«Nous voulons maintenir l’armée de milice»
Plaidoyer du Conseil national pour une armée forteInterview du conseiller national Jakob Büchler, membre de la Commission de la politique de sécuritéthk. Le dernier jour de la session de printemps de l’Assemblée fédérale, il restait encore une série de votes finaux, comme entre autres la question de savoir comment le Conseil national veut se prononcer sur l’initiative demandant l’abrogation de l’armée de milice. Ayant déjà rejeté majoritairement l’initiative à la session d’hiver, il s’est prononcé, vendredi encore une fois, très clairement contre cette initiative. Le Conseil national veut également conserver le tir obligatoire et a rejeté une initiative parlementaire visant à abolir le tir annuel de l’Armée. Jeudi déjà, le Conseil national a accepté l’augmentation du budget militaire de cinq milliards, et s’est prononcé ainsi à nouveau contre le Conseil fédéral. Horizons et débats: Quelle est l’importance du vote de jeudi pour notre Armée? Jakob Büchler, conseiller national: Ce vote a une très grande importance, parce que le Conseil des Etats, avec sa prise position concernant le remplacement partiel du Tiger, n’a pas été très convaincant. C’était une décision du bout des lèvres. Il s’est prononcé avec 22 voix contre 20 pour une entrée en matière. Mais, le Conseil des Etats n’a pas levé le frein à l’endettement. C’était une passe en chandelle relativement faible que le Conseil des Etats a faite ici. Cela m’a étonné d’autant plus que le Conseil des Etats a toujours pris une position tout à fait explicite en ce qui concerne ces questions. C’était un signe très faible. Quelle sera maintenant la suite au Parlement? Est-ce également une décision en faveur de l’acquisition du Gripen? C’est tout d’abord un signe positif. A propos de la décision au sujet du Gripen, nous devons d’abord nous prononcer dans la Commission et ensuite au Parlement. Néanmoins, pour moi, c’est un signe qui va dans la bonne direction. Quand on dit que l’Armée doit être équipée de nouveaux avions et obtenir de nouveau matériel et véhicules, à ce moment-là, il lui faut les cinq milliards. C’est pour moi un signe qui dit que nous avons besoin de cet argent, même si l’ensemble du Conseil fédéral est d’autre avis. Mais pour moi, il est clair que la majorité du Parlement voudrait que nous allions dans la bonne direction. L’objet va-t-il maintenant être traité au Conseil des Etats? C’est ainsi, mais le Conseil des Etats doit encore décider de la motion du Conseil national. Mais je suppose qu’il aura également le courage d’accorder les cinq milliards, sinon il faudrait se demander quel est le rôle que joue effectivement le Conseil des Etats. Il faut que nous occupions soigneusement de l’affaire Gripen. Pourquoi? La semaine dernière, plusieurs représentants de l’économie étaient présents au Palais fédéral, qui sont bien sûr également en contact avec Saab concernant les affaires de compensation. Ce sont des entreprises de Thurgovie et de Saint-Gall, c’est-à-dire de Suisse orientale. Pour eux, c’est très important de savoir si l’affaire sera bouclée, pour pouvoir réaliser, à leur tour, les contrats avec Saab en Suède. Faut-il supposer que le Conseil des Etats va souscrire la demande du Conseil national? Oui, je l’espère profondément. La décision de ne pas lever le frein à l’endettement est vu, par certains membres du Conseil des Etats, comme accident du travail, et c’est pourquoi je pense bien d’obtenir un Oui du Conseil des Etats. Est-ce qu’il y a eu d’autres objets militaires soumis au vote dans cette session? Oui, ce qui m’a fait plaisir, c’est le résultat du vote de l’initiative parlementaire sur la suppression du tir obligatoire hors du service. Avec un résultat du vote de 91 voix contre 61, le Conseil national voudrait qu’on maintienne le programme fédéral obligatoire. C’est une prise de position très claire, bien que certains membres de mon groupe parlementaire voulaient savoir si, de nos jours, cela était encore sensé. A ma grande joie, je dois dire que la plupart a suivi mon appel. Qu’est-ce qui a convaincu les membres du parti et sans doute également les collègues des autres partis? Nos soldats doivent pouvoir s’entraîner, et ceci non seulement lors des cours de répétition (CR), qui sont reportés par presqu’un tiers des soldats pour des raisons de date. Il y a des années où l’on ne fait pas de service militaire et ne tire donc aucun coup de feu. Mais cela fait partie intégrante de la formation de nos soldats de milice. C’est également l’expression d’une confiance que nous témoignons à nos soldats de milice. Ils reçoivent l’arme d’ordonnance et doivent savoir la manier, sinon elle ne sert à rien. Dans le programme fédéral obligatoire, le militaire fait cet exercice au moins une fois par an. Un soldat qui ne maîtrise pas son arme est pour moi un mauvais soldat. Je suis très heureux que nous ayons trouvé une majorité. Le vote clair du Conseil national est une prise de position en faveur de l’armée de milice? Pour moi, c’est clairement un double Oui. Nous avons aujourd’hui, lors du vote final, recommandé, par 128 voix contre 57 et 4 abstentions, de rejeter l’Initiative populaire pour l’abrogation du service militaire obligatoire. C’est un signe fort. Nous voulons tenir à une armée de milice et ne pas l’échanger contre une armée professionnelle. C’est une ferme confirmation: oui à l’armée de milice. Le vote clair pour les cinq milliards est pour moi un Oui clair pour une armée de milice bien équipée. Après ces deux votes de hier et aujourd’hui, je rentre tout content à la maison. Monsieur Büchler, merci beaucoup de cet entretien. • |