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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°27, 9 septembre 2013  >  «La culture de la rencontre, la culture du dialogue: c’est l’unique voie pour la paix» [Imprimer]

«La culture de la rencontre, la culture du dialogue: c’est l’unique voie pour la paix»

Angélus du Pape François à la Place Saint-Pierre?à Rome, dimanche, 1er septembre 2013

Chers frères et sœurs, bonjour!

Chers frères et sœurs, je voudrais me faire aujourd’hui l’interprète du cri qui monte de toutes les parties de la terre, de tous les peuples, du cœur de chacun, de l’unique grande famille qu’est l’humanité, avec une angoisse croissante: c’est le cri de la paix! Et le cri qui dit avec force: nous voulons un monde de paix, nous voulons être des hommes et des femmes de paix, nous voulons que dans notre société déchirée par les divisions et les conflits, explose la paix; plus jamais la guerre! Plus jamais la guerre! La paix est un don éminemment précieux, qui doit être promu et préservé.
Je vis avec une particulière souffrance et préoccupation les nombreuses situations de conflit qu’il y a sur notre terre, mais, ces jours-ci, mon cœur est profondément blessé par ce qui se passe en Syrie et angoissé par les développements dramatiques qui s’annoncent.
J’adresse un appel fort pour la paix, un appel qui naît du plus profond de moi-même! Que de souffrance, que de destruction, que de douleur a provoqué et provoque l’usage des armes dans ce Pays affligé, particulièrement parmi les populations civiles et sans défense! Pensons: Que d’enfants ne pourront pas voir la lumière de l’avenir! Avec une fermeté particulière je condamne l’usage des armes chimiques! Je vous dis que j’ai encore fixées dans mon esprit et dans mon cœur les terribles images de ces derniers jours! Sur nos actions il y a un jugement de Dieu et aussi un jugement de l’histoire, auxquels on ne peut pas échapper! Ce n’est jamais l’usage de la violence qui conduit à la paix. La guerre appelle la guerre, la violence appelle la violence!
De toutes mes forces, je demande aux parties en conflit d’écouter la voix de leur conscience, de ne pas s’enfermer dans leurs propres intérêts, mais de regarder l’autre comme un frère et d’entreprendre courageusement et résolument le chemin de la rencontre et de la négociation, en dépassant les oppositions aveugles. Avec la même fermeté, j’exhorte aussi la Communauté internationale à fournir tout effort pour promouvoir, sans délai ultérieur, des initiatives claires fondées sur le dialogue et la négociation pour la paix dans cette Nation, pour le bien de tout le peuple syrien.
Qu’aucun effort ne soit épargné pour garantir une assistance humanitaire à ceux qui sont touchés par ce terrible conflit, particulièrement aux réfugiés dans ce Pays et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins. Que soit garantie aux agents humanitaires engagés à alléger les souffrances de la population, la possibilité de prêter l’aide nécessaire.
Que pouvons-nous faire pour la paix dans le monde? Comme le disait le Pape Jean XXIII: A tous incombe la tâche de rétablir les rapports de la vie en société sur les bases de la justice et de l’amour (cf. Pacem in terris [11 avril 1963]: AAS (1963], pp. 301–302].
Qu’une chaîne d’engagement pour la paix unisse tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté! C’est une forte et pressante invitation que j’adresse à toute l’Eglise catholique, mais que j’étends à tous les chrétiens d’autres Confessions, aux hommes et aux femmes de chaque Religion, ainsi qu’à ces frères et sœurs qui ne croient pas: la paix est un bien qui dépasse toute barrière, parce qu’elle est un bien de toute l’humanité.
Je le répète à haute voix: ce n’est pas la culture de l’affrontement, la culture du conflit qui construit la vie collective dans un peuple et entre les peuples, mais celle-ci: la culture de la rencontre, la culture du dialogue: c’est l’unique voie pour la paix.
Que le cri de la paix s’élève pour arriver au cœur de tous et que tous déposent les armes et se laissent guider par le souffle de la paix.
Voilà pourquoi, frères et sœurs, j’ai décidé d’organiser pour toute l’Eglise, le 7 septembre prochain, veille de la célébration de la Nativité de Marie, Reine de la Paix, une journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Moyen-Orient, et dans le monde entier, et j’invite aussi à s’unir à cette initiative, par la manière qu’ils retiendront la plus opportune, les frères chrétiens non catholiques, les adeptes des autres religions, ainsi que les hommes de bonne volonté.
Le 7 septembre, sur la Place Saint-Pierre – ici – de 19h00 à 24h00, nous nous réunirons en prière et dans un esprit de pénitence pour invoquer de Dieu ce grand don pour la bien-aimée Nation syrienne et pour toutes les situations de conflit et de violence dans le monde. L’humanité a besoin de voir des gestes de paix et d’entendre des paroles d’espérance et de paix! Je demande à toutes les Eglises particulières, outre le fait de vivre cette journée de jeûne, d’organiser des actions liturgiques à cette intention.
A Marie, nous demandons de nous aider à répondre à la violence, au conflit et à la guerre, par la force du dialogue, de la réconciliation et de l’amour. Elle est mère: qu’elle nous aide à retrouver la paix; nous sommes tous ses enfants! Aide-nous, Marie, à dépasser ce moment difficile et à nous engager à construire chaque jour et dans tous les domaines une culture authentique de la rencontre et de la paix. Marie, Reine de la paix, prie pour nous!    •

© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

«Le pape François – Sur la terre comme au ciel»

Dialogues entre le pape François et le rabbin Skorka

zf. Jorge Bergoglio, l’actuel pape François et le rabbin Abram Skorka ont fait connaissance il y a plus de 20 ans et ils ont discuté d’abord de football. Avec le temps, leur relation entre fans de foot a évolué vers une amitié qui leur a permis de discuter de théologie, de politique et de sujets du quotidien. Un jour, ils ont décidé de fixer leur dialogue par écrit et de l’ouvrir à une conversation publique. Ce livre est la preuve d’une amitié touchante et d’un dialogue exemplaire entre les religions.
Trois ans avant son élection au pontificat, François a parlé avec son ami de longue date, le rabbin Abram Skorka, de ses opinions tout à fait personnelles sur la foi, l’Eglise, la politique et la société. C’est le seul livre jusqu’à présent dans lequel le nouveau pape apparaît en tant qu’auteur et qui représente une référence très actuelle pour nos attentes concernant son mandat.
Le livre contient le credo personnel du nouveau pape:

Chaque être humain est un portrait de Dieu, qu’il soit croyant ou non.
Les grands dirigeants du peuple de Dieu étaient des êtres humains qui ont laissé de la place pour le doute.
Une religion purement orientée selon les rites est destinée à mourir, car elle remplit ses adhérents de rites, mais elle laisse le cœur vide.

«Sur la terre comme au ciel» rassemble des conversations profondes sur des questions théologiques et terrestres. Le pape s’exprime ici dans ses pensées fondamentales sur des sujets aussi différents que Dieu, l’extrémisme, l’athéisme, la mort, l’holocauste, l’homosexualité, l’argent, le capitalisme et la mondialisation, et ses propos reflètent sa grande proximité au peuple et son amour inconditionnel pour l’homme.
Abram Skorka s’est exprimé lui-même concernant l’importance du dialogue dans une interview:

«Le dialogue signifie surtout se mettre dans la peau de l’autre, c’est-à-dire développer notre capacité d’empathie. Se glisser dans la position de l’autre, le sentir, essayer de penser comme lui. Dans l’hébreu de la Bible, le verbe ‹reconnaître› est traduit parfois par le synonyme ‹aimer›. Aimer une femme, ou aimer Dieu. C’est le meilleur chemin pour parvenir à des éléments solides pour un avenir meilleur. Le dialogue doit arriver au point où l’un ouvre son cœur à l’autre et où l’un aide l’autre, même si les deux sont d’avis tout à fait différents. Que l’on parle l’un avec l’autre sans restrictions et que l’on vienne jusqu’au point à partir duquel
on ne peut que se taire – parce que, en accord l’un avec l’autre, l’on ne peut en dire davantage, ou parce qu’on est vraiment parfaitement d’accord.»