Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°20, 25 mai 2009  >  Sri Lanka: Plus de 250 000 personnes déplacées ont un besoin urgent d’assistance [Imprimer]

Sri Lanka: Plus de 250 000 personnes déplacées ont un besoin urgent d’assistance

La fin des hostilités a été déclarée, et tout doit maintenant être mis en œuvre pour faciliter l’accès des organisations humani­taires afin qu’elles puissent venir en aide aux centaines de milliers de personnes déplacées. Monica Zanarelli, chef adjoint des opérations du CICR pour l’Asie du Sud, explique les enjeux de la situation actuelle.

Pouvez-vous décrire la situation humanitaire ces derniers jours dans la zone de conflit?

Monica Zanarelli: Prises au piège dans la zone des combats, des dizaines de milliers de personnes ont traversé des épreuves inima­ginables au cours des dernières semaines. Il n’existait pratiquement plus aucun lieu sûr pour ces populations, dont l’accès aux soins médicaux, à la nourriture et à l’eau était totalement inadéquat. Dimanche dernier, dans la matinée, nous avons perdu le contact avec notre équipe d’une vingtaine de collaborateurs locaux qui se trouvait encore sur place. Aucune information de première main sur ce qui se passait dans la zone ne pouvait donc nous parvenir. Hier, quelques uns de nos collaborateurs sur le terrain ont réussi à faire savoir qu’ils étaient en vie et se trouvaient hors de la zone touchée par les combats. Nous restons cependant sans nouvelles des autres membres de l’équipe et de leurs familles.

Les civils et les blessés qui se trouvaient encore dans la zone ont-ils été évacués?

Le 9 mai, le CICR a réalisé sa dernière opération d’évacuation (un groupe composé de 516 blessés et malades et de membres de leurs familles). Depuis lors, nous avons tenté en vain de revenir dans la zone afin de fournir toute l’assistance pouvant encore être nécessaire. Le CICR est en contact avec les autorités, et il saisira toute occasion qui se présentera à lui pour retourner sur place.

Qu’en est-il des personnes détenues?

A ce jour, le CICR a pu rencontrer plus de 1800 combattants des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) qui s’étaient rendus aux forces armées gouvernementales, et des listes nominatives de ces détenus ont été établies. Le CICR accède de manière régulière, depuis de nombreuses années, aux prisons et aux lieux de détention temporaire à Sri Lanka.

Certains hauts dirigeants des LTTE auraient demandé au CICR de servir d’intermédiaire dans les négociations de reddition. Est-ce exact?

Depuis de longues années, le CICR est en contact à la fois avec des représentants des LTTE et avec le gouvernement sri lankais, et chaque fois que cela lui a été demandé, il a transmis des messages d’une partie à l’autre. En tant qu’organisation humanitaire neutre et indépendante, le CICR ne révèle pas le contenu des discussions confidentielles qu’il mène, dans un cadre bilatéral, avec l’une ou l’autre des parties à un conflit.

Combien y-a-t-il eu de blessés? Est-ce que tous les blessés bénéficient à présent de soins médicaux?

Le CICR n’est pas en mesure de fournir des chiffres, ni même de savoir si tous les blessés reçoivent les soins médicaux dont
ils ont besoin. Le droit international huma­nitaire stipule que la vie de toutes les per­sonnes qui ne participent pas, ou ne parti­cipent plus, aux hostilités doit être épargnée. Les blessés et les malades doivent être immédiatement recueillis et soignés, et les détenus doivent être traités avec humanité. De mi-février au 9 mai, le CICR a évacué quelque 14 000 patients blessés ou malades et les soignants qui les accompagnaient. Une équipe chirurgicale du CICR est actuellement déployée à l’hôpital de Mannar. Pour répondre à l’afflux de centaines de patients au cours de ces derniers jours et semaines, le CICR a aidé les autorités sanitaires à augmenter de quelque 500 lits la capacité d’accueil des hôpitaux de Mannar et de Vavuniya.

Quelle assistance la Croix-Rouge a-t-elle pu apporter, jusqu’ici, aux déplacés?

Selon les chiffres communiqués par le gouvernement, plus de 250 000 déplacés internes sont actuellement regroupés dans une vingtaine de camps. Agissant conjointement avec ses partenaires au sein du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le CICR a distribué des secours à quelque 40 000 personnes (eau potable, colis de vivres, assortiments d’articles d’hygiène personnelle, colis pour bébés, assortiments d’articles ménagers de première nécessité et ustensiles de cuisine) dans le plus grand camp, Menik Farm, près de Vavuniya. Par ailleurs, quelque 17 000 personnes ont reçu des tentes et des bâches en plastique pour aménager des abris provisoires.

Est-il vrai qu’en ce moment, le CICR n’a pas accès au plus grand camp, situé près de Vavuniya?

Effectivement, depuis la fin de la semaine dernière, les autorités ont limité l’accès des véhicules au plus grand camp, Menik Farm, où vivent plus de 130 000 déplacés. Ces restrictions ont entraîné un arrêt temporaire des distributions de secours. Le CICR et les autres organisations humanitaires déplorent cette situation inacceptable, notamment du fait de ses graves conséquences pour les milliers de personnes nouvellement arrivées dans le camp. Jusqu’à ces tout derniers temps, en effet, ces déplacés ont dû surmonter des épreuves inima­ginables, tout simplement pour pouvoir survivre dans la zone de conflit dans le nord-est de l’île. Conjointement avec les autorités, le CICR et d’autres organisations humanitaires s’efforcent donc de trouver une solution pour pouvoir reprendre au plus vite les distributions.    •

Source: www.cicr.org, interview du 21/5/09

La Suisse appelle les parties au Sri Lanka au dialogue politique

Le gouvernement suisse se félicite de la cessation du conflit armé au nord du Sri Lanka. La Suisse déplore expressément que ce conflit vieux de plusieurs décennies ait causé la perte d’innombrables vies humaines et privé des dizaines de milliers de déplacés internes de leurs moyens de subsistance.
La Suisse regrette que le droit interna­tional humanitaire ait été violé et appelle toutes les parties à respecter et à faire respecter les règles et obligations internationales en toutes circonstances.
La Suisse appelle le Sri Lanka à assurer un accès humanitaire rapide et sans entrave à la population dans le besoin, en particulier aux déplacés internes. Conformément au droit international humanitaire, le Comité international de la Croix-Rouge, les agences des Nations Unies et les autres organisations humanitaires actives au Sri Lanka doivent pouvoir exercer leurs activités. La Suisse invite en outre toutes les parties concernées à s’abs­tenir d’incitations à la haine et à œuvrer à la réconciliation par des mesures unilatérales ou mutuellement convenues. Toutes les parties et tous les groupes en présence ainsi que les membres de la diaspora devraient travailler à la réconciliation et à un règlement durable par la voie d’un dialogue politique, dans un esprit d’ouverture et en coopération avec les institutions internationales.
La Suisse réitère sa disposition à apporter son soutien dans les domaines de l’aide humanitaire, de la protection humanitaire et de l’élaboration de solutions institutionnelles en matière de protection des minorités.

Communiqué de presse du Département fédéral des Affaires étrangères du 19/5/09