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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°40, 19 octobre 2009  >  «Aborder les défis collectivement» [Imprimer]

«Aborder les défis collectivement»

Discours du président russe Dmitri Medvedev lors du sommet du Conseil de sécurité de l’ONU du 24 septembre 2009 sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération

Mesdames, Messieurs,
J’attends de ce sommet du Conseil de sécurité convoqué à l’initiative du président des Etats-Unis Barack Obama qu’il contribue à ré­soudre une série de problèmes internationaux, en premier lieu la non-prolifération et le désarmement nucléaires.
Je crois qu’il est évident pour chacun que la sécurité est un concept indivisible. La sécurité n’est pas seulement influencée par les tensions dans les territoires en conflit tout autour du globe mais aussi par l’instabilité au sein de certains pays. Si nous voulons que les efforts collectifs de la communauté internationale soient efficaces, nous devons dis­cuter ouvertement et en profondeur des problèmes qui se sont accumulés. Nous devons pour cela analyser chaque aspect et présenter des décisions collectives équilibrées. C’est exactement l’objectif de la Résolution du Conseil de sécurité que nous venons d’adopter. Les mesures qu’elle contient constituent un plan d’action réaliste que la communauté internationale devrait appliquer afin de réagir efficacement aux menaces nucléaires qui concernent tout le monde.
La Russie a toujours été une partenaire fidèle et sûre en matière de promotion de la non-prolifération des armes nucléaires et du désarmement nucléaire. Dans le cadre du Traité sur la réduction des armes nucléaires stratégiques [Strategic Arms Reduction Treaty, START], la Russie et les Etats-Unis ont entrepris une réduction sans précédent de l’arsenal nucléaire stratégique. En même temps, nous avons déclaré à plusieurs reprises que nous étions prêts à aller encore plus loin et à diviser par trois nos arsenaux de systèmes porteurs d’armes offensives stratégiques. Je confirme cette intention encore une fois aujourd’hui. Cette proposition est actuellement discutée et négociée entre nous et nos partenaires américains. Avec le président américain, nous sommes convenus d’aborder en commun les défis concernant la prolifération des missiles. Nous nous attendons à ce que tous les Etats intéressés se penchent également sur la question.
La séance d’aujourd’hui est le prologue d’un travail sérieux et de grande ampleur qui devrait améliorer considérablement la situation dans le monde. Ce travail comprendra aussi bien un sommet sur la sécurité nucléaire prévu pour l’année prochaine qu’une conférence au cours de laquelle nous examinerons le succès du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et signerons un nouvel accord russo-américain relatif à la réduction et à la limitation des armes offen­sives straté­giques. Nous faisons tout notre possible afin de parvenir à signer ce document en décembre prochain.
Notre objectif commun est la résolution des problèmes concernant la non-prolifération et le désarmement. Il est évident que cela ne peut pas être fait tout de suite car le degré de méfiance réciproque entre les Etats est trop élevé. Pourtant, cela doit être fait. Je voudrais particulièrement souligner le fait que la situation de la non-prolifération ne s’améliore pas aussi rapidement que nous le souhaiterions. Nous voyons que les menaces qui existent depuis longtemps ne se sont pas estompées et que de nouvelles apparaissent. Comme l’ont mentionné les chefs d’Etat qui ont déjà parlé lors de cette assemblée, une des menaces potentielles les plus dangereuses consiste en ce que des composants nucléaires tombent entre les mains de terroristes. Je pense, et vous serez tous d’accord là-dessus, que le système de sécurité actuel dans ce domaine doit être modernisé et que nous devons réfléchir ensemble à la manière de le rendre efficace.
Mais nous devons aussi réfléchir sérieusement à la question de l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Il ne fait pas de doute que les nouvelles centrales nucléaires sont importantes pour résoudre de nombreux problèmes, notamment dans les pays en voie de développement. Elles peuvent stimuler la croissance économique dans des régions entières et améliorer le niveau de vie de millions d’individus dans le monde entier. Mais les Etats qui réalisent de tels programmes doivent respecter strictement le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Je souligne cet aspect expressément ici, devant le Conseil de sécurité.
Je voudrais aborder ce que nous considérons comme les priorités de la coopération internationale dans ce domaine très important. Il y en a plusieurs. Premièrement, il est indispensable de continuer à améliorer et à renforcer les directives internationales relatives à la non-prolifération et au désarmement. Elles doivent reposer sur des mécanismes internationaux et – chose la plus importante – sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Nous devons améliorer le système de mesures de sécurité de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et veiller à son application au niveau international.
Deuxièmement, nous devons chercher à signer de toute urgence le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et faire en sorte que les pays les plus importants le ratifient, ce qui lui permettrait enfin d’entrer en vigueur. Cette tâche est absolument prioritaire.
Troisièmement, nous devons faire davantage pour utiliser de nouveaux mécanismes de non-prolifération. Je me réfère ici en premier lieu à la Résolution 1540 du Conseil de sécurité de l’ONU sur la non-prolifération des armes de destruction massive et à l’Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire, toutes deux proposées par la Russie et les Etats-Unis.
Finalement, il est évident que les solu­tions aux nombreux problèmes mentionnés ci-dessus dépendent de la participation active et constructive de toutes les parties. Nous comptons sur le soutien apporté par tous les Etats nucléaires aux efforts russo-américains dans ce domaine. Les Etats non-nucléaires doivent continuer de respecter leurs engagements sur la non-prolifération pour contribuer ainsi à créer une situation internationale favorable au désarmement nucléaire.
En conclusion, je voudrais souligner que la Russie est prête à poursuivre ses efforts éner­giques en faveur de la paix dans le monde entier et de l’avenir de notre civilisation. Merci.    •

Source: http://eng.kremlin.ru/speeches
(Traduction Horizons et débats)