Les animaux cornus et les écornés s’entendent-ils en stabulation libre?Les cornes rendent-elles heureux les vaches ou les êtres humains? Débat au forum de l’Olmapar Michael Götz, agro-journaliste indépendant LBB-GmbH, Eggersriet SGab. Lorsque la nouvelle Loi sur la protection des animaux a suggéré de tenir les animaux dans des étables de stabulation libre, la question s’est posée pour plusieurs espèces d’animaux, à savoir comment les animaux sans cornes s’arrangeraient avec les jeunes animaux cornus. J’étais persuadée que cela allait bien se passer, car ce seraient leurs propres petits. J’étais également certaine que les quatre chèvres Toggenburg de notre groupe initial, des chèvres sans cornes et très sûres d’elles, venant de trois élevages différents, arrangeraient de manière sensée leur propre ordre dans le troupeau. Et c’est ce qu’elles ont fait: la chèvre arrivée chez nous, provenant d’une chèvre guide, a pris la commande avec grande compétence et sans qu’il y ait de grands affrontements. Les jeunes animaux des années ultérieures ont porté fièrement leurs cornes, tout en respectant l’ordre existant au sein du troupeau. Une seule chèvre est venue au monde sans cornes pour des raisons génétiques, ce qui est plutôt rare. Elle s’est insérée dans le groupe plutôt prudemment. Les cornes font partie des vaches, là-dessus, tout le monde était d’accord lors du forum de la foire agricole Olma; il existe pourtant différentes opinions quant à la question de savoir si l’on peut ou doit éliminer les cornes. Manque d’efficacité?Mais apparemment cela ne fonctionne pas toujours. Martin Haab de Mettmenstetten (ZH), qui tient 60 vaches en stabulation libre, élimine les cornillons chez ses veaux pour empêcher la formation de cornes. Il fait cela, car sinon, les animaux se blessent mutuellement, mais aussi pour se protéger lui-même contre des coup de cornes – même si ceux-ci sont pour la plupart involontaires. «Ce serait bien si l’on pouvait tenir les vaches comme au temps de Gotthelf,» déclare-t-il. Mais on ne serait plus assez efficace. En stabulation libre, il devrait enfermer les vaches au râtelier pendant qu’elles mangent afin qu’elles ne se refoulent pas mutuellement avec leurs cornes; en plus, cela nécessite davantage de surface et de travail. L’animateur, Adrian Krebs, journaliste à la «Neue Zürcher Zeitung» renchérit: «Alors les 50 agriculteurs qui tiennent des vaches cornues pour KAGfreiland sont-ils inefficaces?» Martin Ott réplique que les cornes signifient davantage de travail, mais qu’il y a encore une troisième voie. Il tient également 60 vaches laitières en stabulation libre en se servant d’une technique ultra-moderne. On arrive à cette troisième voie, en observant les animaux, en essayant de les comprendre et en s’occupant d’eux. Cependant, ce n’est pas toujours facile, mais se lamenter ne sert à rien; il s'en tient à la devise: «Plus la situation avec la nature est difficile, plus je suis défié». Ce n’est pas par hasard que Martin Ott est l’auteur du best-seller «Kühe verstehen» (Comprendre les vaches). Faut-il trop investir?Bien que Martin Ott s’engage pour le maintien des cornes, il met en garde ses collègues pour qu’ils ne laissent pas pousser les cornes à leurs veaux sans réfléchir aux conséquences. Il ajoute à titre d’exemple qu’en stabulation libre, une station d’alimentation où les vaches doivent sortir en reculant, n’est pas possible; car celle-ci ne peut pas reculer, si une vache cornue se tient derrière la station. Les impasses sont taboues et les logettes doivent disposer d’une issue de secours vers l’avant. Pour que les vaches puissent retirer leurs cornes du cornadis, il faut davantage d’espace qu'avec les cornadis traditionnels. Tenir des vaches cornues, cela signifie avant tout prendre du temps avec les animaux. Par exemple, on a besoin de beaucoup plus de temps et de circonspection pour introduire une nouvelle vache dans un troupeau de vaches cornues que dans un troupeau de vaches sans cornes. Celui qui éprouve de la joie avec les animaux, prendra son temps. Martin Ott ne veut dire en aucun cas que les agriculteurs détenant des vaches sans cornes ne s’en occupent pas bien. Les vaches leur tiennent également à cœur. Martin Haab le confirme: «Tenir des vaches, c’est ma passion.» Seulement en éliminant la douleurUne vache, qui a été écornée, se sentira probablement différente d'avant. Mais comme on élimine aujourd’hui les cornillons déjà chez les veaux, cela ne devrait pas influencer la psyché des vaches, pense le vétérinaire. Il est cependant important que l’ablation des cornillons soit pratiquée sous anesthésie et que la douleur de la plaie soit soulagée, souligne-t-il. A ce sujet, il y a des règlements clairs et nets. L’agriculteur peut effectuer l’intervention sur sa propre exploitation, dans la mesure où il dispose d’une formation reconnue et à condition que le veau ne soit pas âgé de plus de trois semaines; sinon le vétérinaire est seul autorisé à opérer. Si l’écornage d’une vache n’est pas fait professionnellement, il provoque de grandes douleurs, car la corne est traversée de nerfs. Elever des vaches sans cornes, serait un autre moyen de renoncer à l’ablation des cornes, mais la base génétique est trop petite dans la plupart des races. 90% des vaches n’ont plus de cornesAujourd’hui, il est difficile de faire le commerce de vaches à cornes, puisque 90% des vaches laitières en Suisse n’en ont plus. KAGfreiland a amené de manière symbolique la «dernière vache cornue» au musée zoologique de l’Université de Zurich. Avec son action «Haut les cornes!» elle s’engage pour qu’on laisse les cornes aux vaches. «Vous êtes des pionniers», félicite un agriculteur de l'organisation des «paysans à cornes» en ajoutant: «L’ignorance chez les paysans est grande, moi aussi, j’ai dû apprendre». Dans ce contexte, on blâme aussi l’«américanisation» de l’élevage de bétail laitier; car lors d’expositions, les animaux ne sont plus présentés selon leur nature, mais personnifiés comme des mannequins. Auteur: Michael Götz (ingénieur agronome) agro-journaliste indépendant LBB-GmbH, Säntisstr. 2a, CH-9034 Eggersriet. Tél.: +41 71 877 22 29 (Traduction Horizons et débats) |