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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2014  >  N° 10, 12 mai 2014  >  Non à l’«Arrêté fédéral concernant les soins médicaux de base» [Imprimer]

Non à l’«Arrêté fédéral concernant les soins médicaux de base»

mw. Tandis que le Gripen et l’Initiative sur les salaires minimums sont largement débattus dans les médias, l’article constitutionnel prévu concernant les soins médicaux de base, qui sera également soumis au vote le 18 mai, n’est guère thématisé. «Horizons et débats» est un des rares journaux qui informent leurs lecteurs de manière approfondie. L’adoption de cet article constitutionnel porterait atteinte à notre système de santé performant, aux droits fondamentaux des patients et finalement aussi à la compétence des cantons dans le domaine de la santé publique – une compétence sensée et garantie par la Constitution (cf. «Horizons et débats» no 7 et 8/2014). Par conséquent il y a un large écho de la part de nos lecteurs qui, à juste titre, ne se contentent pas de l’information médiocre des mass-médias et des explications trompeuses dans la brochure officielle. Ainsi, on prétend par exemple à tort qu’il s’agit de remédier à la pénurie des médecins de famille et de poser une base légale pour un développement optimal des soins médicaux de base en Suisse. «Qui veut s’y opposer?» se demande l’auteur d’une lettre de lecteur en se révoltant contre une telle minimisation manipulatrice. En outre, on peut lire dans la brochure officielle que la répartition des compétences entre la Confédération et les cantons resterait «pour l’essentiel» inchangée. En revanche un autre lecteur met à juste titre en exergue que le contre-projet représente non seulement un changement radical et une dégradation massive de notre système de santé performant mais porte aussi atteinte à la souveraineté cantonale.
Ci-après nous publions quelques lettres de lecteurs concernant cet objet de votation. Chaque citoyen qui participe oralement ou par écrit au débat démocratique aura un impact.

 

L’initiative «Oui à la médecine de famille» préconisait autre chose – donc: Non à l’«Arrêté fédéral concernant les soins médicaux de base»

Le médecin de famille a une fonction fondamentale et indispensable. Il est le premier contact pour chaque malade et chaque famille.
Tout le monde connaît la situation suivante: on est malade et on espère guérir. L’aide de la pharmacie familiale ne suffit pas. Que faut-il faire? On consulte son médecin de famille.
Le médecin de famille, généraliste ou spécialiste de médicine interne, dispose d’une formation solide et approfondie. Il connaît les fondements du traitement médical, fréquente régulièrement des formations continues, sait évaluer les radiographies, s’occuper de blessures, faire de petites opérations ou bien mettre un plâtre. Souvent il traite aussi des enfants. Le champ d’action d’un médecin de famille est très large et exigeant. Dans des cas urgents, le médecin de famille fait une visite à domicile. Il s’occupe souvent de plusieurs membres de la famille ou même de plusieurs générations. Le médecin de famille jouit, tout comme le curé et l’enseignant, d’une bonne réputation dans une petite commune. Les médecins de famille suisses examinent en plus l’aptitude à conduire une voiture, collaborent étroitement avec l’organisation des soins à domicile et les samaritains. Si des examens particuliers lors d’une maladie sont nécessaires, le médecin de famille envoie le patient soit chez un spécialiste qu’il connaît bien et auquel il fait confiance, soit dans un hôpital.
Outre les maladies physiques, les soucis personnels et les problèmes psychiques incitent également à consulter d’abord le médecin de famille, car il s’agit d’une relation de confiance. Dès le premier moment de la consultation, c’est la tâche du médecin de ne pas réduire le patient à un simple cas, mais de voir en lui une personne avec des sentiments et un vécu spécifiques. Il s’intéressera aux raisons exactes de sa visite et fera valoir tout son savoir et toute son expérience professionnelle.
Lorsqu’un patient quitte de l’hôpital après un traitement, on lui demande à quel médecin de famille il faut envoyer le rapport de sortie, c’est-à-dire qu’on veut savoir à quel médecin le patient fait confiance pour la suite du traitement.
En considérant l’activité variée et la grande responsabilité du médecin de famille, vous constaterez qu’il est un pilier important de l’excellent système de santé fédéraliste suisse.
Que l’initiative «Oui à la médicine de famille» ait été signé par plus de 200 000 personnes en six mois seulement, montre le souhait des citoyens que le médecin de famille dans son ancienne fonction soit maintenu.

Dr Andreas Bau, Schweizerholz

Le contre-projet à l’initiaitve «Oui à la médicine de famille» est abusif!

Chères lectrices, chers lecteurs. Tout d’abord un grand merci aux rédactrices et aux rédacteurs qui publient des lettres de lecteurs. Actuellement, il nous faut plus que jamais de tels journaux. Restez fidèles à cela! Réfléchissez si un abonnement cadeau ferait durablement plaisir à quelqu’un. Grâce à la structure fédéraliste, notre système de santé publique se situe parmi les meilleurs à l’échelle mondiale. L’OCDE, l’OMS et l’OFSP le savent bien. Mais maintenant des changements s’annoncent. Pour l’initiative populaire «Oui à la médecine de famille» on a récolté plus de 200'000 signatures. Malheureusement celle-ci a été retirée en faveur du contre-projet.
Le contre-projet qui sera soumis au vote ne prend pas en considération les soucis de l’initiative. Il vise à remplacer notre excellente organisation de la santé publique par des systèmes de santé utilisés aux Etats-Unis et au sein de l’UE. Au lieu de soutenir les médecins, des professionnels inconnus dans ce pays devraient modifier notre santé publique. Une détérioration de la qualité et une augmentation des coûts sont programmées d’avance.
Pour nous Suisses libres, quelque chose d’autre n’est pas acceptable: en adoptant cette loi et bien d’autres lois (voilées) nous enfonçons sans nous en apercevoir, frontalement et irrémédiablement dans l’UE avide de pouvoir! Certains hommes politiques le savent depuis longtemps mais malheureusement, ils n’en parlent pas. Un gardien de forêt, proche de la nature comme moi, ose le faire. Je n’aime pas, mais je dois le faire.
Le soir du 26 avril, j’étais en train d’écrire cette lettre de lecteur. Dimanche matin (le jour de notre 46e anniversaire de mariage) j’ai eu une inspiration soudaine. L’article constitutionnel proposé concernant les «soins médicaux de base» ne veut pas perfectionner notre excellente santé publique mais intégrer, par la tactique du salami, la nation suisse dans la construction européenne.
C’est pourquoi il faut voter Non à cette tromperie! Le courrier de lecteur doit être bref. Qui vote de manière responsable, ne s’informe pas seulement dans la brochure explicative de la Confédération. L’émission politique «Arena» (observer et écouter les partisans du oui et les opposants) ainsi que la lecture de l’hébdomadaire «Zeit-Fragen/Horizons et débats» aide de manière décisive.

Fritz Trachsel-Zürcher, Zell

Quo vadis lorsque le personnel soignant décide qui peut consulter un médecin?

Un grand merci au deux auteurs pour les informations claires et nettes au sujet du paquet trompeur du Conseil fédéral concernant les soins médicaux de base «Oui à la médecine de famille». C’est clair que le patient mal informé ne demandera pas mieux que de soutenir son médecin de famille qu’il connaît bien et déposera par conséquent un Oui dans les urnes. Comment se fait-il que les médecins de famille se nuisent eux-mêmes en soutenant ce contre-projet? Sont-ils si peu informés? Espèrent-ils pouvoir se débarrasser de la «bobologie» ou profiter du temps de travail reduit grâce à ce nouveau modèle?
Je me souviens bien du médecin de famille que nous avions dans notre enfance, de sa voix agréable lorsqu’il montait les escaliers pour nous rendre visite quand nous étions malades. Il avait l’estime de chaque villageois; aucune visite ne lui était désagréable ou de trop. Et maintenant, selon le projet du conseiller fédéral Berset, les médecins de famille sont voués à la disparition, et nous citoyens seront pris en charge par le personnel soignant qui décidera qui pourra consulter un médecin. Quo vadis?
Ce modèle me rappelle les temps de la révolution culturelle sous Mao – pourtant les deux situations ne sont pas vraiment comparables. Mais une des escapades de Mao fut la mesure de forcer les médecins compétents au travail agricole et de confier les malades au personnel soignant. Que de gens sont morts car le savoir du médecin qualifié n’avait plus aucune valeur! Pourtant, ne l’oublions pas, Mao lui-même disposait du meilleur médecin privé qu’il ait pu trouvé.
Qu’en est-il des fonctionnaires de la Confédération? Auront-ils, eux aussi, les meilleures possibilités de consulter les médecins les plus compétents?

Christina Hassenstein, Oberland bernois

Des expériences négatives au Danemark

La Suisse a le meilleur système de santé du monde. A juste titre, la population a refusé de façon claire et nette toute centralisation et commercialisation imposées par l’UE. Alors que les cantons sont toujours et encore responsables de notre excellente santé publique, on vise à démanteler notre système de santé avec une nouvelle campagne manipulatrice, en lançant des slogans tels que «Oui aux soins médicaux de base», «solutions durables» ou «médecine présentant un rapport coût/efficacité satisfaisant». Même les médecins doivent passer beaucoup de temps à comprendre la teneur du large éventail de documents du projet soumis au vote. Beaucoup de citoyens font confiance aux autorités et aux médias. Les principes nécessaires d’honnêteté, de bonne foi, d’information objective et de diversité d’opinions sont essentiels pour la coexistence au sein de la démocratie directe. Mais le fait est qu’il n’y a pas d’information honnête sur cet article constitutionnel lourd de conséquences et qu’on vise à démanteler la santé publique et à rompre de plus en plus la relation de confiance entre médecin et patient. Dans de nombreux domaines, le personnel soignant devrait remplacer le médecin. En Suède et au Danemark, les soins médicaux de base facilement accessibles pour tous, sont en train d’être complètement démantelés. Nous connaissons personellement les circonstances locales. Les gens ont de longues distances à parcourir pour arriver dans les quelques grands centres de santé et la relation de confiance entre le médecin et le patient se perd. On les envoie dans tel ou tel service. Les chanceux trouveront, eux, un bon médecin digne de leur confiance. Ces aspects importants vous sont cachés, mais sont essentiels.
Le nombre suffisant de médecins de famille ne se crée pas par une modification de loi, mais en créant plus de places de formation, en garantissant un salaire équitable et de bonnes conditions de travail dans toutes les régions du pays. C’est ainsi qu’on peut renforcer l’éthique professionnelle nécessaire. Voilà pourquoi il faut répondre par un «Non» clair et net à cette tactique manipulatrice et irresponsable.

Urs et Lene Knoblauch, professeur de lycée, dipl. psychologue IAP, Fruthwilen/TG

Les journalistes sont-ils les outils dociles des opposants à l’armée?

Il y a quelques jours certains journalistes ont dévoilé comme prétendue sensation, que l’ambassadeur suédois à Berne avait réfléchi – avec des représentants suisses tels le chef du DDPS Ueli Maurer et la conseillère nationale PLR Corina Eichenberger – comment se débarrasser des malentendus et du scepticisme de quelques parlementaires envers l’acquisition de l’avion de chasse Gripen. Ces entretiens ont eu lieu avec le soutien de deux experts suédois en armement, disposant des connaissances nécessaires concernant l’avion et les contrats d’achat. Philippe Müller, président du PLR, y a participé, en tant qu’homme droit, objectif et compétent. Ses questions ont eu des réponses. Suite aux arguments concluants et objectifs que Müller a obtenu des experts et en tant que personne convaincue de l’importance de l’armée, il a transmis les informations reçues à ses col­lègues de parti et les a également convaincus de l’acquisition du Gripen. Des conversations semblables ont eu lieu avec d’autres parlementaires. Ce n’est donc pas étonnant qu’ensuite la majorité bourgeoise au Parlement ait voté en faveur du Gripen. Car il va de soi qu’une armée opérationnelle a besoin de forces aériennes opérationnelles et de matériel moderne. Si des journalistes avides de sensations veulent nous présenter ce déroulement des faits comme étant un «scandale», il faut se demander quelle est leur position. Ce serait beaucoup plus intelligent de s’engager pour une armée de milice capable de se défendre au lieu de se faire l’outil de personnes qui veulent abolir l’armée mais n’ont pas le courage de leur opinion. Etonnant d’observer que des représentants de partis qui, selon leur programme du parti, veulent abolir l’armée, se muent miraculeusement, quasiment d’un jour à l’autre, en avocats de l’armée. Parallèlement, le «Groupe pour une Suisse sans armée» (GSsA) qui a lancé le référendum se tient discrètement à l’arrière-plan.

Judith Barben, psychologue FSP, auteure d’articles scientifiques et éditrice, Thundorf