Un accord de libre-échange avec l’UE n’est pas judicieux du point de vue de l’économie nationaleWalter Willener, président ASSAF-Suisse*La conclusion d’un Accord de libre-échange agroalimentaire (AELA) avec l’UE engendrera une baisse importante des prix payés aux producteurs, alors que les facteurs de coûts, tels que la main d’œuvre, l’énergie et les carburants ne diminueront pas. Une évolution structurelle très importante sera engendrée et elle entraînera la disparition de 20 000 à 30 000 places de travail liées à l’agriculture. D’autre part, avec les importations massives de produits agricoles transformés, les entreprises de mise en valeur devront diminuer leur production et leur personnel. Ceci n’est pas acceptable. Des mesures d’accompagnement que l’on ne peut pas se payerLes finances publiques sont mises à rude épreuve, notamment suite à la crise financière. Des programmes d’économie budgétaire se multiplient. Pour la réserve au bilan, décidée par les parlementaires fédéraux, quelque 3 milliards de francs provenant des recettes douanières devaient être récoltés d’ici 2016. Au vu des finances publiques, il sera cependant difficile d’affecter réellement ces montants pour les mesures d’accompagnement. Les dépenses liées à ces mesures seront soumises aux procédures habituelles du budget annuel. Même le Conseil fédéral a mentionné dans le message de la réserve au bilan que «la question du financement annuel des mesures d’accompagnement n’est pas automatiquement résolue». Cette question pourrait passer par de nouvelles économies ou par une augmentation de la TVA. Les consommateurs et les agriculteurs sont les perdantsDepuis 1990, les prix à la production ont baissé de 25% alors que les prix à la consommation des denrées alimentaires ont eux augmenté de 15%. Cet écart croissant est dû à une récupération importante des marges par la grande distribution (duopole). En conséquence, la promesse de baisse des prix à la consommation miroitée par l’ALEA est fausse. En Suisse, les dépenses pour les denrées alimentaires des ménages représentent moins de 10% et le pouvoir d’achat est supérieur aux pays voisins. Par rapport au temps de travail, ce sont les Suisses qui travaillent le moins pour se nourrir. Placé dans ce contexte, il n’est pas approprié de vouloir exercer une pression supplémentaire sur les entreprises et employés du secteur agro-alimentaire. Des exemples concretsDepuis juillet 2010, le principe du Cassis de Dijon présente ses premiers fruits: du sirop de framboise avec 10% au lieu de 30% de fruits, de la limonade italienne à la taurine, du jambon autrichien recomposé. La qualité des produits va donc baisser, mais qu’en est-il des prix? Ici la conclusion est moins certaine. Il y a de fortes chances que la grande distribution invoque des motifs tels la densité des magasins ou l’étiquetage en plusieurs langues pour générer des marges encore supérieures. * ASSAF: Association suisse pour un secteur agroalimentaire fort Les fruits pourris du «principe de Cassis de Dijon»jpv. Actuellement, il y a de sérieuses frictions dans la politique que le Département fédéral de l’Economie (DFE) et son office de l’agriculture s’efforcent de mettre en œuvre, le climat politique a changé. Entre autre le principe de Cassis de Dijon est en cause. Depuis le 1er juillet 2010, des produits qui sont manufacturés et vendus dans les pays de l’UE et l’EEE en conformité avec la loi, peuvent aussi être écoulés en Suisse sans autre forme de contrôle. Ainsi, la Suisse applique unilatéralement le principe dit «de Cassis de Dijon» de l’UE. Des exceptions s’appliquent néanmoins pour des denrées alimentaires qui ne correspondent pas entièrement aux prescriptions techniques exigées en Suisse. Celles-ci doivent obtenir une autorisation de l’Office fédérale de la santé publique (OFSP). Sources: Le Temps du 6/12/10 et |