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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°38|39, 17 septembre 2012  >  Singapour comme pacificatrice et force modératrice en Extrême-Orient [Imprimer]

Singapour comme pacificatrice et force modératrice en Extrême-Orient

Comment des actions basées sur des erreurs d’appréciation pourraient mener à des guerres

ts. Dans la «International Herald Tribune» du 8 et 9 septembre 2012, Jane Perlez de Pékin rapporte un événement singulier: La ville-Etat minuscule de Singapour assume son rôle pacificateur entre deux grandes puissances – un modèle pour le maintien de la paix comme nous le connaissons en Europe de par l’action de la Suisse neutre: Des petits Etats qui servent d’intermédiaires et aident à trouver des solutions à l’amiable, pour le bien de l’humanité.
La situation de départ est la suivante: Depuis quelque temps, la Chine, en plein essor, joue davantage des muscles; selon les analystes de la région, apparemment parce que l’empire du Milieu part de l’idée du déclin des Etats-Unis.
Dans cette situation précaire – dans laquelle la querelle au sujet de certaines îles pourrait vite dégénérer en un conflit plus important qui est, comme toutes les guerres difficile à prévoir et le cas échéant à limiter à l’avance dans ses dimensions – le Premier ministre de Singapour entreprend un pas important: il va en Chine pour tenir un discours à l’Ecole centrale du Parti communiste et demande une politique mesurée de la part de la grande puissance asiatique.
Comme Singapour entretient depuis longtemps de bonnes relations avec la Chine et les Etats-Unis, le Premier ministre peut évoquer à Pékin une vision réaliste des choses qui est la suivante: Mettez-vous dans la situation de l’autre et agissez de manière à respecter pleinement votre vis-à-vis. Celui qui se trompe sur les intentions de l’autre, pourrait être entraîné à un comportement qui provoque le vis-à-vis à réagir militairement. Cette réaction déclencherait en revanche une contre-réaction militaire et la conséquence en serait une guerre plus importante. Une guerre qui aurait pu être évitée, si l’on ne s’était pas trompé sur les intentions du camp adverse. Il s’agit là d’un processus que le ministre américain de la Défense des années 1960, Robert S. McNamara, entretemps décédé, nous a légué comme doctrine importante pour les générations futures dans son film «Fog of war»: «Pense comme l’ennemi», «développe de l’empathie», ainsi on peut résoudre une crise de Cuba dans le dialogue et sans guerre, ni même de guerre atomique.
Comment Singapour assume-t-elle son rôle de pacificatrice? La journaliste américaine Jane Perlez décrit le déroulement ainsi: «Lors d’un tour d’horizon public, ce qui est inhabituel, sur les problèmes stratégiques par rapport à l’ascension de la Chine, le Premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong a mis l’empire du Milieu en garde conte le fait de considérer les Etats-Unis comme une puissance en déclin, mais plutôt comme une nation capable de se renouveler et de se remettre rapidement.»
Lors de sa visite à l’Ecole centrale du Parti à Pékin, la pépinière du Parti communiste en Chine, Monsieur Lee s’est adressé aux Chinois, et il leur a vivement conseillé de résoudre les conflits au sujet des îles dans le cadre de l’ASEAN et non pas de manière individuelle avec chaque pays, comme le préféraient les Etats-Unis. Monsieur Lee est le fils de Lee Kuan Yew, le chef d’Etat de Singapour de longue date qui entretenait des relations étroites à la fois avec la Chine et les Etats-Unis et qui jouissait d’une grande renommée auprès des communistes chinois, aussi quant à ses analyses politiques.
Le fait que Lee ait justement choisi cet endroit pour son avertissement, la pépinière du Parti communiste dirigée par le futur homme fort de la Chine, Xi Jinping, souligne encore l’importance et l’urgence que Lee accorde à son avertissement, continue Perlez.
Monsieur Lee a mentionné dans son discours la position des Etats-Unis dans le monde, un sujet qui fascinait les académiciens et les journalistes chinois quoi qu’ils aient parlé ces derniers mois sur un ton plutôt mordant d’un soi-disant arrêt des Etats-Unis.
«A l’heure actuelle, les Etats-Unis se heurtent à quelques très sérieux problèmes, mais il ne s’agit pas d’une nation en déclin», a déclaré Lee à propos des Etats-Unis et il a continué: «Les Etats-Unis sont une société énormément performante et créatrice qui attire et absorbe des talents du monde entier, dont beaucoup de Chine et du reste de l’Asie.»
Avec un léger clin d’œil envers ses hôtes, Lee a constaté que tous les huit Prix Nobel d’origine chinoise étaient déjà ou sont encore devenus par la suite des citoyens américains. «Méfions-nous une fois pour toutes de sous-estimer la capacité des Etats-Unis de se revitaliser et de se redéfinir», voilà la conclusion émanant de l’engagement profond pour la paix de l’hôte venu de Singapour.
Depuis de longues années, la ville-Etat de Singapour est une base militaire importante pour la marine américaine et son accès à la mer de Chine méridionale. L’année passée, Singapour a également permis à la nouvelle génération des navires de guerre rapides de la marine américaine d’utiliser ses ports.
En même temps, Singapour entretient des relations étroites avec la Chine, et ceci depuis la visite de Deng Xiaoping en 1978. Le successeur de Mao Zedong s’est montré tellement impressionné par la force économique de Singapour qu’il a même proposé le modèle pour la Chine, d’abord dans des zones économiques particulières, et après à large échelle. La Chine actuelle, une puissance mondiale en plein essor, est le résultat de la reprise du modèle de Singapour – ce qui est très bien expliqué dans les livres du diplomate de pointe de Singapour, Kishore Mahbubani.
Le processus autour du Premier ministre de Singapour démontre que les idées d’un Emmanuel Kant, formulées dans son œuvre «Vers la paix perpétuelle» et mises au point dans l’Impératif catégorique, peuvent être réalisées dans le monde entier parce qu’elles sont universelles et éternellement valables. Et cela pas seulement par les Européens qui – Kishore Mahbubani le dit avec regret – l’ont malheureusement oublié aujourd’hui. L’action du Premier ministre Lee est d’autant plus importante et elle devrait être imitée aussi en Occident: il y a suffisamment de conflits qui ont urgemment besoin de médiateurs honnêtes, on n’a qu’à penser à la Syrie, à l’Iran, à la Palestine et à beaucoup d’autres pays encore.     •

Source: International Herald Tribune du 8 et 9/9/12

(Traduction Horizons et débats)

Initiative sur la neutralité

mw. Le 13 septembre 2011, a été lancée l’initiative fédérale «Pour une Suisse neutre, à la fois ouverte sur le monde et attachée aux valeurs humanitaires (Initiative sur la neutralité)». Le principe de la neutralité armée perpétuelle fait partie des piliers indispensables de la conception de l’Etat suisse, et est depuis toujours fermement ancré dans la population suisse. Dans l’étude «Sicherheit 2011. Aussen-, Sicherheits- und Verteidigungspolitische Meinungsbildung im Trend» de l’EPFZ (éd. par Tibor Szvircsev Tresc et Andreas Wenger), l’approbation de la neutralité a atteint 94% des personnes consultées! L’Armée est jugée nécessaire par 79% de la population, ce qui représente une augmentation de 5% par rapport à l’année précédente.
C’est l’intention des initiants d’ancrer le principe de la neutralité de manière fondamentale dans la Constitution fédérale. Jusqu’à présent, son respect fait partie des devoirs du Conseil fédéral et de l’Assemblée fédérale, mais sa reconnaissance dans un article séparé est certainement de mise.

Texte de l’initiative
La Constitution est modifiée comme suit:
Art. 54a (nouveau) Neutralité
La Suisse est neutre. Elle applique le principe de la neutralité armée perpétuelle.
Art. 58, al. 2bis (nouveau)
2bis L’armée effectue des missions à l’étranger exclusivement dans le cadre de l’aide en cas de catastrophe.