Courrier des lecteurs

Les exportations de matériel de guerre augmentent – la faim aussi

A Haïti, en Egypte et dans de nombreux autres pays ont eu lieu des insurrections de populations affamées. La situation est particulièrement critique en Asie, où le prix du riz a augmenté de manière explosive.
Or, on pourrait approvisionner les hommes de suffisamment de nourriture avec seulement un millième des dépenses mondiales pour l’armement (1204 milliards de dollars américains par an). Néanmoins les exportations allemandes de matériel de guerre continuent. L’Allemagne est devenue le plus grand exportateur mondial de matériel de guerre après les Etats-Unis et la Russie, selon le Stockholm International Peace Research Institute SIPRI (www.sipri.org). Le réarmement mondial et les guerres en Irak, en Afghanistan, en Somalie, au Soudan, au Congo etc. ont favorisé les exportations d’armes allemandes. Avec les actions de l’industrie d’armement, les investisseurs institutionnels, entre autres nos caisses de retraite, réalisent des profits sub­stantiels. Le groupe industriel de fabrication d’armes Rheinmetall par exemple, une entreprise qui a déjà produit de l’armement pour Hitler, obtient des ventes et des bénéfices croissants. Rien que dans le secteur des véhicules militaires automobiles, Rheinmetall a augmenté son profit avant impôts (Earnings before Taxes) entre 2006 et 2007 de 1,4 milliards à 1,7 milliards de dollars américains. (Source: jdin.janes.com – 19/3/08).
L’industrie d’armement allemande va-t-elle enfin passer à la production civile? Est-ce que toutes les exportations allemandes de matériel de guerre vont être arrêtées? L’image de l’Allemagne, pour laquelle on dépense beaucoup d’argent, ne profite certainement pas de ces exportations. Avec des exportations allemandes de matériel de guerre et avec des engagements militaires à l’étranger, la vieille haine contre les Allemands, qui était très grande en Europe après la Seconde Guerre mondiale, renaît. – «Si je pense à l’Allemagne la nuit, je suis privé de sommeil», a écrit l’écrivain Heinrich Heine à Paris en 1843.

H. Frei, Zurich