienne mine d’argiles à Opalinus d’Eriwis, près de Schinznach-Dorf (AG), un «atelier nature» destiné aux enfants, adolescents, écoles, familles et entreprises est en cours de réalisation depuis le début 2008, avec le soutien de la FP. Cette zone sous protection du canton, où les écosystèmes sont très nombreux, est un endroit rêvé pour s’adonner à la création et à l’apprentissage dans un paysage d’une grande richesse. Le projet se distingue par le lien qui est fait entre les mesures de revalorisation paysagère et un programme pédagogique étendu portant sur le vécu. Pour pouvoir conserver et promouvoir les valeurs naturelles dans la mine d’Eriwis, il est nécessaire de prévoir un entretien régulier. Dans le cadre de leur action «De cœur à cœur» (Von Herz zu Herz), des collaborateurs de la société AXA Winterthur ont donné bénévolement de leur temps pour sauvegarder la région. A la suite d’un travail épuisant, mètre carré par mètre carré, la réserve naturelle a été débarrassée des solidages et des mûriers sauvages au profit de nombreuses espèces de fleurs indigènes. En plus de nombreuses autres mesures de revalorisation, l’organisation responsable envisage d’organiser, dans l’optique de la pédagogie du vécu et de l’approche holistique de la santé, des cours et des missions destinés aux jeunes et aux adultes. Les exigences de la protection de la nature et de la pédagogie du vécu ne doivent pas entrer en concurrence mais se compléter. La perception, la prise de conscience et la connaissance vécue et approfondie de la nature et du paysage sont ainsi favorisées. Cela incite à entretenir des rapports responsables et durables avec eux. Cet objectif est porté et appuyé par la FP, qui finance partiellement le projet.    •
Responsable du projet: Stefan Kunz

Source: Protection du paysage 2008, Activité de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP), Berne 2009