Rendre justice à la déontologie professionnelle du journaliste et à la culture politique de la démocratiepar Urs Knoblauch, artiste et journaliste dans le domaine culturel, Fruthwilen TGEn visite à la Foire du livre de Leipzig, on ne se trouve pas seulement au milieu de nouvelles éditions précieuses, mais on entre en contact avec les auteurs et leur public. C’est ainsi que la présentation du nouveau livre d’Uwe Krüger «Mainstream – warum wir den Medien nicht mehr trauen» [«Mainstream» – pourquoi nous nous méfions des médias] a offert un aperçu d’actualité sur les médias phares intégrés dans le système transatlantique, sur les conditions professionnelles auxquelles sont soumis les journalistes et sur le nombre croissant d’utilisateurs critiques face aux médias. Uwe Krüger est collaborateur scientifique au département de journalisme de l’Université de Leipzig. Sa thèse de doctorat de 2011 a paru en 2013 dans les Editions de l’Institut für praktische Journalismus- und Kommunikationsforschung (IPJ), sous le titre «Meinungsmacht – der Einfluss von Eliten auf Leitmedien und Alpha-Journalisten – eine kritische Netzwerk-Analyse» [Le pouvoir de l’opinion – l’influence des élites sur les médias phares et les journalistes vedettes. Une analyse critique des réseaux]. Dangers du pas cadencé des médias pharesLe livre de Krüger fait état de réunions clandestines régulières des élites médiatiques. Celles-ci sont également accueillies au sein de la Chancellerie fédérale allemande, où on les «informe» et «oriente» sur des sujets politiques actuels, dans les termes qui conviennent au gouvernement allemand – à l’écart de toute voix critique. De nombreux journalistes, n’ayant pas abandonné leur déontologie professionnelle, en portent les conséquences. Notamment les jeunes journalistes sont confrontés à une grande insécurité existentielle. «En Allemagne, plus de 5000 journalistes et membres des rédactions sont au chômage, selon l’Office fédéral du Travail.» (p. 49) Les véritables desseins politico-économiques sont cachés à la vue des citoyens par des stratégies de deux poids deux mesures, par la formule de la «démocratie conforme au marché» de la chancelière allemande Merkel (p. 128) et par des notions du genre «intervention humanitaire». Uwe Krüger cite dans ce contexte le politologue britannique Colin Crouch qui par la notion de «démocratie tardive» («post-democracy») dénonce la tromperie des citoyens lors des élections démocratiques. Elle se caractérise par «des équipes d’experts professionnels en relations publiques concourant réciproquement et contrôlant le débat public de telle manière qu’il dégénère en un simple spectacle». Dans «cette mise en scène politique, la politique réelle se fait à huis clos», préparée par les réseaux des élites (p. 132).Cependant, les citoyens veulent des informations honnêtes et ils y ont droit. Dans une démocratie, les gens doivent pouvoir se fier aux informations répandues par les médias et les acteurs politiques. A la différence des guerres qu’on ne peut fomenter qu’à l’aide de désinformation, de mensonge et de propagande. Le vivre-ensemble pacifique n’est possible que sur le fondement de la bonne foi. Dans le domaine du journalisme et des médias, ce sont l’éthique et le sens de la responsabilité civique envers le bien commun qui doivent en former la base. • Uwe Krüger. Mainstream. Warum wir den Medien nicht mehr trauen. C.H.Beck, Munich 2016, |