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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°18, 9 mai 2011  >  «Pas d’avenir heureux sans respect du passé» [Imprimer]

Une jeune génération qui connaît une vogue croissante établit de nouveaux critères.
Elle approuve les valeurs fondamentales de la Suisse

par Rudolf Burger

«Où vas-tu, Suisse?» – une question pressante. Notre pays doit-il être à la remorque d’une Europe mise au pas qui s’éloigne de plus en plus de ses racines occidentales et libertaires?
La Suisse doit-elle devenir une petite étoile sur le drapeau de l’UE ou doit-elle continuer à brandir la croix blanche sur fond rouge?
L’UE qui harcèle continuellement notre pays avec de nouvelles exigences, croit probablement que son heure est venue où les «Rudenz» (selon Schiller), donc les «adaptés» se forment à nouveau.
Les «adaptés», ce sont les carriéristes et les protégés des médias, qui, sans en être conscients, deviennent les acolytes des destructeurs de la société libre.
Nous ne sommes pas appelés à nous appuyer sur les puissants. Notre démocratie directe, notre structure étatique du bas en haut, nos droits populaires sont des valeurs qui nous ont été confiés par l’histoire. Soyons fidèles à ces valeurs! Soyons aussi fidèles aux piquants dont les Allemands progressant sur Paris dirent une fois: «La Suisse, ce porc-épic, nous la ramassons sur le chemin du retour». Cela n’arriva pas alors. Mais ces piquants, nous en avons autant besoin aujourd’hui qu’alors.

Passé et avenir

En 1999, sur la prairie du Grutli, Franz Muheim attira l’attention sur le fait que le passé et l’avenir sont reliés et forment un tout. «Ce que beaucoup entreprennent aujourd’hui» déclara Muheim, «n’est rien d’autre que la tentative de desserrer, voire de couper le lien du peuple avec son passé. On veut nous ébranler, on veut nous donner l’impression que nous sommes isolés et que notre passé est dans l’ensemble lourdement chargé.»
Mais il ne saurait y avoir «un avenir heureux sans respect du passé». Une chose est certaine: le peuple suisse a constamment et catégoriquement refusé toute forme de totalitarisme. C’est une grande performance morale. Ce refus explicite fait partie des choses difficilement mesurables qui nous unissent, nous Suisses de diverses cultures.

Défi

L’avenir d’un peuple dépend de la question de savoir si chaque génération donne un nouveau maillon à la chaîne. Notre histoire suisse en est la preuve. Il s’est toujours trouvé des personnalités qui ont introduit un nouveau maillon dans la chaîne. Si autrefois c’étaient les Winkelried et les Stauffacher, les Nicolas de Flue et tant d’autres jusqu’au Général Guisan, la question qui se pose est: qui est-ce aujourd’hui ?

Nouveaux porteurs d’espoir

Après un temps de dévalorisation de toutes les valeurs, une jeune génération qui connaît une vogue croissante établit de nouveaux critères. De façon tout à fait naturelle, elle approuve les valeurs fondamentales de la Suisse. Elle redécouvre les valeurs et les chances du «Sonderfall». Elle voit dans la structure fédérale des valeurs pour lesquelles il vaut la peine de s’engager.

Adieu à la génération de 68

Des bastions de l’esprit soixante-huitard subsistent. Il faut du courage et une grande persévérance pour s’opposer l’égalitarisme et à l’adaptation. C’est à nous les aînés de donner à ces jeunes gens le soutien dont ils ont besoin.

Chaîne de mensonges

Il n’y a pas si longtemps le Conseil fédéral et à sa suite la presque totalité de l’establish­ment politique étaient d’avis que le peuple était le véritable souverain. Cette vision créa un rapport de confiance du bas vers le haut et vice-versa.
Le Conseiller fédéral Ritschard (1918–1983) a plusieurs fois clairement affirmé cette attitude d’alors. Il dit une fois: «Voulons-nous commencer à en vouloir au peuple? Nous n’en avons point d’autre.» Ou alors ce mot de poids: «Notre Constitution fait du peuple le gouvernement, chacun a le droit ou même le devoir de nous avoir à l’œil.»
Cette attitude s’est profondément modifiée. La classe politique actuelle ne veut pas servir, mais diriger. Elle a reconnu qu’elle peut, avec l’aide des médias, venir à bout du «peuple récalcitrant». Par conséquent, une politique d’occultation farcie de mensonges est devenue la nourriture quotidienne. Il y a plus qu’assez d’exemples à choisir dans le tas de mensonges et de demi-mensonges.

Accords bilatéraux

En mai 2000, au moyen d’une propagande hypertrophiée, on vanta au peuple les Accords bilatéraux comme voie vers l’avenir. On affirma qu’il s’agissait d’un accord économique, que cet accord n’avait rien à voir avec une adhésion à l’UE.
Cela n’empêcha pas le conseiller fédéral Joseph Deiss de déclarer le soir de la votation que la prochaine démarche à mettre à l’agenda était l’adhésion.
Le Conseiller fédéral Leuenberger joua les radoteurs lorsqu’en mai 2001, il déclara dans la «Frankfurter Rundschau»: «Plus nous supprimons des obstacles à l’aide des Accords bilatéraux, plus naturellement l’adhésion pourra s’accomplir plus tard. Voilà notre stratégie. Il s’agit d’un processus de changement».

Nouvelle Constitution fédérale de 1999

Le Conseiller fédéral Koller déclara à propos de la votation d’avril 1999 qu’il ne s’agissait que d’une mise à jour linguistique plus compréhensible. Cette «mise à jour» nous donnera encore longtemps du fil à retordre.

Armée et neutralité

Avec des promesses fallacieuses, on réussit à faire passer au forceps la votation sur l’Armée XXI. Le Conseiller fédéral Schmid saisit les commandes de la campagne et avec sa suite traversa le pays dans tous les sens. A cette occasion il déclara cent fois: «Nous restons neutres, nous n’adhérons pas à l’OTAN.»
Cette promesse n’a pas empêché le Conseil fédéral d’adhérer secrètement et silencieusement au Partenariat pour la Paix (PPP – antichambre de l’adhésion à l’OTAN). Schmid déclara lors d’une rencontre avec Robertson, le secrétaire général de l’OTAN, que le but de la Suisse était d’améliorer la collaboration militaire avec d’autres Etats, autant lors de catastrophes que dans des «opérations de soutien de la paix».
La Conseillère fédérale Calmy-Rey assura qu’on voulait être un partenaire fiable.
Le Conseiller fédéral Ogi qui s’était mis dans la tête de rendre l’armée suisse compatible avec l’OTAN se laissa aller à affirmer que «la Suisse doit sacrifier sa neutralité sur l’autel de la raison».
Le Conseiller fédéral Deiss définit la neutralité, au nom du Conseil fédéral, comme suit: «La Suisse reste un Etat neutre, l’appartenance à l’UE n’est pas en contradiction avec la neutralité.» Celui qui prétend cela a ou bien une représentation fausse de la neutralité ou bien il joue avec des cartes biseautées et ne voit pas non plus de contradiction avec la neutralité dans le siège convoité au Conseil de sécurité de l’ONU, lequel prend parti dans des conflits internationaux.
La chaîne de mensonges ne se rompt pas. L’art de camoufler la vérité fleurit de façon de plus en plus éhontée. La crise de la dette internationale actuelle ne s’y arrête pas.

Rien appris de l’histoire

La lutte des classes et de la destruction du capitalisme au nom de la justice et pour le bien de tous est l’œuvre de Karl Marx. Afin d’atteindre ce but, ce dernier expliqua, il y a bientôt cent ans, qu’il fallait détruire la classe bourgeoise. On sait que le marxisme n’a entraîné ni liberté ni bien-être, mais répression, assassinats par millions et pauvreté.
Mais l’appel pour la justice et l’égalité a constamment fasciné des hommes. La RFA, l’Etat modèle du marxisme pur, exerça une attirance particulière sur des gens s’intéressant à la politique en Suisse. Avec son livre «Honeckers Handschlag» (la poignée de main de Honecker), Erwin Bischof fit de la lumière sur l’obscurité. Ceux qui se sentaient attirés par l’Etat modèle socialiste de Honecker étaient des politiciens (Hubacher), des hommes d’église (Karl Barth, et des intellectuels (Frisch, Dürrenmatt, Muschg, Klara Obermüller).
Aujourd’hui, vingt ans après la chute du Mur et l’effondrement des utopies socialistes, nous doutons d’avoir bien entendu lorsque le PS a publié et élevé au rang d’un programme de parti sa nouvelle stratégie d’une réorientation marxiste. Dans ce papier orienté vers le passé, le PS suisse demande:
•    victoire sur le capitalisme
•    revenu de base garanti pour chacun
•    suppression de l'Armée
•    adhésion à l’UE.
Reste à savoir si la base du parti se soumettra à ce programme. La direction du parti s’est en tout cas démasqué et a ainsi clairement montré où elle se situe en fait.     •

Source: mediawatch.ch, Informationen der Vereinigung MedienPanoptikum. no 176, février 2011
(Traduction Horizons et débats)

Une députée du canton de Schaffhouse discrédite la démocratie suisse

Une députée socialiste – que les citoyens de Schaffhouse avait élue au Grand Conseil lors d’une élection démocratique! – s’est permis de critiquer le modèle suisse  en Allemagne.

hd. Le 29 janvier 2011, lors d’un exposé tenu à Singen au sujet de l’aire de stockage définitif de déchets radioactifs, elle a prétendu qu’à ce sujet les Suisses n’avaient pas de droits démocratiques. La députée, qui enseigne d’ailleurs aussi l’instruction civique, a fait un amalgame entre la prétendue participation de la population des communes alle­mandes et suisses à la «Regional­konferenz Zürich Nordost» (la conférence régionale du Nord-Est zurichois) concernant l’aire de stockage de déchets radioactifs de Benken et le droit évident de la population à une consultation populaire sur la question du site. («La participation n’est qu’un susucre pour le peuple.»)
La vraie mission des socialistes en tant que parti «proche du peuple» serait d’informer la population qu’elle n’a en réalité rien à dire en ce qui concerne les conférences régionales, les espaces métropolitains, les parcs naturels et autres inventions de Bruxelles, mais qu’elle a pourtant beaucoup à dire au niveau des communes, des cantons et de la Confédération. Mais la députée s’est présentée comme porte-parole du «baromètre de la démocratie» qu’on vient de publier et qui est scientifiquement insoutenable. De plus, elle a déclaré que la Suisse venait après l’Allemagne quant à la démocratie. Elle ne tient pas beaucoup à la démocratie. On peut lire sur son site: «La force des socialistes est la compétence et la persévérance. Gagner avec le PS, c’est mettre dans sa poche la majorité bourgeoise au pouvoir.» [sic!]
Face «aux processus démocratiques apparents» qu’elle a démasqués comme étant des «exercices d’alibi», la représentante élue a eu le front d’appeler à la résistance. Nous ne pouvons que lui recommander d’acheter un aller simple pour Berlin.» Peut-être que le SPD a besoin d’une politicienne qui appelle à manifester au lieu d’appeler à l’exercice des droits démocratiques, et qui diffame son propre pays à l’étranger?

Source: Südkurier du 9/2/11