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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°27, 12 juillet 2010  >  Ne le dites pas trop haut … [Imprimer]

Ne le dites pas trop haut …

L’Allemagne est bien la plus grande gagnante parmi ceux qui critiquent un paquet de sauvetage renforcé de la part de l’UE

par Jack Ewing, Francfort

Ne le dites pas trop fort, mais pour quelques entreprises européennes, la crise des dettes de l’Etat n’est pas si mauvaise – à condition que les turbulences ne conduisent pas à une destruction de la zone de l’euro, elle a quelques effets secondaires positifs entre autre une monnaie en baisse et des taux d’intérêts officiels extrêmement bas.
Siemens, une entreprise d’équipements électroniques et électrotechniques siégeant à Munich en est un exemple. Avec 18% de son chiffre d’affaires en Asie et d’autres 27% aux Etats-Unis, au Canada et en Amérique Latine, l’entreprise est bien lotie pour profiter d’une demande qui est en train de se redresser dans ces régions, pour les produits de Siemens tels que les trains à grande vitesse, les éoliennes et les installations d’entreprises.
En avril, pendant que les responsables politiques de l’Union européenne étaient préoccupés à endiguer la crise de dettes sur le continent, Siemens a corrigé à la hausse le pronostic de ses profits opératifs de 6,5 milliards d’euros à 7,5 voire 9,3 milliards d’euros. Peter Y. Solmssen, membre de la direction de Siemens et responsable des affaires américaines, a déclaré dans une interview le 18 juin: «On ne peut pas ignorer les problèmes de l’endettement de l’Etat, mais cela n’a pas affecté nos affaires».
Bien que les Allemands se plaignent haut et fort, de devoir soutenir la Grèce et d’autres pays surendettés au moyen d’un paquet d’aide, l’Allemagne est bien la plus grande gagnante de la crise financière et ceci sous forme de taux d’intérêts plus bas et d’un marché d’actions plus stable.
Le danger de la crise actuelle est qu’elle provoquera un plus grand écart entre le Sud de l’Europe pauvre et le Nord de l’Europe prospère, ce qui renforcera encore les tensions sur la question de savoir comment gérer l’économie de la zone-euro. Solmssen de Siemens et d’autres font remarquer qu’ils ne veulent certainement pas voir une dissolution de la zone-euro, car la monnaie unique simplifie la conclusion d’affaires.
Pour beaucoup d’entreprises en Europe, les problèmes d’endettement de la Grèce ou du Portugal sont à peine plus qu’une diversion. La Grèce, dont la contribution au produit national brut de la zone euro constitue 2,5%, ne représente pas, pour la plupart des groupes multinationaux, un marché significatif. Les turbulences des marchés d’obligations influencent à peine les affaires quotidiennes dans une région, dans laquelle les banques représentent encore la source de crédit la plus importante pour les petites entreprises. La plupart des dirigeants d’entreprises se soucient davantage des chiffres d’exportation européens, et ceux-ci se sont améliorés.
Ben Noteboom, Président de la direction de Randstad, une entreprise de travail temporaire domiciliée à Amsterdam, a déclaré: «Il existe une divergence considérable entre le monde financier et l’économie réelle.»
Certaines formes d’entreprises profitent même de la crise. Comme la Banque centrale européenne l’a constaté dans un rapport paru récemment, les hedge funds qui profitent de la fluctuation fragile du marché, ont récupéré la plupart de leurs pertes de la fin 2007.
Randstad est un autre exemple d’entreprise qui se permet de tirer profit de la crise, même si Noteboom ne l’exprime pas de cette manière. Noteboom a expliqué que bien que le chiffre d’affaires de Randstad soit fortement tombé lors du ralentissement de l’année dernière sur quelques marchés, la demande avait de nouveau fortement repris. Selon Noteboom, les entreprises ont plutôt tendance à embaucher des intérimaires dans les premières phases d’une reprise économique, lorsque les cadres supérieurs sont encore incertains au sujet de la force de l’économie.
Noteboom considère Randstad comme une sorte de baromètre indiquant dans quel sens l’ensemble de l’économie se développera. Si c’est le cas, les signes sont bons. Selon Noteboom, l’ensemble du marché du travail temporaire s’élève à 10% en Allemagne, en France, en Belgique et presque autant en Hollande. Même en Grèce, il a constaté une croissance, même si celle-ci reste à un niveau bas. Il a déclaré: «Je suis optimiste voire très optimiste.»
Cela n’aide pas d’être une banque pour profiter de la crise de l’endettement de l’Etat. Même les instituts financiers, qui ne possèdent pas de gros portefeuilles de titres de créance grecs ou portugais, devront faire face dans les années à venir à plus de surveillance étatique. Des analystes pensent que les régularisations pourraient mettre fin aux taux de profit à deux chiffres dont les banques se réjouissaient avant la crise financière.
Mieux vaut également que votre entreprise ait son siège dans un pays côtier de la mer Baltique plutôt qu’au bord de la Méditerranéenne. Les coûts de crédit ont dans les pays tels que l’Espagne augmenté rapidement parce que les taux d’intérêts que les entreprises paient pour les crédits sont liés étroitement à ceux que paient les gouvernements. C’est un autre inconvénient compétitif auquel les entreprises, qui effectuent leurs affaires dans les pays de ce qu’on appelle la périphérie, se voient confrontés.
Mais la crise a apporté à l’Allemagne et à d’autres pays du Nord de l’Europe des taux d’intérêts plus bas. Les obligations allemandes sont considérées comme refuge devant les troubles des marchés des créances d’Etat. Cela signifie que les entreprises allemandes paient aussi des primes de risques plus basses. Plus que les entreprises en Grèce et plus que d’autres aussi en France, les entreprises allemandes encaissent tout le profit des taux d’intérêts de référence historiquement bas de 1%.
La fête de l’argent bon marché durera probablement encore de nombreux mois. Beaucoup d’analystes n’attendent pas une augmentation des taux d’intérêts par la Banque centrale européenne BCE avant le milieu de l’année 2011, car la banque lutte pour faire face à la crise d’endettement. Britta Weidenbach, cadre dans le management de fonds pour les actions européennes chez DWS, la société de fonds du groupe Deutsche Bank à Francfort, a déclaré que «les attentes d’une augmentation des taux étaient toujours repoussées, cela a certainement un côté positif.»
L’index des actions à Francfort, le DAX 30 [les 30 plus grandes entreprises allemandes cotées en bourse] a augmenté cette année de 4,65%, plus que l’index français ou l’eurostoxx 50 [qui comprend les 50 plus grandes entreprises de la zone euro cotées en bourse]. Les profits reflètent la présence de Siemens, mais aussi de MAN, un fabricant de véhicules utilitaires, de la Manufacture bavaroise de moteurs – le fabricant des automobiles BMW ou de SAP, qui vend des logiciels à des entreprises pour le déroulement de procédés d’affaires. Eux tous ont profité du recul de 15% de l’euro par rapport au dollar cette année, par ce fait, les ventes aux Etats-Unis sont devenues plus profitables, si elles sont rechangées en euro.
La descente de l’euro a été déclenchée du fait des problèmes de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal qui profiteront pourtant également de celle-ci. Cependant, selon une analyse, ils ne tireront pas autant de profit que les pays du Nord. Des analystes du Citigroup Global Markets ont écrit dans un rapport la semaine dernière: «Nos économistes attendent pour les prochains trimestres et années, une performance économique réduite persistante de l’Europe du Sud en comparaison à l’Europe du Nord.»
A part l’Allemagne, les entreprises telles que le fabricant hollandais d’appareils électroniques Philips ou les firmes scandinaves comme Volvo, auquel appartient aussi le fabricant américain de véhicules utilitaires Mack Trucks, font partie des profiteurs de la demande venant de Chine et d’autres marchés émergents. Le groupe Volvo, qui est séparé du fabricant d’automobiles Volvo, a annoncé le 17 juin que les livraisons en mai étaient de 44% plus élevées qu’il y a un an.
Chez Siemens, le profit total de janvier jusqu’à fin mars a diminué de 4% et s’élevait à 18,2 milliards d’euros. Selon Solmssen il y a cependant des signes clairs de relance, entre autre de nouvelles commandes d’installations d’entreprises, une catégorie qui avait baissé pendant la récession.
Même la catastrophe pétrolière dans le Golfe du Mexique a un côté positif pour Siemens. La catastrophe de BP touche certes négativement les installations d’entreprises de Siemens relatives à l’industrie pétrolière. Toutefois, la perte pourrait être plus que compensée par la demande accrue de turbines à gaz, d’éoliennes et d’équipements qui rendent plus efficace le fonctionnement du réseau électrique.    •

Source: International Herald Tribune du 21/6/10
© International Herald Tribune
(Traduction Horizons et débats)

La BRI exige davantage de capital propre pour les banques

La Banque des règlements internationaux (BRI) plaide en faveur d’une augmentation massive des capitaux propres pour les banques. Elle montre une tendance statistique claire: plus le quota des capitaux propres d’une banque était bas pendant les années de boom économique, d’autant plus élevées ont été les aides étatiques pendant la crise. Une augmentation des capitaux propres aurait pour effet de comprimer le rendement inscrit des capitaux propres, mais amènerait par contre, d’après la BRI, une baisse des variations de profit (ce qui réjouirait les actionnaires) ainsi qu’une stabilisation du secteur financier (ce qui serait souhaitable du point de vue de l’économie nationale).
Une baisse des rendements des capitaux propres, dont le niveau repose partiellement sur des garanties étatiques, aurait – selon le rapport de la BRI – l’effet de réduire les distorsions.

Source: Neue Zürcher Zeitung du 29/6/10