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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°16, 23 avril 2012  >  L’âme allemande … [Imprimer]

L’âme allemande …

par Jochen Scholz, Berlin

Il semble bien que le politicien allemand moyen éprouve le besoin impérieux de soumettre tous les autres Etats européens à l’ordre juridique allemand. Il ne lui entre pas dans l’esprit qu’il peut y avoir des pays dans lesquels le ministère public ne serait pas soumis à l’exécutif. C’est bien pourquoi il n’y a pas dans notre pays de procureur général qui pourrait agir comme le juge d’instruction espagnol Baltazar Garzòn, sans se préoccuper du rang de la personne, cela pendant des années, jusqu’au jour où il fut victime d’une intrigue politique.
On ne peut comprendre autrement les hoquets répugnants répandant une odeur nauséabonde.
Carsten Schneider, politicien socialiste en charge du budget, exigea de Schäuble, ministre des Finances, de se présenter auprès des fonctionnaires. «Schäuble trahit les devoirs de sa charge». Il exigea du ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle (FDP) de convoquer l’ambassadeur suisse.
A sa décharge, on peut mentionner que celui qui fut le plus jeune député du Bundestag en 1998 n’avait auparavant guère eu l’occasion d’élargir son horizon, n’ayant eu comme expérience qu’un apprentissage d’employé de banque et son service civil; puis sa fonction dans la Commission parlementaire du budget n’y a pas vraiment remédié.
Il y aurait cependant quelques questions à poser à son parti, le SPD. Par exemple, pourquoi des esprits indigents peuvent se permettre de porter le discrédit sur le plan international à notre pays en adressant de tels reproches à la Suisse, portant ainsi un coup dur, à la mémoire d’hommes tels Carlo Schmidt, Fritz Erler, Willy Brandt et Helmut Schmidt.
Le vice-président du groupe parlementaire socialiste, Joachim Poss, a déclaré envers le «Financial Times Deutschland»  que «le ministre des Finances du gouvernement fédéral banalise la dimension de ce conflit». Il a même parlé d’un «choc des civilisations», d’une lutte des cultures. Selon lui «la Suisse a érigé la protection de la criminalité fiscale en modèle d’Etat et des activités commerciales et ne suit pas le développement de l’Etat de droit.»1
Si la politique de gestion du personnel se situe au niveau de la médiocrité, il ne faut pas s’étonner de la renaissance du «mauvais Allemand». En d’autres temps, le renouveau de la mentalité allemande avait, comme on sait, causé d’énormes catastrophes au cours du dernier siècle et offert des prétextes aux autres. Aujourd’hui, cela a pour effet que les violeurs du droit international et de la Constitution ne sont pas tenus de répondre de leurs actes. Il semble, dans les rangs des chroniqueurs du procès intenté à la terroriste Verena Becker à Stuttgart-Stammheim, que le ministère public mène le procès contre le plaignant, Michael Buback, qui souhaite savoir qui a assassiné son père: du fait que le droit allemand autorise le gouvernement fédéral à donner des consignes d’enquêtes au ministère public. En revanche, les citoyens suisses doivent, comme récemment à Winterthur, empêcher que des criminels en puissance puissent utiliser des podiums publics pour diffuser leurs légendes.2
Et ce seraient précisément des Allemands qui feraient la leçon aux Suisses! Ce pays qui a développé le seul type d’Etat qui pourrait servir de modèle à l’Europe unie.
Le chef du groupe parlementaire des Verts, Jürgen Trittin, a parlé d’un «scandale sans bornes».
Mais M. Trittin a treize ans de retard, car ce scandale sans bornes et qui dure toujours, a débuté le 24 mars 1999, lorsqu’il était ministre sous la direction de Schröder/Fischer. Au voleur!    •

1    Citation de Financial Times Deutschland du 2/4/12. «Schweiz schickt die Kavallerie»
[La Suisse envoie sa cavallerie], m.ftd.de/;s=EYNVG7f3xNI83_bwVigRzQ03/artikel/70017202.xml?v=2.0 
2    NZZ Online du 30/3/12, «Das Schlachtross bleibt im Stall», www.nzz.ch/nachrichten/zuerich/stadt_und_region/joschka-fischer-sagt-auftritt-in-winterthur-ab_1.16176138.html