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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N° 43|44, 22 octobre 2012  >  La main gauche sait-elle ce que fait la main droite? [Imprimer]

La main gauche sait-elle ce que fait la main droite?

Des voix américaines invitent à plus de rationalité lors de missions au Proche-Orient – la sécurité des troupes en mission est toujours davantage mise en question – la voie diplomatique entreprise après une guerre est pleine d’embûches

ts. Il y a aux Etats-Unis toujours plus de membres de l’armée qui expriment leurs doutes concernant les objectifs des missions militaires à l’étranger. Des officiers de hauts rangs décrivent ce qui se passe en Syrie et en Irak ainsi que l’engagement américain comme étant de plus en plus irrationnel: les Etats-Unis soutiennent dans un pays les mêmes personnes qu’ils combattent dans un autre. C’est ainsi que le «New York Times» tout comme «The Nation» nous décrivent qu’en Irak les Américains sont d’un côté prisonniers des contradictions d’une guerre par procuration, tout en soutenant le gouvernement Maliki pro-iranien et chiite en Irak dans sa lutte contre les insurgés sunnites. De l’autre côté, ils livrent des armes aux sunnites qui vivent in Syrie au-delà de la frontière irakienne et qui luttent contre Assad, dont ils prétendent qu’il est lié à l’Iran. L’une des conséquences de cette situation est qu’il y a des victimes innocentes dans ces pays, mais il est aussi vrai que les membres des Forces spéciales de l’armée américaine se trouvent entre les tirs des groupes rivaux, et peuvent se dire heureux, s’ils arrivent à s’en tirer sains et saufs.
Un grave incident a eu lieu en Afghanistan, où les troupes américaines ont subi leurs pires pertes depuis la guerre du Vietnam, voire depuis la Seconde Guerre mondiale. 7% des avions du Corps des Marines, dont des engins munis de la dernière génération d’équipements de reconnaissance électronique, ont été détruits d’un coup par des talibans vêtus d’uniformes américains. Sans protection aérienne adéquate, les Marines stationnés dans une base militaire voisine, sont en grand danger.
Un autre article paru dans la «International Herald Tribune» décrit à quel point il est difficile d’organiser un retrait coordonné après une guerre et combien de problèmes la recherche d’une solution négociée implique. Quand un échange de prisonniers, qui aurait dû préparer le terrain pour des négociations avec les talibans au Quatar, est bloqué par le Parlement, le président a les mains liées et les hommes sur le champ de bataille doivent en pâtir.
Ce dernier exemple montre que la diplomatie est bien une alternative, voire la seule alternative, à la guerre et aux tactiques irrationnelles, mais après de longues années d’effusions de sang, c’est une affaire de longue haleine. Il faut vraiment souhaiter aux personnes concernées en Afghanistan et dans les régions limitrophes que la voie des négociations soit couronnée de succès. Le terrain en a été préparé aux Etats-Unis, notamment suite à la situation financière catastrophique du budget de l’Etat.
On dit souvent que la guerre du Vietnam a été perdue suite à l’opposition au sein du pays, donc des Etats-Unis. Ne devrait-on pas plutôt dire: «grâce» à l’opposition au sein du pays, on a pu mettre fin aux effusions de sang absurdes et libérer l’énergie nécessaire pour un nouveau départ entre les deux pays? Grâce à des citoyens sensés, mais aussi grâce à des officiers, des soldats et des vétérans de guerre honnêtes qui ont compris que la guerre ne détruit pas seulement un pays étranger, mais laisse aussi d’énormes dégâts dans son propre pays, notamment dans l’âme des participants. Ecoutons ce que le diplomate de Singapour et l’admirateur des valeurs et de la démocratie américaines ainsi que de l’économie du marché, Kishore Mahbubani, a à nous dire: le reste du monde est prêt à tendre la main à l’Occident, mais il l’observe de près – et il apprécie au plus haut point l’honnêteté dans les relations internationales. Le climat dans les cercles militaires et les médias américains donne à espérer.