Vaccination obligatoire contre la maladie de la langue bleue – un exemple avertisseurInterview de Matthias von Euw, paysan bio de Hittingen (TG)Horizons et débats: Monsieur von Euw, vous vous êtes penché à fond sur la maladie de la langue bleue, qu’est-ce qui vous a motivé?Matthias von Euw: Au commencement il y a eu un communiqué officiel de l’Office vétérinaire fédéral (OVF) sur la maladie de la langue bleue dans les médias agricoles. D’abord j’ai pensé que si la situation était tellement grave, il serait grand temps d’agir. Selon un long article de presse, la Belgique était victime d’un très grand nombre d’infections de la maladie de la langue bleue. Je voulais en savoir davantage et j’ai contacté l’association des paysans de Belgique. Je voulais surtout savoir quel était l’effectif animalier belge. Comme les réponses étaient insuffisantes, je me suis adressé à l’office de l’agriculture belge. Lorsque j’ai posé d’autres questions sur la maladie de la langue bleue, je n’ai pas reçu de réponses claires. Pourtant ils m’ont indiqué l’effectif animalier national. Alors j’ai comparé ces chiffres avec le nombre d’infections de la maladie de la langue bleue en Belgique publié dans les journaux suisses. Il n’y avait en Belgique même pas autant d’animaux! Le nombre d’infections de la maladie de la langue bleue dépassait d’un quart le nombre d’animaux! La question s’est donc posée de savoir si les médias avaient arbitrairement augmenté les chiffres ou bien si c’était le fait de l’Office fédéral? A partir de ce moment-là, j’ai examiné la chose à la loupe. Qu’avez-vous entrepris? La Confédération et l’OVF avaient prévu pour le 1er juin 2008 une vaccination obligatoire contre la maladie de la langue bleue. Les informations dans la presse et le matériel publicitaire de l’OVF au sujet de la maladie de la langue bleue étaient déjà au préalable contradictoires, et du point de vue scientifique insuffisants ou même faux. C’est pourquoi je me suis adressé, déjà en avril 2008, par écrit au service vétérinaire cantonal: «Comme j’ai dû l’apprendre des médias, tous les bovins, les moutons et les chèvres en Suisse doivent être vaccinés contre la maladie de la langue bleue. En tant que détenteur d’animaux je suis obligé de fournir une qualité de viande et de lait impeccable et de garantir une traçabilité complète des produits. Là dessus j’ai quelques questions. 1. La qualité peut-elle être assurée avec le vaccin? Si oui, par qui et comment? 2. Est-ce que la traçabilité du vaccin peut être garantie? Si oui, par qui et pour combien de temps? 3. Qui a testé les vaccins et pendant quelle durée? 4. Qui assume la responsabilité d’éventuels effets secondaires et leurs conséquences? 5. Qui garantit l’efficacité du vaccin? 6. Est-il vrai, que la Confédération et les cantons assument les frais et que le paysan ne contribue qu’avec 4 francs? 7. Qui paie l’administration, le matériel d’injection, l’injection ainsi que le déplacement du vétérinaire etc.» Comment jugez-vous les vaccins, qui ont été utilisés pour la vaccination obligatoire?Il s’agit des vaccins suivants: BTVPUR AlSap 8 (MERIAL), Bovilis BTV (Intervet) et Zulvac 8 cattle et Zulvac 8 ovine (Fort Dodge Animal Health). Pour ceux-là une demande d’autorisation a été déposée auprès de l’Institut de Virologie et d’Immunoprophylaxie (IVI). Selon l’IVI ces vaccins contiennent de l’hydroxyde d’aluminium et de la saponine comme adjuvant. Lors de la procédure d’autorisation de mise sur le marché de ces médicaments l’IVI a mis ceci en exergue: «Pour aucun de ces produits n’existe une documentation, qui permettrait une autorisation en bonne et due forme. […] L’Agence européenne des médicaments (EMEA) a élaboré des critères d’exigence allégés en cas d’urgence pour l’application du vaccin BTV. Ceux-ci ne sont cependant pas non plus remplis par les vaccins offerts en ce moment. Néanmoins, certains Etats membres de l’UE ont autorisé l’emploi des vaccins dans des actions de lutte coordonnées sur le plan national en raison de l’urgence. L’article 9, alinéa 4 de la Loi sur les produits thérapeutiques autorise, pour une durée limitée, la distribution et la remise de médicaments contre des maladies mortelles, qui ne sont pas autorisés à être mis sur le marché, si une grande utilité thérapeutique est attendue de l’administration de ces médicaments. Cette situation nous semble être atteinte dans le cas de la maladie de la langue bleue chez les moutons et les bovins. Nous proposons donc pour la Suisse une procédure analogue à celle entamée dans d’autres pays européens. Cela veut dire que l’OVF autorise l’emploi des produits non autorisés dans le cadre des campagnes de vaccination prévues pour l’année 2008.» (Extrait d’une lettre du IVI du 20 mai 2008 à l’Office vétérinaire fédéral, Liebefeld Berne) Ainsi on a appliqué des vaccins qui, dans des conditions normales, ne sont pas autorisés à être mis sur le marché?En raison de la recommandation du IVI, l’OVF a autorisé le vaccin pour une durée limitée. En plus, ces vaccins-là étaient insuffisamment testés. Dans les documents originaux les producteurs écrivent que l’impact sur la reproduction masculine n’a pas été analysé. L’innocuité des vaccins pour les vaches gravides et en lactation n’a pas non plus été examinée. Ainsi le producteur de Merial (BTVPUR AlSap 8) écrit sous «Contra-indications, warnings» etc. le suivant: «The safety of the vaccine in pregnant or lactating animals ha not yet been established.» Sur la notice du distributeur Biokema SA cette indication ne figure pas. Le producteur Intervet International (Bovilis BTV8) écrit sous «12. Indications (d’avertissement) spéciales […] usage pendant la gestation, lactation: La tolérance du vaccin pendant la gestation ou lactation n’est pas analysée.» Sur la notice de la Veterinaria SA, qui distribue ce vaccin en Suisse, cet avertissement manque. Même s’il y a le risque que la maladie se répande à la façon d’une épidémie?Selon la loi, la maladie de la langue bleue n’est pas une épizootie. C’est une maladie. Elle est transmise par les moustiques. Pour cette raison, une bête atteinte de la maladie de la langue bleue, ne peut pas du tout transmettre la maladie à ses congénères. C’est également confirmé par le producteur du vaccin Merial. Il faudrait donc vacciner ou chasser les moustiques et non pas les bovins, les moutons ou les chèvres? Oui, en effet. Si un moustique pique maintenant une bête malade atteinte de la maladie de la langue bleue ou du virus BTV, alors, le même moustique doit piquer une autre bête en l’espace de 12 heures. Sinon, la maladie n’est pas transmise, parce que le matériel contaminé n’est contagieux que pendant 12 heures. Mais les moustiques ne repiquent qu’après 48 heures. Mais, cela ne fonctionne que si tout s’harmonise. Le virus lui-même ne vit que quatre heures dans un animal porteur. Au fond, qu’est-ce que cela veut dire? La température du moustique se distingue totalement de celle de tout autre animal. Le virus ne peut pas survivre aussi longtemps dans ce moustique. Est-ce qu’il n’y avait pas le risque que sans vaccination, une grande partie du cheptel succombe à la maladie de la langue bleue? Non. Une étude allemande au sujet de la maladie de la langue bleue montre que seulement 1,96% des bovins ont eu des symptômes de la maladie de la langue bleue. Seuls deux animaux malades sur 1000 sont morts. Des vaccinations à grande échelle en tant que mesure préventive sont donc à rejeter. Est-ce qu’on connaît la maladie de la langue bleue depuis longtemps? Le virus de la maladie de la langue bleue est un petit animal d’un certain âge. Sur une liste d’armes chimiques et biologiques, il figure comme arme biologique. Quelles conclusions personnelles tirez-vous de vos recherches? Je n’ai pas fait vacciner mes bêtes jusqu’à présent. Nous vous remercions de cet entretien instructif. • L’OMS doit-elle décider de ce qui se trouve dans notre assiette?Horizons et débats: Monsieur von Euw, comment expliquez-vous à un citadin ou à un habitant de l’agglomération pourquoi il faut voter contre la nouvelle Loi sur les épizooties? Mathias von Euw: Je lui dirais ce qui suit: Tu vois, au fond c’est toi qui décides de ce que tu veux manger. L’agriculture produit ce que tu as dans l’assiette. Dans le monde entier, il n’y a aucun pays où le citoyen peut se mêler aussi activement qu’en ce qui concerne la production alimentaire par le paysan. S’il s’agit d’un débat ouvert et franc, c’est une culture remarquablement bonne, telle que nous l’avons soignée et la soignons toujours en Suisse. Nous, les citoyens, avons la possibilité de dire notre mot lors de votations et de débattre les choses à fond. Le contribuable paie quelque chose pour une bonne alimentation, puisque le paysan a des dépenses supplémentaires s’il veut garantir la qualité désirée. Y a-t-il d’autres changements graves avec la nouvelle loi? Oui, il y en a. L’amendement législatif met deux nouvelles institutions à la disposition de la Confédération: une banque de données de vaccins et une banque de vaccins où les vaccins seront stockés. La Confédération achète cette marchandise et doit se soucier de la «liquider». Si l’OMS recommande une vaccination obligatoire, les gens seront obligés d’acheter ce truc. A présent, c’est encore le droit de l’état d’urgence qui est en vigueur. Avec la nouvelle loi cela changera, il n’y aura plus besoin de l’état d’urgence du tout. La Confédération en tant qu’intermédiaire de l’industrie pharmaceutique? Exactement. C’est inadmissible, c’est une saloperie. Alors, elle obligera le citoyen à acheter ces machins. Elle déclare prendre les responsabilités tout en ajoutant qu’elle ne sera pourtant pas responsable. C’est ce qu’on a fait lors de la vaccination obligatoire contre la maladie de la langue bleue. La Confédération a pris soin, par ordonnance, de ne pas pouvoir être rendue responsable des dégâts de la vaccination. |