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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°3, 21 janvier 2013  >  Le premier messager du printemps: la bruyère des neiges [Imprimer]

Le premier messager du printemps: la bruyère des neiges

par Helmut Hintermeier, 91605 D-Gallmersgarten (Helmut_Hintermeier(at)web.de)

Surtout en régions alpines, la bruyère des neiges offre aux abeilles la première miellée de l’année, même si ces colonies d’abeilles, à ce moment précoce, en profitent uniquement pour leurs propres besoins.
Plus que l’abondante luxuriance de la floraison des jardins et prés d’été, ce sont les premiers messagers printaniers, souvent apparaissant déjà en février, qui nous réjouissent après les tristes et grises journées d’hiver: les hellébores d’hiver (Eranthis hyemalis), les crocus (Crocus spec.) et les bruyères des Alpes. Cet arbuste nain ramifié, comptant parmi les éricacées, habite l’Europe sous sa forme sauvage dans les Alpes et les Préalpes jusqu’à 2000 mètres d’altitude. Les feuilles, persistantes, en forme d’aiguille, rangées en verticilles denses, servent de nourriture aux chenilles de plusieurs variétés de papillons. Elles représentent aussi une «nourriture temporaire» pour les chevreuils. Les bruyères des Alpes, montent en rameaux serrés de dix centimètres de hauteur, représentent une première source de nectar et de pollen pour les abeilles, les bourdons, les abeilles solitaires ainsi que les papillons précoces du printemps qui ont survécu à l’hiver. Sur une plante solitaire de 10 centimètres de hauteur seulement, on a pu compter à côté de quelques abeilles sauvages quatre petites tortues (Aglals urticeae) qui s’y étaient donnés rendez-vous.

Une riche offre en nectar et pollen

Les fleurs de la bruyère des neiges sont conçues sous forme de boutons en automne déjà, pour l’année prochaine, afin qu’elles puissent s’épanouir aux premiers chauds rayons de soleil. A son plein épanouissement, la corolle forme un long tube, qui dépasse largement les sépales rougeâtres. Pendant que les anthères sont encore enfermées dans la corolle, la rondelle de nectar sécrète beaucoup de nectar, du fond de la fleur, avec un pourcentage assez élevé de fructose, dont les abeilles préparent un miel de couleur jaune claire à jaune foncé, de temps à autre de couleur orange. Les miels purs issus de la bruyère des neiges sont d’un parfum et d’un goût âpres; souvent, ils sont très riches en ferments. Le pollen, disponible pendant toute la journée avec un maximum entre 11 et 13 heures, est collecté dans des pelotes blanchâtres. Si les anthères marron foncé sortent suffisamment des tubes corollaires, la pollinisation par le vent devient possible. L’utilisation du nom de «bruyère des Alpes ou des montagnes» pour la bruyère des neiges démontre la part caractéristique qu’elle prend dans les régions alpines et subalpines où le terreau des bois de pins ou des buissons d’arbustes nains est pauvre en substances nutritives, mais chaud et ensoleillé. La bruyère des neiges est la seule variété des éricacées à aimer les sols calcaires, mais peut aussi s’adapter à des terres faiblement acides. Les petits arbustes, hauts de 15 à 30 centimètres sont robustes et peuvent atteindre un âge de 30 ans. Les plantes dont les racines vivent dans un contact intime avec les mycorhizes, formant constamment de nouveaux rameaux, qui remplacent les vieux rameaux morts afin que puisse se constituer un substrat compact.

Plusieurs variétés

A cause de son caractère peu exigeant, de son feuillage persistant, mais surtout à cause de la richesse de ses belles fleurs, on a, jusqu’aujourd’hui, cultivé de la bruyère des neiges plus d’une douzaine de variétés, dont la gamme des couleurs va du blanc jusqu’ à des roses différents et même un rouge cramoisi foncé. A partir du mois de novembre, la variété «Plaisir d’hiver» présente un rouge violet clair. Elle est suivie, un peu plus tard, de la «Winter Rubin», qui lui ressemble en coloration, mais qui est plus compacte, ainsi que de la «Winter Beauty» de couleur rose. Quand les températures montent au-dessus de zéro commence alors la saison principale de floraison.
«Soleil d’hiver» présente aussi des fleurs rouges et montre déjà avant la floraison un feuillage bronze, très attirant. Les feuilles en formes d’aiguilles de la variété «Whisky» luisent dans un orange saturé et le feuillage de «Golden Scarlet» apporte des accents d’un jaune d’or. Avec suffisamment de lumière, ces variétés poussent partout magnifiquement, si on écarte la concurrence proliférante – quelle qu’en soit la variété. L’«Erica carneae», avec ses variétés, est parfaitement appropriée pour les jardins alpins, mais aussi en bac ou en pot au balcon. Avec leur multitude de variétés, les petits arbustes nous consolent lors des tristes journées grises, ainsi qu’on a pu dire sans exagérer «la bruyère des neiges nous apporte de la joie en hiver» [Jeu de mots dans un dicton allemand].

Les plus proches familles de la bruyère

La chanson allemande, souvent chantée plus fort que bien «Auf der Heide blüht ein Blümelein, und das heisst Erika», [Dans une lande, fleurit une petite fleur qui s’appelle Erika] n’est pas correcte d’un point de vue botanique. Ce qui fleurit dans une lande, c’est normalement «Calluna», la bruyère commune. On rencontre aussi l’Erica en forme de cloche au bord de la mer en Europe occidentale, mais rarement dans les espaces classiques des landes auxquels se réfère la chanson citée plus haut. Une des parentes les plus proches de la bruyère des neiges est l’Erica Tetralix qui forme dans différents pays européens, sur des sols de terreaux marécageux, un bijou magnifique.
Dans des régions très humides, elle pousse souvent dans de grands massifs, et contribue de façon importante, comme nourriture pour les abeilles à la bonne réputation du «miel de landes». Les poètes ont donné à l’«Erica tetralix» le nom de «landes» et elle ressemble à la «Calluna vulgaris» qui a des fleurs plus grandes en forme de cloche formant au bout du rameau de 40 centimètres une grappe. Comme variétés cultivées nous sont offertes deux variétés fleurissant de juin à septembre, blanches et roses, très belles dans nos jardins.    •

Source: Schweizerische Bienen-Zeitung 01/2013

Bibliographie:
Maurizio, A.; Schaper, F. (1994) Das Trachtpflanzenbuch. 4. Auflage. Ehrenwirth, München.
Hecker, U. (1985) Laubgehölze - Wildwachsende Bäume, Sträucher und Zwerggehölze. BLV-Verlags-gesellschaft, München.
Haenchen, H.; Saure, H. (1974) Blumen & Garten. Das praktische Pflanzen-ABC. 8 Bände,
Orbis Verlag, Hamburg.
Westrich, P. (1989) Die Wildbienen Baden-Württembergs, Band 1 und 2. Eugen Ulmer Verlag, Stuttgart.
(Traduction Horizons et débats)