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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°36, 21 septembre 2009  >  L’amour – en portant le regard sur l’ensemble du monde ainsi que sur l’être humain dans son entier [Imprimer]

L’amour – en portant le regard sur l’ensemble du monde ainsi que sur l’être humain dans son entier

L’Encyclique du Pape Benoît XVI «Caritas in veritate»

par Monseigneur Elmar Fischer*

hd. Nous publions ci-après l’exposé de Monseigneur Elmar Fischer, tenu lors du congrès «Mut zur Ethik» qui avait pour thème «Souveraineté du peuple ou impérialisme – Qu’est-ce qu’une authentique démocratie?» et qui a eu lieu à Feldkirch (Vorarlberg/Autriche).

Comment le Pape voit-il les chances d’un développement meilleur du monde et de l’être humain face à la situation marquée d’une manière propre par le crash financier?
1. Remarques importantes de la parole de Dieu: Hebr 10, 8 – 18, particulièrement vers 12 et les suivants: «Lui, (Jésus) après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu; attendant désormais que ses ennemis soient devenus son marchepied.» Pourquoi attend-Il passivement que les ennemis lui soient livrés aux pieds?
Luc 7, vers 28-35: Bien qu’Il (Jésus) constate que ni Jean (le Baptiseur), ni Lui-même ne paraissent pas vraiment ressembler «aux hommes de cette génération», surtout aux Pharisiens, la «Sagesse» (un titre attribué souvent au Messie dans l’Ancien Testament) obtient son droit.
Le message essentiel de ces passages:
Le Messie a clairement démontré le sauvetage proprement dit et la délivrance par sa vie, sa mort et sa résurrection. Il respecte cependant la liberté de l’être humain et celui-ci a la possibilité de mettre en pratique ses idées personnelles et sociales relatives à la délivrance. Toutefois, si l’esprit de Jésus ne se reflète pas dans une mesure minimale dans ces réalisations, alors ces idées sont vouées à l’échec, elles se soumettent à la «Sagesse». C’est elle qui obtient le droit sur leurs actes.
2. Face à la situation actuelle définie par le mot mondialisation, le Pape Benoît XVI, porte un regard sur le monde dans son entier et dans toutes ses relations multiples et émet des propos essentiels concernant le développement de l’être humain dans son ensemble et d’une autre manière que les encycliques précédentes.
La lettre encyclique «Rerum novarum» (1899) de Léon XIII, avait pris position sur la «question des travailleurs» à l’époque où l’industrie connaissait une forte expansion. Pie XI a pris position en 1931 dans sa lettre «Quadragesimo anno» sur le système capitaliste libéral. Jean XXIII souligne dans son Encyclique «Pacem in terris» en 1963 que chaque être humain a des droits et des devoirs inaliénables inhérents à sa nature et à son existence humaine. Il revendique claire­ment une constitution étatique fondée sur l’Etat de droit et la liberté. Il faut viser la démocratie qui respecte les droits de l’homme, cela devient «un des commandements». Le Pape Jean-Paul II souligne particulièrement dans l’Encyclique «Laborem exercens» en 1981 que le travail de l’être humain ne doit pas être considéré seulement comme valeur monétaire, mais comme valeur profondément personnelle. L’être épanouit sa personnalité également par son travail.
Dans deux Encycliques, les papes prennent position sur l’urgence croissante relative au problème du développement: Paul VI dans sa lettre «Populorum pro­gressio» (1967). Il ne doit pas s’agir uniquement d’aide technique quand on octroie l’aide au développement. L’aide efficace nécessite l’élargissement du savoir, de la formation, du respect de la dignité de l’homme, la reconnaissance de ces dernières valeurs, la reconnaissance de Dieu en tant que source et objectif des valeurs. Dans un autre écrit correspondant «Sollicitudo rei socialis» (1987), le Pape Jean-Paul II souligne que des initiatives entreprenantes ne doivent pas être étouffées mais qu’on doit plutôt encourager les pays en développement à ce qu’ils corrigent leurs propres erreurs.
3. La conception fondamentale du Pape Benoît XVI touchant les diverses questions sur la situation sociale et le développement se base sur cette idée: Jésus-Christ est l’homme qui contient en lui la représentation de l’être dans toutes dimensions.
En regard des processus que l’on désigne par le terme mondialisation, il faut aspirer à la justice et cela dans le dessein d’être équitable, utile et solidaire envers l’être humain, le monde et les exigences écologiques. La justice en ce sens est pour le Pape Benoît XVI la mesure minimale en amour. Il aborde la diversité des exigences qui sont à régler et il propose de ne pas donner naissance à un gouvernement mondial, mais de créer une autorité analogue à celle de l’ONU qui est capable de guider fermement l’ensemble du monde. Il considère cela comme une revendication à prendre en main pour le monde d’aujourd’hui, car les Etats seuls ne peuvent plus suffisamment guider leur destinée.
«Caritas in veritate», l’amour est dans la vérité, dans la sincérité, c’est ainsi que commence la lettre encyclique et elle veut ainsi attirer le regard particulièrement sur le développement de l’homme, sur son devoir que lui a attribué le Créateur, c’est-à-dire d’épanouir son être dans son entier. Il a recours aux propos de la lettre de Paul VI «Populorum progressio» (comme cités plus haut) et reprend également en détail et de manière frappante ses propos extraits de «Humanae vitae» (1968), dans laquelle il étoffe la capacité de relation de l’être humain qui le rend apte à vivre en couple et en famille.
La société, les communes et leurs institutions acquitteront leurs devoirs quand elles soutiendront non seulement l’être humain dans certains domaines (en tant que salarié, personne qualifiée, d’importance pour la politique de partis, en tant que fournisseur d’argent et de capital …), mais porteront leur regard sur l’être humain dans son ensemble et qu’elles connaîtront son devoir d’épanouissement: devenir capable d’aimer de par tous ses dons et transformer toutes ces aptitudes en amour. L’amour semble peut-être avoir une connotation très émotionnelle quand on considère que l’être humain est doté de multiples impulsions et de forces. Mais c’est justement de ce point de vue que pour le Pape la veritas, la vérité et la sobriété sont d’importance. Ce ne sont pas les émotions et les sentiments qui doivent dominer. Il s’agit pour lui que les organisateurs du monde social, sensibles aux propriétés du monde, aident l’être humain de manière appropriée, avec bienveillance et en tournant le regard sur le réseau des situations diverses permettant l’épanouissement et la participation sensée au bien commun.
Sur le fondement de la mission du Christ, l’Eglise ne peut pas donner des consignes individuelles ou même des concepts d’action très concrets, mais elle veut cependant contribuer avec ses conceptions à ce que le monde, l’être humain et la communauté puissent s’épanouir pour leur bien. Dans toutes ces possibilités, qui sont offertes à l’être humain aujourd’hui pour arriver au succès, celle qui s’imposera à la longue, sera celle qui porte en elle-même la sagesse comme le Christ l’a vécue.     •
(Traduction Horizons et débats)

*    Elmar Fischer est évêque du diocèse de Feldkirch. Il est né le 6 octobre 1936 à Feldkirch-Tisis. De 1970 à 1982, Elmar Fischer était actif en tant que directeur de l’Internat d’études diocésain Marianum à Bregenz. En même temps, il était de 1974 à 1990 directeur de l’Institution d’éducation diocésaine, reconnue par l’Etat, dans le domaine du couple, de la famille et du conseil de vie. De 1979 à 1990, Elmar Fischer était directeur du Centre pour le couple et la famille du diocèse de Feldkirch. En 1991, il obtient son inscription sur la liste des psychothérapeutes reconnus par l’Etat. Le 6 mars 1989, son prédécesseur, Monseigneur Klaus Küng, le nomma Vicaire général du diocèse de Feldkirch. En mai 2005, le Pape Benoît XVI nomma Elmar Fischer évêque de Feldkirch.