«Plan d’études 21»: diminution des connaissances dans le domaine des mathématiquespar Marcellina et Robert TauschkeCi-dessous, nous allons analyser certaines parties centrales du projet du «Plan d’études 21». La première partie examine la réduction des performances dans le domaine du calcul (chapitre «Nombres et variables»). En annexe, nous présentons cette réduction de connaissances sous forme de tableau. Les parents, les écoles professionnelles, les entreprises formatrices ou les écoles de maturité attendent de l’école publique obligatoire qu’elle enseigne aux élèves des bases solides en mathématiques sur lesquelles on peut bâtir. Une de ces bases repose sur les quatre opérations que les enfants devraient nécessairement bien apprendre mentalement et par écrit au cours des six années d’école primaire. On attend un apprentissage solide et systématique, au cours duquel les élèves sont guidés étape par étape, par un enseignant formé pour cela au niveau de la méthode et de la didactique. Les parents pensent qu’on enseigne à tous les enfants la même chose. Les écoles de maturité et les entreprises doivent pouvoir compter sur des adolescents ayant appris toutes les connaissances de base. Des manuels scolaires insuffisantsA l’heure d’aujourd’hui ce n’est pas toujours le cas. De moins en moins d’élèves maitrisent les quatre opérations. Un grand nombre ne sait plus guère calculer de manière sûre et de façon courante. Ils ne maitrisent ni les tables de multiplications ni les techniques de calcul par écrit. On ne transmet plus systématiquement les matières – pas à pas et avec suffisamment d’exercices. Une des raisons de la misère actuelle sont les manuels scolaires insuffisants et leur didactique dite «constructiviste». C’est suite à la formation et à la formation continue des enseignants que cette didactique se répand toujours davantage dans les écoles. Pérennité des dysfonctionnementsCe sont exactement ces dysfonctionnements actuels qui seront pérennisés dans toute la Suisse alémanique par le Plan d’études 21. Comparés aux plans d’études cantonaux actuels, on assiste à une nette diminution des objectifs et des contenus du projet de ce plan d’études et la conséquence en sera une réduction flagrante de l’enseignement. Il faut «connaître» mais pas «maîtriser» les tables des multiplicationsDans le projet du plan d’études, les tables des multiplications ont été éliminées dans les «attentes fondamentales» définies pour la fin de la 2e classe, elles peuvent donc aussi être introduites en 3e classe. Les élèves ne doivent plus que «connaître» les tables. Cela équivaut à ne pas les «maîtriser». On n’attend d’eux qu’ils «connaissent» de chaque table uniquement les multiplications par 2, 5 et 10. Une maîtrise complète des tables n’est plus exigée. Les divisions ne sont plus mentionnées (p. 12, 3.1c). Le fait est que si les enfants ne maîtrisent pas les résultats des tables de multiplications couramment, ils auront de la peine à multiplier et diviser par écrit dans les classes supérieures. Pour le calcul avec les fractions, ils n’auront pas non plus suffisamment de connaissances (p. ex. trouver le dénominateur commun). La calculatrice, seule technique de calculLe niveau extrêmement faible de ce projet de plan d’études s’avère dans ses «attentes fondamentales» à la fin de la 6e classe: «Les élèves savent effectuer les quatre opérations de base avec la calculatrice.» (p. 13, 3.2g) Actuellement, nous n’utilisons pas de calculatrices à l’école primaire. Avec de bonnes raisons, nous ne l’introduisons qu’au niveau secondaire. Il faut d’abord assurer les bases. Comment voulez-vous que des enfants sans bonne représentation du domaine de la numération et sans connaissances approfondies des principales opérations sachent reconnaître de grosses fautes de frappe sur leur calculatrice? Sans bases garanties au niveau secondaireIl n’est donc pas étonnant qu’au niveau secondaire les élèves utilisent, pour résoudre même le plus simple des problèmes, leur calculatrice ou leur ordinateur. Pour les calculs des pourcentages, des puissances ou des racines, par exemple, on utilise la calculatrice: «[…] savent déterminer des pourcentages et des valeurs fondamentales» ou «[…] savent calculer des puissances et des racines avec la calculatrice (p. ex. 43x43 = 4096; 43+43 = 128)» (p. 13, 3.3j). Au niveau secondaire, absence d’objectifs contraignantsPour le niveau secondaire, le Plan d’études 21 ne mentionne dans plusieurs domaines aucune «attente fondamentale»! Cela signifie que les adolescents ne doivent plus atteindre des objectifs définis d’avance, jusqu’à la fin de la 9e classe, objectifs sur lesquels écoles et entreprises pourraient se fonder par la suite. Il en va de même pour le chapitre primordial, ce qui est choquant: «Les élèves savent additionner, soustraire, multiplier, diviser et élever la puissance d’un nombre.» (p. 12, 3) Temps de vie gaspilléSuite aux bases idéologiques (constructivisme) du Plan d’études 21, une bonne partie du temps d’apprentissage est gaspillé par l’apprentissage «autodirigé» dans des situations «en autonomie» de découverte. Au lieu d’être guidés de manière systématique et correspondant à tous les élèves, ceux-ci sont occupés à «trouver leurs propres solutions» dans des «problèmes ouverts» (p. 16, 1.1d), à «explorer des voies pour les opérations de base» (p. 16, 1.2f), reconnaître des structures» (p. 7), «formuler des suppositions» ou «s’embarquer dans des problèmes ouverts» (p. 16, 1.2f). C’est ainsi qu’on perd du temps de vie et d’apprentissage précieux. La plupart des enfants sont dépassés par une telle situation, car si l’on ne les guide pas continuellement avec finesse ,ils ne progressent pas. L’enseignant se transforme alors en «compagnon d’apprentissage» ou «coach» qui doit rester en dehors des activités d’apprentissage. Cette conception du plan d’études se trouve en opposition totale avec les acquis de la recherche moderne sur l’enseignement. Un enseignement effectif n’est possible que s’il est de bonne qualité et dirigé de manière structurée par un enseignant actif, exigeant et soutenant ses élèves. (cf. John Hattie, «Visible Learning»). Pas d’égalité des chancesLe principal problème du Plan d’études 21 est l’individualisation systématique de l’enseignement: les bons élèves et les élèves disposant d’une aide à la maison avancent bien; les élèves plus lents, découragés ou rêveurs n’atteindront plus que les «attentes fondamentales» ou obtiendront même des «attentes réduites» (LP 21, «Aperçu et mode d’emploi», p. 7). Avec ce plan d’études, c’est le hasard (présence ou absence de soutien par les parents, de cours de soutien extrascolaires, de niveau d’intelligence de certains élèves) qui détermine le niveau d’avancement de chaque élève et des contenus à apprendre. L’écart entre les bons élèves et les faibles s’agrandira toujours davantage et il n’y aura plus qu’un petit nombre qui sera bon en mathématiques. La grande majorité des enfants et des adolescents ne saura que mal calculer ou échouera totalement. Ces conséquences sont en opposition totale au postulat de l’égalité des chances et de l’idée de base de l’école publique obligatoire. Source: www.kindgerechte-schule.ch du 26/11/13 Utilisation pour le Plan d’études 21 de modèles d’apprentissage qui ont échouéLa didactique sur laquelle se base ce plan d’étude et qui doit devenir obligatoire pour toute la Suisse, relie les modèles d’apprentissage qui ont échoué dans les écoles «libres» des années 1970/80 (apprentissage autodirigé, enseignement ouvert, pédagogie active) avec la philosophie systémique-constructiviste qui, dans sa forme la plus radicale, nie toute reconnaissance de la réalité et prétend que chaque personne construit sa propre réalité. On abandonne ainsi chaque élève à lui-même, étant donné qu’on lui refuse toutes directives systématiques. Pas d’«harmonisation» avec le Plan d’études 21Suite à l’introduction du nouveau plan d’études, de nombreux parents espèrent pouvoir à l’avenir déménager avec leurs enfants d’un canton à l’autre. Néanmoins, quand on examine le projet de plan d’études, on s’aperçoit tout de suite que cela sera encore plus difficile à l’avenir: 3 ou 4 années scolaires forment ensemble un «cycle», à l’intérieur duquel les performances des élèves peuvent varier de manière individuelle. Il n’y aura donc plus d’objectifs annuels! C’est-à-dire qu’avec ce plan d’études, il ne sera plus possible de savoir ce qu’un enfant doit avoir appris, par exemple, à la fin de la 4e classe. Ainsi, même un changement d’école à l’intérieur d’un canton ne pourra plus se faire sans problèmes. |