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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°4, 31 janvier 2011  >  L’initiative sur les armes ne créera pas plus de sécurité pour les femmes et les familles [Imprimer]

L’initiative sur les armes ne créera pas plus de sécurité pour les femmes et les familles

par Corina Eichenberger-Walther, conseillère nationale PLR/AG*

thk. Les comités de femmes qui se sont formés au courant des dernières semaines forment un contrepoids sérieux à la voie prise par les partisans de l’initiative sur les armes, à savoir l’émotionnalisation et l’instrumentalisation des femmes. Aussi bien à l’échelle nationale qu’à l’échelle cantonale des comités de femmes se sont constitués pour opposer des arguments réels aux manipulations des partisans de l’initiative et pour introduire une bonne mesure de bon sens dans la discussion. Ils réfutent avant tout l’argument insoutenable que l’initiative sur les armes offre une protection contre la violence domes­tique. Nombreux sont ceux qui comprennent que le «fusil à l’arsenal» n’empêche pas du tout la violence conjugale. Celui qui – comme la conseillère nationale Andrea Geiss­bühler en tant que policière – pénètre dans les abîmes de la société, sait que les causes d’homicide ne résident pas dans le fait que le fusil d’assaut se trouve au galetas ou à la cave, mais qu’elles ont d’autres corrélations. Si l’on veut réduire la violence entre les êtres humains de façon efficace, il faudrait un change­ment dans la façon de penser, et cela à l’école et en éducation. Diverses conceptions sincères et des solutions aux conflits basées sur les faits doivent être développées. Il faut que les valeurs comme le respect d’autrui, le sens des responsabilités ainsi que les liens avec le pays et ses habitants soient transmises à travers l’éducation et l’enseignement scolaire. Ainsi l’engagement pour le maintien de la liberté, dont fait partie le droit constitutionnel de garder l’arme d’ordonnance à la maison, peut être développé. D’ailleurs ce ne sont pas que les jeunes Suisses mais aussi toutes les jeunes Suissesses qui ont le droit et la liberté d’acheter et de posséder des armes, tel que le décrit Albert A. Stahel dans un article paru dans l’«Aargauer Zeitung» du 25/1/11 (cf. encadré).
Le comité «Non à l’initiative sur les armes inutile et trompeuse» a connu une évolution foudroyante. En l’espace d’un mois près de 1000 femmes de tous les pans de la société et venant de toute la Suisse se sont ralliées pour opposer du bon sens et du sérieux à la campagne émotionnelle. Des comités de femmes contre l’initiative se sont également formés dans les cantons. Leurs membres sont des conseillères nationales et d’Etat qui apportent leurs arguments et plus de clarté à la discussion.
Ci-après «Horizons et débats» publie diverses prises de position de ces comités.

Je vous salue au nom du comité interpartis «Femmes contre l’initiative sur les armes» à l’occasion de cette conférence de presse, et je vous remercie beaucoup de votre intérêt.
Notre comité interpartis «Femmes contre l’initiative sur les armes» est persuadé que l’initiative sur les armes ne peut ni empêcher les suicides, ni baisser le potentiel de menace au sein des familles. Pourquoi? Parce qu’elle n’entreprend rien contre les causes.
Nous nous défendons contre les fausses promesses que les initiateurs vous adressent. A les croire, il y aurait une pseudo-sécurité qui mènerait dans la réalité à de nouvelles frustrations ou même à un faux sentiment de sécurité.
Nous rejetons fermement l’instrumentalisation des femmes dans la campagne en vue de la votation.
L’initiative ne peut pas apporter de sécurité supplémentaire pour nous femmes, comme le promet, de manière embellie, l’intitulé de l’initiative.
Elle n’empêche pas des actes violents et n’entreprend rien contre les causes de la violence domestique et des suicides.
Au lieu de cela, l’initiative ne tient pas du tout compte du risque de sécurité réel par l’abus illégal des armes et donne ainsi l’impression d’une dangereuse pseudo-sécurité.
En un mois seulement, environ mille femmes ayant des arrière-plans familiaux et professionnels de toutes sortes, ont adhéré publiquement au comité «Femmes contre l’initiative sur les armes»: mères, femmes au foyer, secrétaires, directrices d’entreprises, apprenties, assistantes de médecin, artistes, éducatrices de crèche et beaucoup plus d’autres1 se sont inscrites sur le site Internet. Elles ont découvert le vrai enjeu de l’initiative et la rejettent.
Nous nous réjouissons beaucoup que nous ayons droit à un soutien énorme par des femmes de toute la Suisse contre cette initiative idéologique. L’engagement de ces femmes me rend fière.
Avec leurs arguments factices, les initiateurs se donnent de la peine à attirer surtout les femmes de leur côté. Le 7 février, date de l’anniversaire de l’introduction du droit de vote des femmes suisses, nous pouvons nous attendre à ce que les initiateurs profitent de cette journée pour faire de la propagande médiatique pour leur initiative. Mais nous ne nous laissons pas séduire par les fausses promesses et nous nous engageons avec toutes nos forces pour un Non à l’initiative sur les armes.
J’aimerais bien vous donner un bref aperçu de nos arguments. Par la suite, mes collègues en approfondiront encore quelques aspects. Après la conférence de presse, nous serons encore à votre disposition pour des renseignements supplémentaires.
Notre comité rejette l’initiative trompeuse sur les armes principalement pour quatre raisons:
Premièrement, l’initiative éveille des attentes à une sécurité augmentée qui ne peuvent pas être remplies. Elle toucherait les porteurs d’armes qui rendraient vraiment leur fusil ou leur pistolet – donc les citoyennes et les citoyens honnêtes qui ne constituent aucun risque pour la sécurité. En revanche, les criminels et porteurs d’armes illégales ne sont pas concernés. L’initiative n’entreprend rien contre l’abus criminel et illégal des armes. Elle ne lutte en aucune manière contre les véritables causes de la violence domestique et des suicides. C’est ce que la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a également confirmé récemment dans une interview. Je cite:

«Qui croit qu’après l’acceptation de l’initiative les femmes ne seraient plus menacées et que les suicides avec des armes diminueraient de manière significative, se trompe.» (Source: «Tages-Anzeiger» du 12/1/11)

Celui qui veut une réelle sécurité, attend la mise en œuvre conséquente de la loi suisse sur les armes, une loi sévère qui a été renforcée. En plus, il faut tenir compte des mesures prises par le Conseil fédéral et l’Armée, comme par exemple le retrait des munitions de poche.
Deuxièmement, l’initiative mène à plus de bureaucratie et engendre des coûts élevés et démesurés. Le Conseil fédéral a estimé les coûts extraordinaires à 6,4 millions et les coûts annuels à près de 14 millions de francs. Une fois de plus ce sera à la charge des contribuables et cela pour une initiative qui ne créera pas plus de sécurité.
Troisièmement, toute possession  privée d’armes des citoyennes et citoyens suisses responsables est interdite. Cela concernerait également les tireuses et chasseuses. C’est pourquoi il s’agit aussi d’une «initiative de désarmement» idéologiquement motivée.
Quatrièmement, cette initiative est hostile à l’armée et enlève la confiance justifiée dans nos soldates et soldats de milice qui utilisent les armes correctement et selon une obligation de servir honorable. La composition du comité d’initiative – avant tout le PS, les Verts et le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) – montre clairement l’arrière-plan politique de cette initiative de gauche. C’est-à-dire la volonté de saboter la confiance en notre armée de milice et de l’abolir finalement. Oui, l’Armée n’est pas une «affaire d’hommes», mais nous concerne aussi, nous, les femmes. C’est pourquoi nous devons nous engager pour elle.
A notre avis, l’initiative sur les armes est un emballage trompeur, une publicité mensongère: Sous le couvert de la prévention de la violence et des suicides, les initiateurs poursuivent – dirigés par le PS et le GSsA – leurs vrais buts: l’abolition de l’Armée et du système libéral de l’Etat suisse par petites étapes. Les initiateurs veulent atteindre le désarmement complet des citoyennes et citoyens suisses. Au lieu de créer de la sécurité, ils la réduisent. Un peuple désarmé est un peuple sans défense!
Mais l’initiative sur les armes ne peut pas empêcher des actes violents. Elle n’entreprend rien contre l’abus criminel et illégal des armes et les causes de la violence domestique et des suicides sont complètement ignorées. C’est pourquoi nous disons non à cette initiative trompeuse et inutile sur les armes et demandons à tous: ne vous laissez ni éblouir par des pseudo-arguments, ni instrumenta­liser.     •

1 971 femmes (24 janvier) ont adhéré en un seul mois. Conseillères nationales, conseillères cantonales, conseillères municipales de tous les partis bourgeois; femmes avec des arrière-plans les plus différents, p.ex. mères, femmes au foyer, tireuse, gérantes, secrétaires, apprentie-maçon, chasseuse, artiste, technicienne IT, directrice de crèche, infirmière, technicienne ETH, retraitée, commerçante, Intendante en hôtellerie et restauration,  spécialiste en gestion du personnel, hôtelière, spécialiste en communication, conseillère en voyage, etc.

*Intervention lors de la conférence de presse du Comité des femmes interpartis «NON à l’initiative sur les armes inutile et trompeuse» du 28/1/11 à Berne. (Traduction Horizons et débats)

L’initiative postule par contre l’introduction d’une autre conception du droit. Si l’initiative est mise en application chaque Suissesse et chaque Suisse devra lors d’une demande de possession d’armes prouver son besoin d’acquisition. Ce genre de loi sur les armes correspond dans une large mesure à la loi sur les armes allemande. Ainsi la Suisse abandonnerait une fois de plus sa conception du droit en faveur d’une législation étrangère. Le droit étranger remplacerait le droit suisse.»
Albert A. Stahel