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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°37, 15 septembre 2008  >  Un dialogue honnête avec le peuple est nécessaire [Imprimer]

Un dialogue honnête avec le peuple est nécessaire

thk. Lors de la session parlementaire qui débute cette semaine, des décisions importantes de politique militaire sont à l’ordre du jour. C’est surtout le projet de modernisation de l’armement de la flotte des F/A 18 qui alimentera les discussions, mais aussi l’orientation fondamentale de l’armée sous forme d’un changement de la loi militaire. Naturellement dans tout cela, la personne du conseiller fédéral Samuel Schmid sera aussi sujet de discussion, car c’est lui, le principal responsable du désastre actuel de l’armée suisse: c’est sous sa direction politique que la réforme de l’armée en une troupe compatible à l’OTAN a été conduite en quatrième vitesse, sans le déclarer ouvertement au peuple. Mais transformer en peu de temps une armée de milice qui a fait ses preuves en armée modulaire compatible avec celle de l’OTAN qui ne pourra et n’aura pour mission de défendre le pays, mais sera destinée à des opérations dans des pays et continents lointains, cela n’ira pas sans pertes. Les accidents et les erreurs des dernières années, comme les catastrophes de la Jungfrau ou de la Kander, les mauvaises décisions en matière de personnel, l’incompétence de certains cadres et l’organisation chaotique ainsi que la mauvaise évaluation des situations dont Samuel Schmid est responsable, ont montré de façon flagrante aux citoyens combien l’armée suisse, jadis ancrée dans le peuple, a été détruite.
Quand Samuel Schmid, aujourd’hui le dos au mur, prétend que l’armée suisse se trouve dans un bon état, il n’a peut être même pas tort de son point de vue, car avec la mise sur pied de l’unité «Rambo», du Détachement d’armée 10 qui mènera dans le monde entier des engagements robustes, c’est-à-dire des engagements de guerre, Schmid a rempli une exigence importante de l’OTAN irigé par les Etats-Unis. Tout cela n’a rien à faire avec le mandat constitutionnel de la défense nationale, dont Samuel Schmid ne semble pas se soucier outre mesure, de même que des soldats suisses qui meurent lors de leurs engagements. Les parents concernés, les victimes qui souffrent d’une telle catastrophe deviennent pour Schmid les coupables qu’il doit craindre. Ainsi, c’est la réalité à l’envers, pas seulement du point de vue politique.
Maintenant il faudrait mettre à la disposition d’une telle direction d’armée des milliards pour pouvoir acheter de nouvelles armes et de nouveaux systèmes. Cela ne doit pas se faire avant d’avoir éclairci ce qu’une défense nationale devrait représenter de nos jours. Et là, il faut un dialogue ouvert et honnête avec le peuple, car finalement l’armée suisse est toujours une armée de milice.
Que les milieux militaires considèrent l’agression de l’Ossétie du Sud et des troupes de paix russes par la Géorgie à Tskhinvali comme preuve que l’ours russe s’est réveillé, n’est rien d’autre qu’une manifestation de vile propagande émanant des officines de relations publiques de l’OTAN. Que la Russie se défend quand une vingtaine de ses soldats de la paix sont tués, ce n’est pas seulement compréhensible mais c’est aussi absolument conforme au droit international. Ce n’est pas la Russie qui est l’agresseur, mais une Géorgie armée et poussée par Israël, les USA et l’OTAN. De prendre ce conflit comme preuve qu’il faut toujours se défendre contre le vieil ennemi de l’Est, comme disent les uns, ou de rapprocher l’armée suisse à l’OTAN comme disent les autres, c’est les deux fois pris trop court.
Si on veut défendre le pays contre n’importe quel agresseur, il faut une armée, une pure armée de défense. Tout autre chose serait se plier devant la grande puissance USA dont la côte est en déclin depuis longtemps et dont, à l’avenir, les gouvernements devront rendre des comptes de leurs crimes de guerres commis dans le monde entier et leurs crimes contre le droit international. Voulons-nous vraiment y participer, voulons-nous vraiment plier le genou? Il faut des actions et une pensée réfléchies. La politique de guerre de l’Occident va à l’encontre du plus profond de l’âme suisse. «Nous n’allons pas en pèlerinage», c’était déjà en 1939 la dévise des politiciens réalistes et perspicaces suisses qui voyaient monter le malheur en Allemagne. Cette position a apporté beaucoup de privations et de restrictions. Nos politiciens ne sont-ils plus prêts de prendre cette voie pour la protection du peuple?    •