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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°40, 19 octobre 2009  >  «Un monde sans armes nucléaires» [Imprimer]

«Un monde sans armes nucléaires»

Discours du président américain Barack Obama lors du Sommet du Conseil de sécurité de l’ONU du 24 septembre 2009 sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération

[…] Je souhaite la bienvenue aux chefs d’Etat et de gouvernement, au Secrétaire général de l’AIEA, aux ministres et aux autres représentants présents dans la salle de réunion du Conseil de sécurité. Votre présence atteste de l’importance du thème qui va être discuté.
[…] Pendant plus de six décennies, depuis la création du Conseil de sécurité, seules quatre réunions comme celle d’aujourd’hui ont été organisées. J’ai convoqué celle-ci pour discuter au plus haut niveau d’une menace fondamentale qui concerne la sécurité de tous les peuples et nations: la prolifération et l’utilisation d’armes nucléaires.
Comme je l’ai dit hier, cette institution a été fondée au début de l’ère nucléaire, en partie parce que la capacité de l’homme de tuer doit être freinée. Et, bien que nous ayons pu détourner le cauchemar nucléaire pendant la guerre froide, nous nous trouvons aujourd’hui face à une ampleur et à une complexité de la prolifération qui demandent de nouvelles stratégies et manières d’agir. Une seule arme nucléaire qui exploserait dans une ville – que ce soit New York ou Moscou, Tokyo ou Pékin, Londres ou Paris – pourrait tuer des centaines de milliers d’êtres humains. Et cela déstabiliserait gravement notre sécurité, nos économies et toute notre manière de vivre.
Une fois de plus, c’est aux Nations Unies qu’il revient de jouer un rôle clé pour empêcher une telle crise. La Résolution historique que nous venons d’adopter traduit notre engagement commun en faveur d’un monde sans armes nucléaires et l’accord du Conseil de sécurité sur un large cadre d’action visant à réduire les dangers nucléaires. Elle reflète l’agenda dont j’ai déjà donné une idée à Prague et se fonde sur le consensus international selon lequel toutes les nations ont le droit d’utiliser le nucléaire à des fins pacifiques. Les Etats dotés de l’arme nucléaire ont la responsabilité de faire avancer le désarmement et ceux qui ne la possèdent pas ont la responsabilité de renoncer à l’acquérir.
Aujourd’hui, le Conseil de sécurité a approuvé les efforts mondiaux en vue de mettre à l’abri du risque terroriste toutes les matières nucléaires vulnérables dans un délai de quatre ans. En avril de l’année prochaine, les Etats-Unis accueilleront une rencontre au sommet pour faire avancer cet objectif et aider tous les Etats à l’atteindre. Cette Résolution contribuera aussi à renforcer les institutions et les initiatives concernant la contrebande, le financement et le vol de matières nucléaires. Elle appelle tous les Etats à geler le financement de la prolifération nucléaire et elle demande des mesures de sécurité plus sévères pour réduire la possibilité de dé­tourner les programmes nucléaires pacifiques aux fins de produire des armes.
La Résolution renforcera aussi le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Nous avons précisé que le Conseil de sécurité avait non seulement la compétence mais aussi la responsabilité de réagir aux violations de cet accord et qu’il avait non seulement la compétence mais aussi la responsabilité de décider de réagir lorsque des violations de ce Traité mettent en danger la paix et la sécurité internationales.
Cela inclut le respect total des Résolu­tions du Conseil de Sécurité en ce qui concerne l’Iran et la Corée du Nord. Soyons clair: Il ne s’agit pas de montrer du doigt telle ou telle nation. Il s’agit de s’engager en faveur des droits de toutes les nations qui prennent leurs responsabilités. Le monde doit être solidaire. Et nous devons montrer que le droit international n’est pas une promesse en l’air et que les traités doivent être respectés.
Les douze mois à venir seront absolument décisifs pour voir si cette Résolution et tous nos efforts en vue de mettre un terme à la prolifération et à l’utilisation des armes nucléaires seront couronnés de succès. Pour que cela fonctionne, tous les pays doivent apporter leur contribution. En Amérique, j’ai promis que nous travaillerions à un nouveau traité avec la Russie pour réduire de façon importante nos ogives stratégiques et nos rampes de lancement. Nous avancerons la ratification du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et nous ouvrirons la voie à une autre réduction de notre arsenal. En janvier, nous appellerons les Etats à engager des pourparlers sur un traité visant à mettre fin à la production de matériaux fissibles pour l’armement. Et la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, en mai, renforcera ce Traité.
Nous ne nous faisons pas d’illusions sur la difficulté de construire un monde sans armes nucléaires. Nous savons qu’il y a beaucoup de cyniques et qu’il y aura des échecs qui appuieront leur point de vue. Mais il y aura aussi des jours comme aujourd’hui où nous avancerons, des jours qui raconteront une autre histoire, l’histoire d’un monde qui comprend qu’aucune différence et aucune division ne vaut la peine de détruire tout ce que nous avons construit et que nous aimons. C’est une idée qui permet à des hommes de nationalités, d’ethnies et d’idéologies di­verses de se rencontrer. Dans mon pays, elle a rassemblé des personnalités démocrates et républicaines – des leaders comme George Shultz, Bill Perry, Henry Kissinger et Sam Nunn qui sont aujourd’hui parmi nous. Et c’est un président républicain, Ronald Reagan, qui a parlé un jour en termes très simples de l’objectif auquel nous aspirons aujourd’hui:
«Une guerre nucléaire ne peut pas être gagnée et elle ne doit jamais être menée. Nous ne devons jamais arrêter nos efforts pour réduire les armes de guerre, quelle que soit l’importance des obstacles. Nous ne devons jamais arrêter nos efforts avant de voir arriver le jour où les armes nucléaires seront bannies de la planète.»
Voilà notre devoir. Ce peut être notre destin. Et nous quitterons cette assemblée avec une détermination nouvelle pour atteindre cet objectif commun. […]
Je vais maintenant prier son Excellence le Secrétaire général Ban Ki Moon de prendre la parole.    •

Source: www.un.org
(Traduction Horizons et débats)

«Chacun d’entre nous peut apporter sa contribution et je suis sûr qu’ensemble nous serons ca­pable de constituer un large mouvement politique déterminé à faire en sorte que le nouveau plan de désarmement nucléaire devienne réalité et constitue un pas irréversible vers l’avenir.»
Mikhaïl Gorbatchev, 5/10/09, ONU/Genève